La spasticité est un symptôme relativement fréquent chez les enfants atteints de paralysie cérébrale (anciennement appelée infirmité motrice cérébrale), souvent en lien avec une naissance prématurée. Elle peut être parfois douloureuse, générer des postures et enraidissements entravant la mobilité et gêner l’acquisition des capacités motrices, notamment la marche.
👉 Voici les réponses aux principales questions que se posent les parents et les professionnels accompagnant des bébés et enfants atteints de spasticité, notamment sur l’intérêt des étirements. En effet, en France, une grande partie de la prise en charge kiné est axée sur la réalisation d’étirements.
Pour répondre à ces questions, je me suis appuyée sur mon expérience de kinésithérapeute auprès de bébés, enfants et adolescent-es porteurs de paralysie cérébrale mais aussi sur la recherche et la lecture des études et publications scientifiques les plus récentes dans la littérature internationale.
Dernière mise à jour : janvier 2023.
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Sommaire
- Qu’est-ce que la spasticité et pourquoi la traiter ?
- La spasticité peut-elle diminuer ou disparaître ?
- Y a-t-il un traitement naturel de la spasticité ?
- Spasticité : quel traitement en rééducation privilégier ?
- Quel traitement kiné proposer alors contre la paralysie cérébrale spastique ?
Qu’est-ce que la spasticité et pourquoi la traiter ?
La spasticité est le trouble le plus souvent diagnostiqué chez les personnes atteintes de paralysie cérébrale. Elle touche souvent l’ensemble du corps (tronc, tête, membres supérieurs, membres inférieurs), mais en général plus :
- les membres inférieurs chez les enfants atteintes de paralysie cérébrale touchant les 2 côtés du corps ;
- le membre supérieur chez les enfants ayant une forme touchant un seul côté du corps.
Elle touche plus précisément les muscles, les tendons et les ligaments. Des muscles, tendons ou ligaments spastiques sont plus contractés ou toniques, particulièrement lorsqu’ils sont étirés.
Pourquoi cherche-t-on à limiter ou diminuer la spasticité ? Parce que si elle prend trop d’ampleur, les muscles, ligaments et tendons qu’elle touche peuvent se contracter de manière durable. On parle alors de contraction permanente. Ils peuvent aussi devenir hypoextensible : on ne peut plus correctement les étirer et donc bouger les articulations sur lesquels ils s’insèrent. Cela est source de douleur, mais aussi de gène fonctionnelle : le corps se mobilise moins bien, ce qui rend difficile les gestes du quotidien (s’habiller même avec l’aide de quelqu’un d’autre, faire sa toilette, se déplacer, etc.).
Par exemple, une contracture des muscles gastrocnémiens et soléaires (mollet) met le pied en équin (pointe vers le bas), ce qui complique la marche et même simplement le chaussage.
La spasticité peut-elle diminuer ou disparaître ?
La paralysie cérébrale est dans l’immense majorité des cas causée par des lésions cérébrales qui ont eu lieu à la naissance. Ce sont des lésions permanentes : elles ne s’aggravent pas, et ne s’améliorent pas non plus avec le temps.
La paralysie cérébrale est donc un trouble permanent, non progressif. La maladie ne s’améliore pas avec le temps, mais ne s’aggrave pas non plus. La gravité des symptômes elle peut être améliorée et gérée par un ensemble de traitement.
Mais qu’en est-il plus précisément de la spasticité ?
Des chercheurs et chercheuses ont suivi l’évolution de la spasticité chez plus de 4 000 enfants porteurs de paralysie cérébrale, entre leur naissance et leur 15 ans (Lindén 2019). Voici les résultats de l’équipe de recherche :
- de 0 à 5 ans, la spasticité augmente chez la plupart des enfants ;
- elle diminue ensuite pour 65 % des enfants ;
- les enfants qui ont des paralysie cérébrales plus graves ont une spasticité qui augmente plus durant les 5 premières années de vie, mais qui diminue également plus ensuite.
La spasticité ne disparaît en règle générale jamais totalement. Mais elle peut être diminuée et contrôlé par des traitements.
👉 Sans qu’on fasse rien de particulier, la spasticité d’un enfant porteur de paralysie cérébrale augmente entre 0 et 5 ans puis diminue au moins de 5 à 15 ans.
Y a-t-il un traitement naturel de la spasticité ?
