Combien de temps dure une prothèse de genou ? Avis kiné + les études

Vous envisagez la pose d’une prothèse de genou totale ou unicompartimentale à cause de l’arthrose ? Ou vous en avez déjà une ?

Cet article traite d’une question fréquente de mes patient(e)s : combien de temps ça dure une prothèse de genou ? Et que faire pour prolonger sa durée de vie ?

♻️ Dernière mise à jour : février 2024.
👩‍⚖️ Déclaration de liens d’intérêts financiers : aucun en lien direct avec le sujet. Ma déclaration de liens d’intérêt complète est en mentions légales.
Rédigé par Nelly Darbois, kiné et rédatrice scientifique

Quelle est la durée de vie moyenne d’une prothèse unicompartimentale du genou ?

Pour savoir combien de temps dure une prothèse partielle du genou (= unicompartimentale, PUC de son petit nom), je ne me base pas que sur mon expérience de kiné.

Même si j’ai assuré des dizaines de rééducation pour des PUC, je ne vois pas assez ces personnes sur le long terme. Et surtout, il existe des études qui suivent des personnes opérées pendant plusieurs décennies.

Ce sont donc sur ces données provenant d’études cliniques que je m’appuie !

Voici les données les plus fiables et récentes que j’ai trouvé à ce sujet, et elles sont très rassurantes :

7 personnes sur 10 opérées d’une prothèse unicompartimentale du genou gardent plus de 25 ans leur prothèse.

Lancet 2019

Ces chiffres sont tirées du suivi de 742 personnes opérées d’une prothèse unicompartimentale du genou pour de l’arthrose de genou, dans 4 pays différents.

Quelle est la durée de vie moyenne d’une prothèse totale du genou ?

Là encore, pour vous renseigner sur la durée d’une prothèse totale de genou, je préfère m’appuyer sur les essais cliniques menés sur le sujet.

Ces chiffres proviennent d’ailleurs de la même publication de The Lancet , et ils sont encore plus rassurants !

8 personnes sur 10 opérées d’une prothèse totale de genou gardent plus de 25 ans leur prothèse.

Lancet 2019

Ces chiffres sont tirées du suivi de 6490 personnes opérées d’une prothèse totale du genou pour de l’arthrose de genou, dans 10 pays différents.

Il existe cependant d’autres motifs de reprise chirurgical d’une prothèse que la simple « usure » [Stone 2022]. Ces 3 principaux motifs sont :

• le descellement aseptique, le plus souvent dû à un mauvais positionnement de la prothèse,
• l’infection,
• et la douleur inexpliquée.

Quels sont les facteurs qui influencent la durée de vie d’une prothèse de genou ?

Il est difficile d’identifier clairement les facteurs qui influencent le risque d’être ré-opéré du genou alors qu’on nous a déjà posé une prothèse totale ou unicompartimentale.

Voici les facteurs pour lesquels nous avons le plus de preuves dans la littérature scientifique internationale. Je cite uniquement les facteurs modifiables, sur lesquels nous pouvons en partie agir au niveau individuel.

Plus vous vous faites opérer tard, moins vous êtes à risque d’une nouvelle opération

Cela paraît logique : les personnes qui se font poser une prothèse de genou à 90 ans sont beaucoup plus susceptibles de ne jamais être ré-opérées que celles qui en ont une à 45 ans.

Mais voici des données plus précises à ce sujet [Stone 2022].

• chez les personnes âgées de 46 à 50 ans au moment de la pose d’une prothèse totale de genou, un peu plus d’1/5 aura besoin au cours de sa vie d’être ré-opérée de ce genou,
• ce risque diminue de manière constante avec l’âge,
• chez les personnes âgés de 90 à 95 ans au moment de l’intervention, à peine plus d’1/100 aura besoin d’une nouvelle opération au cours de sa vie.

Même chose en cas de prothèse unicompartimentale du genou, comme le montre le graphique ci-dessous [Kennedy 2020] :

Le risque de reprise chirurgical augmente si vous êtes en obésité ?

Mettre l’obésité dans les facteurs de risque modifiables est délicat, car je sais qu’il existe beaucoup de personnes qui souhaitent perdre du poids, mettent des choses en oeuvre et n’y arrivent pas (voir : régime efficace pour perdre 10 kilos ?).

Néanmoins, je pense que c’est important de parler de ça ici, car certain(e)s chirurgien(ne)s refusent d’opérer des personnes tant qu’elles n’ont pas perdu un certain nombre de kilos.

Souvent par rapport au risque de complications pendant l’opération, à cause de l’anesthésie.

Mais est-ce que l’obésité augmente aussi le risque de reprise de prothèse de genou ? Les données sont contradictoires à ce sujet :

• 2 publications scientifiques trouvent que les personnes obèses au moment de la pose de la prothèse de genou ont plus de risque d’être de nouveau opérées que celles qui ne le sont pas ;
• 3 publications scientifiquent constatent que les personnes en obésité ne sont pas plus ré-opérées que les autres de leur genou.

Comment on se rend compte qu’une prothèse de genou est usée ?

Des personnes ont une prothèse de genou depuis plus de 25 ans sans ressentir de gène ou douleur particulière : tant mieux !

Même si vous avez votre prothèse de genou depuis très longtemps, si vous n’avez pas de gène ou douleur, vous n’avez pas lieu de vous inquiéter.

Mais les douleurs de genou restent relativement fréquentes après la pose d’une prothèse de genou : 1 personne sur 5 qui a été opéré d’une prothèse totale de genou pour de l’arthrose rapporte un résultat défavorable sur le plan de la douleur après l’opération.

Le fait d’avoir mal au genou n’est pas suffisant pour laisser penser que la prothèse est abimée. Surtout si la douleur survient dans les 10 premières années.

Il n’y a cependant pas de signes cliniques très caractéristiques qui permettent de laisser penser que votre prothèse est abimée. Seuls des examens complémentaires par imagerie pourront objectiver une usure de la prothèse, après un premier bilan avec un médecin pour voir si de tels examens sont vraiment nécessaires.

Que faire si on a l’impression que sa prothèse est trop abimée ?

Vous avez des douleurs et des gènes plus importantes depuis quelques semaines au niveau de votre genou porteur d’une prothèse depuis plusieurs années ?

Vous pouvez dans un premier temps en discuter avec au choix :

• votre médecin traitant ;
• votre kiné ;
• un(e) autre médecin qui remporte votre confiance : médecin du sport, rhumatologue, etc.

Votre professionnel(le) de santé vous posera des questions, vous examinera, et éventuellement vous renverra vers un autre professionnel(le)s (chirurgien(ne) orthopédiste) ou faire des examens complètémentaires (radiographie ou IRM).

Ou vous rassurera sur le côté peut-être bénin et transitoire de cette gène !

***

Voilà pour ce que je voulais vous dire à ce sujet ! Des questions, remarques ? Rendez-vous en commentaire !

…