Bilan kiné : ce que j’en retiens après 11 ans de pratique

bilan kiné

Depuis mes études à l’école de kiné et mes premiers stages, ma façon de faire les bilans kiné a beaucoup évolué.

Dans cet article, je réponds aux questions les plus fréquentes que je me suis moi-même posée sur ce fameux bilan diagnostic kiné (BDK). Ainsi que sur les questions qui reviennent le plus souvent chez les étudiant(e)s kinés que je supervise ponctuellement, et chez mes collègues kinés libéraux et salariés.

Je m’appuie pour cela sur ma propre façon de faire. Ainsi que sur les textes réglementaires quand nécessaire (toutes les références en fin d’article).

Vous verrez que mon approche des bilans est disons assez… minimaliste !

♻️ Dernière mise à jour : août 2023.
👩‍⚖️ Déclaration de liens d’intérêts financiers : aucun en lien direct avec le sujet. Ma déclaration de liens d’intérêt complète est en mentions légales.

Rédigé par Nelly Darbois, kiné et rédactrice scientifique

Faut-il parler de bilan kiné ou de bilan diagnostic kiné ?

J’ai envie de dire… comme vous préférez !

D’un point de vue administratif et juridique, dans le code de la santé publique comme dans les ressources de l’assurance maladie, on parle plutôt de “bilan diagnostic kiné“.

Pour insister sur l’idée qu’on ne fait pas que lister des déficits, mais qu’on en fait une synthèse et une interprétation.

Voici ce que dit le Code de la santé publique depuis 1996 sur notre “obligation” à faire des bilans :

(le kiné) établit un bilan qui comprend le diagnostic kinésithérapique et les objectifs de soins, ainsi que le choix des actes et des techniques qui lui paraissent les plus appropriés.

Ce bilan est adressé au médecin prescripteur et, à l’issue de la dernière séance, complété par une fiche retraçant l’évolution du traitement kinésithérapique, également adressée au médecin prescripteur.

Le Code de la santé publique relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession de masseur-kinésithérapeute, Décret n°96-879 du 8 octobre 1996, article 2

Je reviendrai plus loin sur ces obligations.

En attendant, retenez que personne ne vous en voudra si vous parlez de “bilan kiné” plutôt que de “bilan diagnostic kiné” (BDK).

Comment faire un bilan kiné ? Ce que j’en pense

Comme souvent, il y a je trouve un énorme décallage entre :

  • ce que disent les textes réglementaires ;
  • la façon dont pratiquent les kinés et les médecins.

Les textes sont assez clairs : en libéral, dans le cadre des actes conventionnés, nous avons obligation d’envoyer un bilan au prescripteur au début du traitement et à la fin. Sauf si moins de 10 séances sont prévues : dans ce cas, une copie de la demande d’accord préalable peut suffire.

Je cotoie tous les jours beaucoup de kinés libéraux, et j’ai cotoyé beaucoup de kinés salariés lorsque je travaillais en hôpital, en centre de rééducation ou en centre d’éducation motrice.

Si la “culture du bilan” est assez forte en centre de rééducation, c’est moins le cas à l’hôpital et en libéral.

Voici comment j’en suis venue à pratiquer les bilans dans ces différentes situations.

  • À l’hôpital : je m’adaptais au service dans lequel je travaillais.
    En SSR, les médecins étaient plutôt demandeurs et demandeuses de “vrais” bilans. Je me pliais à l’exercice, avec un bilan initial, et quelques mini bilans intermédiaires, et un bilan de sortie.
    En réanimation, quelques transmissions suffisaient, d’autant plus que certains patient(e)s restaient seulement quelques jours.
    En orthopédie traumatologie, les chirurgien(ne)s et cadres souhaitaient qu’on mette quelques notes à chaque patient(e) vue, mais sans gros bilan.
  • En centre de rééducation : je m’adaptais également aux façons de pratiquer.
    En centre d’éducation motrice avec des enfants porteurs de polyhandicap, un seul bilan par an était demandé.
    En centre de rééducation polyvalent, les médecins attendaient des mini bilans chaque semaine pour les synthèses. Je faisais généralement des bilans beaucoup plus courts et synthétiques que mes collègues kinés et ergothérapeutes.
  • En libéral : je trouve que nous sommes beaucoup plus libre sur notre façon de faire. Et là encore, je m’adapte en fonction principalement des souhaits des patient(e)s (ou deleur proche). Qui sont les principaux intéressés ! Et non plus des prescripteurs, sauf situation problématique.
    Je vais plutôt adapter mes bilans en fonction des visites chez les spécialistes ou le médecin généraliste, plutôt que si c’est le début ou la fin de la prises en charge kiné.
    Je les remets en main propre imprimés aux patient(e)s ou je les envoie par mail via MonSisra (quand je n’ai pas perdu mes codes…).