Il faut déjà que l’on s’entende sur ce qu’on met derrière “naturel”. En général, les personnes considèrent souvent un traitement naturel s’il n’est pas à base de médicament. Si on accepte cette définition de naturel, on va voir ensuite qu’il existe beaucoup de traitements non médicamenteux de la spasticité, délivrés généralement par les kinésithérapeutes et ergothérapeutes.
Parfois, on entend aussi par “traitement naturel” tout ce qui est de type “thérapie alternative et complémentaire” : acupuncture, magnétiseur, compléments ou régimes alimentaires, homéopathie, phytothérapie, huiles essentielles, ostéopathie, médecine ayurvédique, CBD etc.
Enfin, on considère des fois qu’un traitement est naturel s’il n’a aucun effet secondaire. Malheureusement, il n’y a pas vraiment de traitement qui corresponde à cette définition, pour la paralysie cérébrale comme pour toute maladie. Il y a toujours des bénéfices et des risques possibles, même minimes.
Nous allons passer en revue tous les traitements dits “naturels” ou non dont l’efficacité a été évaluée contre la spasticité chez l’enfant atteint de paralysie cérébrale. Vous pouvez peut-être également tomber sur internet sur des témoignages de parents ayant testé d’autres traitements que ceux évalués.
Le problème, c’est qu’il n’est pas possible dans ce cas de recueillir les témoignages complets d’un nombre important d’enfants ayant testé tel ou tel traitement naturel. Ce qui a marché pour quelques-uns (ou dont on a l’impression qu’il a marché) n’est peut-être pas valable pour d’autres. Seules des études bien menées permettent de se faire un avis objectif sur les bénéfices et les risques à attendre de chaque traitement, naturel ou non.
👉 Tous les traitements, qu’ils soient “naturels” ou non, peuvent avoir des effets secondaires. Des études doivent être réalisées pour évaluer les bénéfices et les riques à attendre.
Spasticité : quel traitement privilégier ?
Je vais passer en revue les traitements les plus souvent mis en place en France contre la spasticité en cas de paralysie cérébrale. Je m’attarderai plus sur les traitements non médicamenteux ni chirurgicaux, car ce sont ceux que je connais le mieux en tant que kinésithérapeute.
J’évoquerai également tous les traitements dont l’efficacité a été évalué par des études cliniques publiées dans la littérature scientifique internationale. Peu importe qu’ils soient considérés comme “naturels” ou non, vous vous ferez votre propre avis sur la question. Ce qui compte le plus pour moi, c’est de vous dire quels sont les bénéfices espérés, mais également les risques éventuels.
Les étirements : souvent massivement pratiqués mais pourtant pas si utiles
Que ce soit en institution (centre d’éducation motrice (CEM), institut médico-éducatif (IME), centre d’accueil médico-social précoce (CAMSP)), en cabinet libéral ou à domicile, les étirements sont massivement pratiqués chez les bébés, enfants, adolescents puis adultes porteurs de paralysie cérébrale, en France. Plus l’enfant grandit, et plus son temps de séance de kinésithérapie est composé principalement voire uniquement d’étirements. C’est en tout cas le constat que j’ai fait sur le terrain.
Dans les études, les kinés canadiens reportaient consacrer respectivement 10 % et 15 % de leur temps de kinésithérapie à étirer les enfants où informer les parents comment bien les étirer. Cela fait en moyenne 1/4 du temps des séances consacrés aux étirements.
Il n’existe pas de chiffres pour la France. Mon expérience m’amène à penser que les étirements en France occupent une proportion encore plus importante des séances (voire 100 % des séances), et que cette proportion augmente au fil de la croissance de l’enfant.
Les étirements sont souvent justifiés de la manière suivante par les médecins, pédiatres et kinésithérapeutes qui les recommandent et pratiquent : ils permettraient de limiter les enraidissements articulaires engendrés particulièrement par la spasticité, et leurs conséquences négatives pour la marche, ou le déplacement avec des aides techniques. Les membres inférieurs et particulièrement la zone de la hanche est particulièrement concernée.
Cependant, la pratique régulière d’étirement a également des inconvénients :
- inconfort, voire douleur de l’enfant. D’ailleurs, la douleur est un des principaux facteurs qui diminue la qualité de vie des adolescents porteurs de paralysie cérébrale (Rapp 2017), tout comme de l’enfant (Colver 2015) ;
- ils prennent beaucoup de temps à l’enfant et à sa famille, et aussi au kinésithérapeute.
