Vous vous êtes fracturé un doigt, et on vous a donné le feu vert pour entamer votre rééducation ? Ou vous vous demandez ce qu’il faut faire pour récupérer la souplesse, la force et l’usage de son doigt enraidit après une fracture ou un autre problème ?
Je vous guide, en parallèle de l’aide personnalisée que pourra vous apporter votre kiné !
♻️ Dernière mise à jour : 19 mars 2024.
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Rédigé par Nelly Darbois, kiné et rédatrice scientifique
Sommaire
1 – Identifiez les consignes transmises par votre kiné, médecin ou chirurgien(ne)
Il existe différents types de fractures au doigt au niveau de leur localisation, de leur gravité, mais aussi du traitement qui a été décidé :
- conservateur : avec une immobilisation (ou non) par plâtre, attelle ou syndactylie, plus ou moins longue. C’est souvent le cas pour les fractures non déplacées des doigts ;
- chirurgical : vous avez été opéré, et vous pouvez derrière en plus avoir un traitement conservateur. C’est souvent le cas des fractures déplacées des doigts.
Vous avez normalement eu des consignes assez précises orales ou écrite sur la conduite à tenir une fois le diagnostic de fracture posé.
Voici les 3 scénarios les plus typiques après une fracture du pouce ou d’un autre doigt. À vous d’identifier dans quel scénario vous êtes 🙂!
Scénario 1 : la mobilisation du doigt complet vous est totalement interdite pendant quelques semaines.
Généralement jusqu’à un rendez-vous est une radio de contrôle.
Scénario 2 : la mobilisation d’une articulation du doigt vous est totalement interdite pendant quelques semaines.
Parfois, ce n’est pas l’ensemble du doigt, mais seulement une articulation qui est immobilisée de manière stricte : entre 2 phalanges ou l’articulation entre le métacarpe et la phalange proximale.
Dans ce cas, identifiez bien quelle articulation vous devez éviter de bouger.
Exemple :
- la première phalange avec le métacarpe : articulation métacarpophalangienne ;
- la première phalange avec la deuxième phalange ;
- ou l’articulation distale du doigt, tout au bout.
Cela veut dire que vous pourrez bouger normalement les autres articulations de la main et du doigt !
Scénario 3 : vous avez l’autorisation de mobiliser toutes vos articulations.
C’est parfois possible dès les premiers jours suivant la fracture.
Et parfois, c’est après une période d’immobilisation plus ou moins stricte, et une radio de contrôle montrant l’avancée de la consolidation.
🟢 Ou que vous en soyez concernant la consolidation de votre doigt blessé, vous pouvez mobiliser vos autres doigts et l’articulation du poignet. C’est même recommandé, pour éviter l’enraidissement et la perte de force par sous-utilisation.
🟠 Si vous avez également des tendons qui ont été rompus (fléchisseurs ou extenseurs des doigts ou du pouce, par exemple), vous avez aussi probablement des consignes spécifiques.
2 – Soyez rassuré(e) par le fait que la douleur n’est pas forcément le signe d’un problème
Lorsque vous commencez la mobilisation après une blessure, il est tout à fait normal de ressentir un certain niveau d’inconfort, voire de douleur.
Premièrement, votre doigt s’est adapté depuis un certain temps à ne plus être mobilisé. Pendant cette période, vos muscles, tendons et ligaments peuvent s’être affaiblis ou raidis en raison d’un manque d’utilisation.
Lorsque vous recommencez à le bouger, ces structures sont sollicitées pour soutenir votre corps, ce qui peut entraîner un inconfort.
Deuxièmement, la zone blessée elle-même est peut-être encore en train de guérir. Les os fracturés, les articulations blessées ou la zone opérée subissent diverses étapes de réparation.
Lorsque vous introduisez la mobilisation, cela peut exercer une pression sur ces tissus en voie de guérison, provoquant des sensations de douleur ou d’inconfort.
De plus, votre système nerveux joue un rôle dans la façon dont vous percevez la douleur et l’inconfort .
Il peut devenir plus sensible pendant le processus de récupération, amplifiant votre perception des sensations.
La clé d’une transition réussie réside dans la recherche du bon équilibre entre repousser ses limites et permettre une guérison adéquate. Être progressif, ne pas trop faire d’un coup !
Commencez par des mobilisations dans des petites amplitudes, en suivant les directives fournies par vos professionnels de la santé.
Au fur et à mesure que vous vous adaptez, vous pouvez augmenter progressivement l’amplitude mais aussi la fréquence de mobilisation (au fil des jours ou semaines).
3 – Identifiez les gênes les plus importantes que vous avez au doigt