Bref, je trouve bien cette souplesse dans la façon de réaliser les bilans.

L’idée n’est pas forcément de faire des bilans partout tout le temps, mais de réfléchir intelligemment : est-ce vraiment pertinent dans cette situation d’envoyer le bilan à ce stade au médecin ?

Exemple. Quand je prends en charge une personne après une prothèse de genou, je ne vois vraiment pas l’intérêt d’envoyer un bilan initial au chirurgien qui a réalisé l’ordonnance. Il vient juste de voir le patient !

En revanche, je trouve pertinent de faire un courrier avec un bilan pour le rendez-vous de contrôle, environ 1 mois et demi après l’opération. Pour le tenir au courant de l’évolution de la rééducation jusqu’à ce stade (surtout si la récupération est assez lente).

Et pourtant, on n’est pas censés faire ce bilan si la prise en charge n’est pas finie !

fiche de bilan diagnostic kiné (BDK) au format pdf proposée par l'Assurance maladie
Voici la fiche de BDK proposée par l’Assurance maladie. Rien ne vous oblige à utiliser cette fiche pour vos bilans, même en libéral ! (Heureusement d’ailleurs). Je vous donne plus loin dans l’article des exemples concrets de bilans que je fais. Je privilégie des bilans au format texte, avec listes puce, sans catégorie pré remplie. Je trouve cela plus parlant, surtout pour celui ou celle qui va rceevoir le bilan. Et ça oblige à aller à l’essentiel

Cotation bilan kiné : récapitulatif sur comment bien procéder

Pour le salariat, même si j’ai utilisé pendant des années le CSARR / PMSI, je ne me rappelle plus assez bien ma façon de coter les bilans et autres prises en charge pour vous donner des conseils précis. Je m’étais penchée sur le sujet à l’époque, je vous mets en ressource le document central pour guider dans la cotation kiné.

En libéral, voici les 2 cotations pour les bilans que j’utilise :

Type d’acte kinéCoefficient du bilan dans la NGAPTarif (euros)
Bilan neuro centrale10,823,22
Bilan pour toute pathologie non neurologique centrale10,723
Les 2 cotations de bilan kiné les plus utilisées

Je n’ai jamais été dans une situation où il était pertinent de facturer un autre type de bilan plus spécifique.

Quand facturer le bilan kiné ?

Je facture un bilan :

  • systématiquement lors de la première séance (même si une seule séance est réalisée, c’est permis par la NGAP) ;
  • en théorie, nous pouvons en facturer en plus :
    • en neuro centrale, un bilan à la 60 ème séance, puis toutes les 50 séances ;
    • pour toutes les autres situations, un bilan à la 30 ème séance, puis toutes les 20 séances.

Selon les logiciels de télétransmission que vous utilisez, ce dernier simplifie plus ou moins les choses pour vous rappeler de facturer les bilans.

Je n’ai pas beaucoup de patient(e)s que je vois pour autant de séances, je ne suis pas très concencieuse pour facturer les bilans de suivi.

Et j’effectue ces bilans concrètement pas par rapport à la date du dernier bilan, mais en fonction des besoins : consultation du médecin traitant ou spécialiste, appuyer une demande de SSR ou de prise en charge autre, demande de bilan régulier de l’EHPAD, etc.

Et parfois, je n’effectue pas (et ne facture pas) de bilan de suivi, parce que cela me semble inutile.

Mon bilan type kiné pour les pathologies où on se questionne le plus

J’ai recherché les bilans kiné pour lesquels les kinés se posaient le plus de question sur comment les réaliser.

Pour cela, j’ai simplement regardé quels mots clés tapés sur Google étaient le plus associés à l’expression “bilan kiné”.