Les exercices d’auto-rééducation que vous pouvez mettre en place vont dépendre des consignes que vous avez eu : avez-vous le « droit » de bouger le doigt ?
Mais aussi de l’état de votre doigt l’instant t, déterminé par exemple par un bilan avec votre kiné.
Vous pouvez à chaque fois comparer par rapport au même doigt du côté de votre main saine.
- Est-ce que telle ou telle articulation de votre doigt est enraidie en flexion ou en extension ? Bougez là de manière analytique, snas bouger les autres articulations.
- Est-ce que vous arrivez à écarter le doigt vers la droite et la gauche, ou ce mouvement est aussi enraidit ? Votre pouce bouge-t-il dans toutes les directions possibles, au maximum de son amplitude ?
- Est-ce que vous arrivez à plier et étendre en même temps l’ensemble des articulations du doigt fracturé ?
- Est-ce que vous avez l’impression de manquer de force, d’avoir du mal à plier ou tendre le doigt ?
- Est-ce que vous avez des difficultés à attraper des objets, à fermer une fermeture éclair, à faire vos lacets, à utiliser un clavier d’ordinateur, à coudre, à ouvrir un pot de confiture, à écrire… ou toute autre activité importante pour vous qui nécessitent l’utilisation de la main blessée ?
- Est-ce que vous avez l’impression que d’autres parties de vos mains ou de vos bras pourtant non fracturées se sont enraidies ou fonctionnent moins bien ? Un autre doigt ? Le pouce ? Le poignet ?
- Est-ce que c’est surtout la douleur qui vous gène ?
En répondant à ces questions, vous arriverez à mieux identifier les exercices prioritaires dans votre situation.
Quelques exemples.
👤 Vous avez surtout une articulation très enraidie, mais vous ne manquez pas de force ?
➡️ Dans ce cas, il faudra surtout mettre l’accent sur des exercices permettant de retrouver de la mobilité, de la souplesse dans cette articulation.
👤 Tous vos doigts sont raides, pas que celui fracturé ?
➡️ Vous devrez réaliser des exercices pour l’ensemble des doigts : un par un et tous ensemble.
👤 Vous n’avez pas de raideur ou de gros manque de force, mais vous avez des douleurs importantes sans rien faire ou en bougeant ?
➡️ Identifiez plutôt des stratégies de gestion de la douleur.
Tout est ok, vous avez l’impression que votre doigt fonctionne parfaitement ? Et bien tant mieux ! Veillez simplement à continuer à bien l’utiliser dans votre quotidien.
4 – Réfléchissez à une fréquence et une durée raisonnable d’exercices quotidiens
Si votre doigt s’est enraidi, ou si votre doigt est immobilisé partiellement pendant plusieurs semaines, une routine quotidienne d’exercices seul ou avec votre kiné semble indispensable pour bien récupérer.
Voici quelques éléments pour vous aider à identifier combien de temps et à quelle fréquence faire des exercices.
Durée : Commencez par des courtes sessions de quelques dizaines de secondes, tout exercice compris.
Il est normal de ressentir parfois un inconfort la nuit, ou une douleur qui ne cesse pas tout de suite après l’exercice. Cela peut être le signe que vous en avez fait un peu trop.
Le lendemain, réduisez légèrement votre niveau d’activité, puis augmentez-le progressivement au fil du temps si cela se produit.
Fréquence : Commencez par une session d’exercice par jour. Assurez-vous de laisser suffisamment vos articulations entre les séances.
Progression : à mesure que vous vous sentez plus à l’aise, augmentez progressivement la durée et la fréquence de vos exercices.
Vous pouvez essayer de trouver plusieurs créneaux dans la journée pour faire vos exercices, quelques dizaines de seconde à chaque fois.
Surveillez la réponse de votre corps et ajustez-vous en conséquence.
Essayez d’en faire une routine, ou d’utiliser les temps morts pour faire quelques exercices. Par exemple :
- le matin quand votre café coule ;
- quand vous faites la queue quelque part ;
- devant un film, etc.
5 – Piochez dans ces exercices ou demandez-en à votre kiné !
Je vous montre maintenant des exercices que vous pouvez faire avec du matériel qu’on a à la maison.
🚨 Tous ces exercices ne sont pas forcément pertinents : à vous d’identifier lesquels le sont dans votre cas, et de demander conseil à votre kiné si vous avez des doutes !
Par rapport aux éventuelles contre-indications que vous avez. Mais aussi par rapport aux difficultés et limitations que vous rencontrez !
Certaines attelles de la main sont aussi conçues sur mesure pour vous permettre la réalisation de certains exercices. Dans ce cas, votre kiné ou orthopédiste vous a normalement informé des exercices que vous pouvez réaliser !
➡️ Exercices pour récupérer l’extension et la flexion passive de l’articulation phalangienne distale d’un doigt, ici de l’index.
(Je ne suis pas photographe… d’où les photos à contre-jour 🤦♀️ !)