Pour chacun, je mets quelques notes sur ma manière de procéder en général. Il y a bien sûr des fois où je fais des bilans beaucoup plus précis (à la demande d’une famille, d’un CAMSP, d’un médecin, pour une consultation spécialisée, une admission en SSR…). Et des fois, des bilans encore plus succincts.

Comment je procède étape par étape

Je commence toujours par un “interrogatoire”, ou plutôt un échange sympathique avec quelques questions ouvertes au patient (où à ses proches), du type :

  • Qu’est-ce que je peux faire pour vous (et je recentre au besoin) ?
  • Qu’est-ce qui vous gêne le plus en ce moment ?
  • Quelle est la chose que vous aimeriez le plus récupérer ?

Je demande ensuite à voir si possible l’ordonnance du médecin, les comptes-rendus d’examen et de consultation. Je regarde rapidement et prends en photos pour pouvoir les regarder plus tard au besoin.

Je pose alors des questions plus précises en fonction de la pathologie et de la plainte principalement.

Et en dernier lieu, je procède à un bilan plus analytique, manuel si besoin.

Je réalise des bilans “pour moi”, en général des notes très minimalistes dans mon agenda papier (non systématiques).

Je réalise des bilans plus spécifiques en fonction des situations plus que des pathologies ou problèmes rencontrés. Généralement sous la forme d’une page sous LibreOffice au format A4, en essayant d’être la plus synthétique possible.

Pourquoi j’utilise peu d’outils, tests et questionnaires validés

J’utilise depuis plusieurs années peu d’outils, questionnaires et tests validés.

Si je les trouve pertinents peut-être dans le cadre de la recherche clinique, je vois rarement leur intérêt dans la pratique quotidienne en tant que clinicienne.

Positionnement qui en fera sans doute bondir certain(e)s, et que je n’ai pas toujours eu. J’ai beaucoup fait bougé mon curseur à ce sujet.

Mes bilans type kiné selon les pathologies et problèmes rencontrés

Voilà donc ce fameux descriptif de mes “bilans type”.

Ces “bilans types” n’incluent pas les temps :

  • d’analyse du dossier des patient(e)s (examens, courriers) ;
  • d’échange verbal plus centré sur les problématiques rencontrées, déconnecté de la pathologie ;
  • de répérage d’éventuels symptômes qui pourraient indiquer une autre pathologie que celle pour laquelle la personne consulte (diagnostic différentiel), qui pourraient nécessiter de la rediriger vers un(e) autre professionnel(le).
Type de bilanDescriptif
Bilan musculaire kinéJ’en fais très rarement. Je préfère regarder la capacité à faire des taches fonctionnelles. Je fais des testings très rapides simplement pour repérer un gros déficité musculaire, mais je ne quantifie pas de manière plus précise que ça.

Sauf en cas de pathologie neurologique aiguë périphérique ou centrale (ce que je vois peu en kiné libéral, à part les paralysies faciales périphériques).

Lorsque je travaillais en centre de rééducation à orientation neuro je faisais plus de bilan musculaires analytiques mais sans grande conviction sur leur intérêt (quelque soit les résultats et l’évolution, nous ne changions pas de manière significative nos prises en charge rééducatives…)
Bilan neurologique kiné : bilan kiné Parkison, bilan kiné AVC /hémiplégie, bilan kiné myopathie, bilan kiné sclérose en plaque (SEP), bilan kiné syndrome cérébelleux, bilan kiné IMC, bilan kiné paraplégieMon bilan est surtout fonctionnel. Je pars toujours des limitations du quotidien que me décrivent les personnes. Et j’essaie de repérer ce qui cause cela : en général, cela ne nécessite pas un bilan analytique, mais surtout un bilan plus fonctionnel.

Il est très rare que je quantifie la spasticité ou la force musculaire en analytique.

Chez les bébés et jeunes enfants, j’évalue bien sûr où ils en sont dans leur développement moteur (NEM, niveau d’évolution moteur).

Même si je les connais et les ai beaucoup utilisé lorsque j’étais stagiaire kiné puis jeune kiné, je n’utilise plus les tests neuro. Ceux que j’ai le plus utilisé : UPDRS (Parkinson), PASS (AVC), ASIA (blessés médullaires), Ashworth modifiée (spasticité).
Bilan fonctionnel kinésithérapie : bilan de la marche kiné, bilan équilibre kinéC’est clairement le type de bilan que je fais le plus. Sur tous mes patient(e)s sans exception ou presque. En général je pose des questions, puis je fais tester certaines choses en fonction des réponses à l’interrogatoire et de ce que j’ai observé depuis mon arrivée chez le patient.

Je n’ai pas de bilan fonctionnel type. Je l’oriente en fonction des principales gênes décrites par le patient, de son environnement, de sa pathologie et de ce que j’observe au fur et à mesure du temps passé.

Quelques éléments qui reviennent souvent : capacité à se relever d’une assise plus ou moins basse, rentrer dans une voiture, attraper des choses en hauteur, se déplacer chez soi/dehors, prendre les escaliers, adaptation du lieu de vie, soutien / relations sociales
Bilan épaule kinéSelon le stade où en est le patient, je vérifie les amplitudes en passif et en actif de l’élévation dans le plan de la scapula, de l’abduction, de l’extension, des rotations internes (main-dos) et externes (coude au corps). Je quantifie en actif l’élévation de l’épaule à l’oeil et la rotation interne (photo).

J’effectue un bilan fonctionnel, musculaire et articulaire plus gobal.
Bilan genou kiné : bilan kiné prothèse de genou, bilan kinésithérapie gonarthroseJe vérifie (à l’oeil, plus rarement avec photo + appli qui fait office de goniomètre) les amplitudes en flexion et extension active et passive du genou, dans différentes positions de la hanche (assis, allongé sur le dos, allongé sur le ventre).

Je note les amplitudes assis en passif comme référentiel et critère pour évaluer la progression.

Je vérifie la mobilité de la rotule mais je ne quantifie pas. Idem pour la cicatrice, que je prends éventuellement en photo.

Je mesure parfois l’oedème (au niveau de la rotule et 15 cm au-dessus), mais pas systématiquement (cela dépend surtout de l’appréhension et les demandes des patient(e)s).

J’effectue un bilan fonctionnel, musculaire et articulaire plus gobal. J’observe le lieu de vie, demande s’il y a un soutien d’autres personnes.
Bilan morphostatique kiné, bilan postural kinéJe vais être très franche : je ne vois pas l’intérêt de ce type de bilan dans l’immense majorité des cas. Je me rappelle encore des cours à l’école de kiné où on utilisait un fil à plomb pour quantifier les déformations vertébrales !?

Les rares fois où j’ai fait un pseudo bilan morphostatique, c’était dans des cas d’hypercyphose thoracique chez des personnes porteuse de syndrome parkinsonsien (ou sans étiologie connue), dont la demande était surtout de “traiter” la cyphose. Mon but était surtout de trouver un moyen pour que ces patient(e)s puissent autoquantifier leur cyphose, si elles étaient dans cette demande. En général, je faisais cela : debout contre un mur avec photo de profil, ou allongé sur le dos sur un tapis de gym et photo.
Bilan kiné personne âgée, bilan kiné gériatrieÉtant kiné exclusivement à domicile depuis 4 ans, je fais beaucoup de bilans chez des personnes âgées, après une chute ou une opération (même si la kiné à domicile ne se réduit pas à la gériatrie !). Je pense que j’y consacrerai d’ailleurs un article dédié bientôt car je prends beaucoup de plaisir à réfléchir à cela et à l’optimiser.

Mon bilan est principalement fonctionnel : qu’est-ce que la personne arrive et n’arrive pas à faire, antécédents de chute, périmètre de marche, équilibre statique (unipodal > 10 secondes ou non), réactions posturales et parachutes, capacité à se relever du sol avec ou sans appui des mains sur le canapé, nombre d’assis-debout sans accoudoir avec dyspnée limitée, sources de chutes ou dangers à la maison (gaz, tapis, marches, baignoire, présence et soutien de l’entourage, etc.).
De temps un temps un Timed Up and Go (TUG). Rapide bilan articulaire. Je pratiquais le MMSE (Mental State Examination) en SSR gériatrique mais je n’en vois plus l’utilité maintenant, où les troubles cognitifs s’identifient rapidement en passant du temps avec la personne.
Bilan kiné respiratoireMes patient(e)s que je vois pour de la “kiné respi” sont toujours étonnés que je ne leur saute pas dessus en posant mes mains ou un stétho sur leur thorax. En général, je commence toujours aussi par un bilan fonctionnel !