Consigne : positionnez le doigt de telle sorte que seule son extrémité se plie et déplie.
➡️ Exercices pour récupérer la flexion et l’extension globale et active des doigts.


Consigne : tendez ou fléchissez le plus loin possible l’ensemble des doigts, sans oublier le pouce (surtout si c’est lui a besoin de récupérer !).
➡️ Exercices plus fonctionnels pour retrouver force et dextérité dans la main.


Consigne pour l’exercicer avec la bouteille : mettez peu d’eau pour commencer (plus facile car moins de poids) puis augmentez jusqu’à le faire avec une bouteille d’1,5L !
Toutes les situations qui sollicitent l’ensemble de vos doigts sont bonnes à prendre : soyez imaginatif !
➡️ Exercices permettant de récupérer la flexion.


Consigne : positionnez vos doigts en flexion au niveau de l’articulation que vous souhaitez travailler. Puis penchez vous en avant doucement de manière à mettre le poids de votre corps en partie sur les doigts pour les aider à mieux plier, en fonction de la douleur.
🚨 Ces exercices mettent des contraintes importantes sur l’os. Ils peuvent être réalisés uniquement en cas de consolidation osseuse acquise.
➡️ Exercices de renforcement musculaire des muscles extenseurs des doigts.


Consigne : réalisez un contre-appui avec votre autre main (non blessée) comme si vous vouliez empêcher vos doigts de se tendre. La main blessée doit « forcer » contre vos doigts pour se tendre. Trouvez le bon dosage pour que le mouvement soit possible, ou réalisez la contraction en statique (en poussant contre vos doigts sans mouvement).
🚨 Ces exercices mettent des contraintes importantes sur l’os. Ils peuvent être réalisés uniquement en cas de consolidation osseuse acquise.
➡️ Exercices pour retrouver de la souplesse en adbuction des doigts et dans l’opposition du pouce.


Consigne : allez le plus loin possible sur le côté droit puis gauche pour les doigts, et vers la paume de la main pour le pouce.
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Voilà pour ce que je voulais vous dire à ce sujet ! Des questions, remarques ? Rendez-vous en commentaire !
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📚 SOURCES
Hays PL, Rozental TD. Rehabilitative strategies following hand fractures. Hand Clin. 2013 Nov;29(4):585-600. doi: 10.1016/j.hcl.2013.08.011. PMID: 24209956.

Rédigé par Nelly Darbois
J’ai exercé la profession de kinésithérapeute. J’ai créé Fonto Media en 2019 alors que j’étais encore kiné. Aujourd’hui, je continue à gérer Fonto Media tout en accompagnant les professionnels sur Wikipédia avec Wikiconsult.