Puisque très souvent, le mouvement, l’activité physique est la meilleure des kinés respi.

Chez les bébés avec bronchiolite, le bilan est bien sûr un peu plus spécifique, j’en parle dans l’article que j’ai dédié au sujet.

Mais globalement, mon bilan de kiné respiratoire s’apparente beaucoup à un bilan plus fonctionnel. Chez les patient(e)s les plus fatigués, je vérifie bien sûr la saturation au repos et à l’effort (et les signes cliniques de désaturation), mais surtout, je leur fait prendre conscience de leur dyspnée, et j’essaie de déterminer avec eux quel seuil de dyspnée est tolérable.
Bilan scoliose kinéJe ne quantifie pas la scoliose (ça ferait double-emploi avec le suivi chir/médical), je prends éventuellement en photo.

Bilan fonctionnel, articulaire et musculaire général.
Chez l’enfant porteur de polyhandicap, identification des positions et installations adoptées dansla journée.
Chez l’ado ou l’adulte, insistante sur la quantité et le type d’activité physique pratiquée.
Bilan cheville kiné, bilan kiné entorse de chevilleTrès souvent, les patient(e)s sont très inquiètes par leur oedème. Je le prends parfois en photo, mais je le quantifie rarement, en leur expliquant pourquoi le gonflement de la cheville n’est pas un signe de gravité.

Mon bilan est fonctionnel avant tout. Je vérifie rarement les amplitudes et la motricité active de la cheville les premières semaines, car l’oedème les limite et les rend douloureuses.

Dans les suites d’une “grosse” fracture de cheville, je prends en photo et mesure avec une appli gratuite, Angulus (j’en parle dans mon article sur tousles logiciels et applis kiné), la flexion dorsale et plantaire. En charge et en décharge.

Je ne quantifie pas les capacités proprioceptives de la cheville, je me contente de l’observation.
Bilan périnéal kinéJe ne prends en charge que la rééducation abdominale/périnéale des femmes en post-partum (si elles adhèrent à mon type de prise en charge). Je n’utilise pas de sonde ou logiciel de biofeedback (et renvoie volontiers vers des collègues équipés selon les attentes de mes patient(e)s).
Bilan de la douleur kinéC’est un bilan sans doute très important car c’est souvent la plainte principale de nos patient(e)s en kiné. Je réalise un bilan très “fonctionnel” de la douleur : identifier quand elle survient, ce qu’elle engendre comme gène dans le quotidien (activités, difficultés), les facteurs déclenchants potentiels.

J’utilise rarement l’EVA, mais plutôt une échelle numérique simple (ENS : demander aux gens de se situer entre 0 et 10). Mon collègue Albin Guillaud a écrit pour mon site un super article sur l’évaluation et la gestion de la douleur chronique.

Pour les personnes qui ne sont pas en mesure de s’exprimer par des mots, observation des mimiques et du corps, questionnement à l’entourage qui les connait mieux que moi. (Je connais mais n’utile pas l’échelle Algoplus.)
Bilan lombalgie kiné, bilan dos kiné, bilan kiné rachis lombaireOn est très proche d’un bilan de la douleur. Je n’évalue pas la force des érecteurs du rachis. J’axe comme à mon habitude sur le fonctionnel +++ : qu’est-ce que la douleur au dos empêche de faire et pourquoi précisément, depuis quand durent les douleurs au dos.
Bilan moteur kinéJe mets derrière ce terme plutôt d’autres bilans déjà évoqués : bilan de la motricité active (dans le bilan articulaire ou musculaire) ou bilan fonctionnel.
Bilan orthopédique kiné, articulaireComme je l’ai déjà pas mal écrit dans cet article, j’effectue peu de mesures au goniomètre (uniquement pour la flexion de genou ; et encore, je préfère une photo et l’utilisation de l’appli Angulus, mais ça reste rare aussi). Et encore moins à l’inclinomètre, que j’ai utilisé uniquement en stage ou à l’école de kiné.

Il est rare aussi que j’évalue les amplitudes de manière très analytique, en isolant. Je ne pense pas que je ne le fais pas par flemme, mais vraiment parce que quelque soit les résultats, cela ne changera rien à ma prise en charge derrière.
Bilan déglutition kinéJe ne prends pas en charge de personnes qui font appel à mes services spécifiquement pour ce problème, mais j’ai régulièrement des personnes avec des maladies neurodégénératives ou neurologiques qui ont des troubles de la déglutition.

Mon bilan est là encore “fonctionnel” : j’observe comment la personne boit, alimente, avale sa salive, et s’il y a des pistes d’amélioration possible (posture, position, matériel utilisé, heure des prises alimentaires).
Bilan de la sensibilité kiné, bilan sensitif kinéLes troubles sensitifs surviennent chez mes patient(e)s en parralèle d’autres troubles (motricité, fonctionnels ou douleur). Je fais des tests de la sensibilité superficielle et profondes grossiers, qui provoqueraient sans doute les foudres d’un(e) enseignant(e) en IFMK qui m’évaluerait 😉 : sensibilité au toucher yeux fermés (pas de pic touche) et position du pied ou de la main dans l’espace yeux fermés (très rarement).
Bilan trophique kinéPhoto en vue du suivi. Si les personnes m’interpellent spécifiquement car elles sont inquiètes sur leur plaie/cicatrice ou autre, je passe un peu plus de temps à observer, toucher, en commentant (de manière à rassurer)
Bilan kiné fibromyalgieJe commence toujours pas un bilan très fonctionnel dans un premier temps (volontairement pour ne pas me centrer sur la douleur). Je réalise ensuite un “bon” bilan de la douleur, pour identifier toutes les situations qui augmentent ou soulagent les douleurs, actuellement et ces derniers mois. Je regarde rapidement les amplitudes globales (cou, épaules, hanches, genoux).
Bilan kiné pédiatrique, neuropédiatriqueJ’ai écrit des articles détaillés sur mon site sur la kinésithérapie en pédiatrie. Difficile de détailler les bilans type tant ils différent selon le type de problème rencontré en pédiatrie, et les éventuelles pathologies associées.

Un point peut-être : pour tout ce qui est moteur, je demande aux parents si ce que je constate en séance est représentatif selon eux de ce qui se passe à la maison.
Bilan kiné prothèse de hancheVous pouvez aller voir mes articles sur la prothèse de hanche.
Je ne quantifie pas au gonomètre les amplitudes de la hanche. Je les vérifie dans les premiers jours qui suivent l’opération en passif et actif (selon douleurs), et ensuite en actif uniquement (sauf problème particulier détecté).
Rapide bilan musculaire et sensitif pour vérifier qu’il n’y ait pas de perte motrice ou sensitive importante. Bilan fonctionnel ++ (j’inclue dedans l’adaptation du logement, le soutien et la présence des proches).
Bilan kiné amputéJ’ai eu l’occasion de travailler pendant 3 ans dans un SSR assez spécialisé dans la prise en charge des personnes amputées, et ce sont des prises en charge que j’apprécie beaucoup. Je pense que j’en ferai un article dédié pour mon site !

Mais globalement, au risque de me répéter : bilan fonctionnel ++. Et avec une attention particulière à la douleur, mais sans faire le focus non plus trop dessus.
Bilan kiné cervicalgieComme souvent, je débute toujours en cherchant à identifier les impacts fonctionnels de la douleur au cou : quand ça gène le plus ? Qu’est-ce que ça empêche de faire ?

Bilan de la douleur (depuis quand durent les douleurs au cou), bilan musculaire et articulaire général sans focaliser plus sur le cou qu’ailleurs. Pas de quantification des amplitudes du cou ou de la force des muscles du cou.
Bilan kiné vestibulaireJ’ai écrit un article détaillé sur le bilan et la prise en charge du vertige positionnel paroxystique bénin. C’est la seule pathologie vestibulaire que je prends en charge (pas assez (in)formée sur le reste)
Bilan de la main kinéSi je prends souvent en charge des personnes pour une rééducation dans les suites d’une fracture du poignet, je ne prends jamais en charge de personnes blessées spécifiquement à la main (hormis canal carpien). Ce ne sont pas des patient(e)s qui ont besoin de kiné à domicile le plus souvent 🙂
Mes bilans kiné type !

Exemple de bilan kiné gratuit et éditable à télécharger

Vous trouverez pas mal de bilans kiné type en fouinant sur internet. Peut-être que votre logiciel en intègre même.

Je n’ai jamais été satisfaite par l’utilisation de fiches de bilan toute faite, ou par des logiciels et applis. Je trouve qu’ils sont trop analytiques et qu’ils ne permettent pas d’aller à l’essentiel.

Cela prend du temps à réaliser sans pour autant que ça donne des pistes concrètes de choses à mettre en place, ou une indication claire pour la personne autre que nous à qui on destine le bilan.

D’autres proposent de présenter les bilans sous la forme de fiche BDK. Voici un modèle de bilan kiné proposé par une Union régionale de masseurs-kinésithérapeutes :

exemple de bilan diagnostic kiné type par l'urps
Un exemple de fiche kiné proposé par l’URPS MK Pays de la loire. Je ne trouve pas qu’il y a un intérêt à tracer autant de choses : on s’y perd avec toutes ces infos. Je comprends qu’on puisse avoir besoin de ces infos dans la discussion et l’examen, mais je ne vois pas l’intérêt de tout tracer. Les objectifs font aussi très théoriques je trouve : c’est bien je pense pour former des étudiant(e)s kiné, mais pas pour la pratique quotidienne.

Vous pouvez aussi trouver un modèle de bilan diagnostic kiné sur le site de l’HAS.

Voici un exemple de bilan kiné tel que je le pratique. Je préfère la forme narrative, que je trouve plus agréable pour celles et ceux qui reçoivent le bilan :

Mon bilan type pour une prothèse de genou. Je reprends à chaque fois sous format écrit. Une constante : finir par quelque chosecomme Conduite à tenir maintenant

Voici maintenant le contenu d’un bilan kiné type en gériatrie, pour une personne porteuse de la maladie de Parkinson et d’une BPCO. Je la voyais lorsqu’elle était encore à son domicile, puis j’ai continué à la voir lorsqu’elle est entrée en EHPAD.

Je vois à son domicile M. X à raison de 2 à 3 séances par semaine depuis 1 an. La prise en charge consiste principalement en :

– le maintien de l’autonomie actuelle, malgré sa maladie de Parkinson ;

– la prévention d’une décompensation de sa BPCO en encourageant la mobilité et les levés quotidien.

Les séances consistent donc principalement au travail des transferts, de la marche, de l’équilibre et des escaliers, sous guidage verbal ou sous simple supervision.

A l’heure actuelle, M. peut toujours :

– se relever seul d’un fauteuil avec accoudoirs ;

– marcher sur 10 mètres avec une rampe, ou sur 20 à 100 mètres selon sa forme avec une canne béquille et une tierce personne en supervision ;

– monter et descendre 10 marches avec une rampe et une tierce personne en supervision ;

– se coucher et se lever sans l’aide d’une tierce personne de son lit médicalisé.

Il n’a présenté aucun épisode de décompensation de sa BPCO depuis sa dernière hospitalisation en janvier 2020. Il est toujours volontaire pour les séances de kiné, qui sont relativement courtes du fait de sa fatigabilité.

Le risque de chute reste très élevé et les chutes restent fréquentes (entre 5 et 10 en 2020), le plus souvent en sortant du lit. Les capacités motrices et les troubles cognitifs sont très fluctuants selon les jours.

Conduite à tenir selon moi : je pense qu’il est important que M. puisse continuer à être vu en kinésithérapie dans le but de maintenir son autonomie actuelle. En effet, durant le premier confinement, j’ai arrêté 2 semaines les séances, mais M. a très rapidement perdu sa capacité à se relever d’un d’un fauteuil et à se déplacer ; j’ai donc repris rapidement les séances.

Modèle bilan kiné PDF

Si vous le souhaitez, vous pouvez télécharger mon exemple de bilan type, dans un format directement éditable sous LibreOffice ou Word :

Liste des logiciels et applis de bilan kiné

Vous trouverez aussi de nombreux outils gratuits ou payants pour pratiquer les bilans.

J’ai eu l’occasion d’en utiliser beaucoup, et personnellement, je n’y trouve pas d’utilité dans ma pratique. Je ne passe pas de temps auprès des patient(e)s à rédiger quoi que ce soit (je préfère me focaliser sur eux et elles que sur mon écran ou ma feuille de papier !).

Je privilégie donc la rédaction sous traitement de texte une fois de temps en temps, chez moi.

Bien sûr je suis consciente que cette manière de pratiquer ne convient pas à tout le monde ! Voici donc la liste la plus exhaustive possible des applis et logiciels de bilan kiné.

La liste des logiciels et applications de bilan kiné :

  • Kiné App : fonctionnalités gratuites limitées, sinon à partir de 20 €/mois/personne
  • BDKApp (Vega) : gratuit
  • Kobus App (Maiia, Kine4000) : à partir de 20 €/mois
  • bilankiné.fr : s’utilise pas forcément sur smartphone mais simplement via n’importe quel navigateur. De 23 à 27 €/mois
  • physiotestexpert (Mac uniquement) : gratuit
  • MaKinéBilan : logiciel pour éditer des bilans kinés. Payant, mais peu d’infos sur le site
  • FlashBilan (Kinémax)
logiciel bilan kine

La plupart des logiciels de télétransmission pour kinés intégrent aussi des outils de bilan plus ou moins développés.

J’ai eu l’occasion d’utiliser Kobus et BDKApp : aucun ne m’a convaincu par rapport à ma façon de travailler. Je trouve qu’ils me font plus perdre du temps qu’en gagner !

Pourtant, je reconnais qu’ils sont très bien faits, intuitifs, agréables à utiliser. Mais dans une optique de gain de temps et d’aller à l’essentiel, cela ne me satisfait pas.

Je n’en ai pas essayé d’autres car leurs descriptifs me conduisent à penser que ça serait la même chose, et ma façon de faire actuelle me convient très bien.

***

Vous avez des remarques, une opinion contradictoire, des questions ? L’espace commentaire est prévu à cet effet !

Sujets qui reviennent toujours dans les discussions entre kinés, j’ai crée notamment deux guides :

Ces articles pourraient également vous intéresser :

📚 SOURCES

Une très bonne liste des test, échelles et questionnaires les plus utilisés en médecine physique et réadaptation, et par les kinés, sur le site du Cofemer. Si réaliser ces tests m’a sans doute aidé à mes débuts de kiné, c’est vraiment rare que je trouve encore un intérêt à les réaliser aujourd’hui, en libéral comme à l’hôpital ou en centre de rééducation.

Le BDK selon l’Assurance maladie. Et sa facturation aussi sur ameli.fr

Article et décret du code de la Santé publique qui acte l’obligation de faire des bilans quand on est kiné, sur legifrance.

L’URPS des pays de la loire propose un livret d’aide pour la réalisation des bilans en libéral. Gros travail de réalisé ; un peu trop théorique/déconnecté de la réalité de la pratique pour moi cependant. C’est ici.

Le CSARR / PMSI : le catalogue des cotations en salariat : ici

photo de nelly darbois, kinésithérapeute et rédactrice scientifique sur la santé et communication

Rédigé par Nelly Darbois

J’aime écrire des articles qui répondent à vos questions. En me basant sur mon expérience de kiné (diplômée en 2012) & rédactrice scientifique, et sur des recherches approfondies dans la littérature scientifique internationale.

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Publié par Nelly Darbois

J’aime écrire des articles qui répondent à vos questions. En me basant sur mon expérience de kiné (diplômée en 2012) & rédactrice scientifique (diplômée en 2017), et sur des recherches approfondies dans la littérature scientifique internationale. J’habite en Savoie 🌞❄️, où j’ai crée Fonto Media, un média en ligne de ressources sur la santé et la communication.

2 commentaires sur « Bilan kiné : ce que j’en retiens après 11 ans de pratique »

  1. Bonjour, Merci pour cet article qui va à l’encontre de ce qu’on lit souvent sur ce sujet sur internet écrit par:
    – des applis de bilans kiné qui ont intérêt à vendre le concept de bilan élaboré
    – des organismes de formation pour kiné, ou des formateurs, qui ont intérêt à vendre le concept de bilan / triage élaboré.
    Votre approche est plus pragmatique et réaliste. Elle ne va pas plaire à tout le monde!!

    1. Bonjour Pierre,
      L’idée était effectivement de faire qqc de très pragmatique, avec ma casquette de kiné généraliste. Je suis bien consciente que cela ne va pas forcément plaire à tout le monde 🙂 L’espace commentaire sera toujours là pour argumenter sur la pertinence ou non de ce type d’approche.
      Bon week-end !

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