Plus je travaillais au contact d’enfants porteur de paralysie cérébrale, et plus j’avais l’impression que les astreindre à de telles séances d’étirements était une réelle perte de temps, pour eux et elles avant tout. Cependant, cette opinion que j’avais était largement minoritaire lorsque j’en parlais autour de moi. Faire des étirements, c’est simple, ça donne l’impression de prendre en charge et de maximiser les chances. C’est en tout cas mon point de vue.
Qu’en est-il vraiment ? Les enfants étirés régulièrement sont-ils moins spastiques, par rapport à des enfants peu ou pas du tout étirés ? Ou leur spasticité a-t-elle moins d’impacts négatifs sur leur capacité à bouger ou sur leur qualité de vie ? Sont-ils moins raides ? Moins douloureux ? Plus habiles ? Plus heureux ? Si oui, quelle est la fréquence idéale d’étirements ? Et quels types d’étirements sont à privilégier ?
Pour le savoir, il faut se renseigner sur 2 choses.
- Est-ce que le mécanisme d’action théorique des étirements est cohérent ?
- Est-ce qu’il existe des études qui ont comparé l’évolution de la spasticité d’enfants identiques porteurs de paralysie cérébrale, certains étirés, d’autres non ?
Mécanisme d’action théorique des étirements
Lorsqu’on étire régulièrement un muscle, il se passe des choses au niveau des tissus et molécules qui le composent. Un muscle d’une personne “saine” étiré régulièrement gagne en longueur et en extensibilité.
Cependant, les muscles des enfants porteurs de paralysie cérébrale ne sont pas constitués de la même façon. Cela expliquerait pourquoi les étirements ont peu ou pas d’effet sur de nombreux paramètres lorsqu’on évalue leur efficacité.
(Kalkman 2020)
👉 Les propriétés des muscles des enfants avec paralysie cérébrales sont différentes de celles des enfants sans paralysie cérébrale. Cela explique pourquoi les étirements ont peu d’effet.
Études cliniques sur les étirements
Quelques études suivent l’évolution sur quelques semaines ou mois de deux groupes d’enfants atteints de paralysie cérébrale :
- un groupe reçoit des étirements régulièrement, par exemple 4×15 minutes par semaine pendant 6 semaines ;
- un autre groupe n’a pas d’étirement, mais la même prise en charge sur le reste que les enfants du premier groupe.
Comment évoluent ces enfants au fil des semaines ? Les enfants du groupe avec étirement ont une mobilité passive des articulations étirées un peu plus importantes. Mais il n’y a absolument aucune différence sur tous les autres paramètres étudiés. Autrement dit :
- les étirements améliorent un peu la mobilité passive (par une tierce personne) de certaines articulations. Par exemple, les enfants du premier groupe ont en moyenne au bout d’une semaine une flexion de hanche jambe tendue de 90°, alors que ceux de l’autre groupe de 87°. La différence est minime, mais jugée tout de même statistiquement significative. De plus, les erreurs de mesure sont fréquentes ;
- les étirements n’améliorent pas du tout la douleur, la qualité de vie, la démarche, le périmètre de marche, la motricité (le fait de bouger mieux soi même une partie du corps, sans une tierce personne), la croissance de la longueur des muscles, la spasticité, la capacité à réaliser des activités.
(Katalinic 2010 & Wiart 2008)
Je trouve ces informations fondamentales. Je pense qu’elle devraient être communiquées à tous les parents d’enfants porteurs de paralysie cérébrale, et aux enfants dès qu’ils et elles sont suffisamment âgés. Cela permettrait d’évaluer dans chaque situation l’intérêt de réaliser des étirements réguliers, plutôt que de les réaliser de manière systématique.
Pour certaines familles, il serait peut-être important de réaliser tout de même des étirements, même si le gain est faible. Particulièrement si l’enfant ne semble pas rechigner aux séances, et si cela n’est pas trop coûteux en temps et en argent pour la famille.
D’autres familles pourraient décider en toute connaissance de cause de ne pas effectuer de séances d’étirements, et privilégier des prises en charge 100 % actives, basées exclusivement sur la stimulation physique, verbale, cognitive et sensorielle de leur enfant.
C’est la tendance à l’international, depuis plus de 10 ans : il est suggéré mettre davantage l’accent sur la polyvalence, la forme physique générale et la participation à des activités qui ont un sens pour les enfants et les familles.
👉 Au mieux, des étirements réalisés au moins 4×15 minutes par semaine améliorent la mobilité passive des articulations, mais PAS la marche, la mobilité active (tout seul), la qualité de vie, la douleur, la croissance de la longueur des muscles, la spasticité, la capacité à réaliser des exercices.
L’appareillage et les attelles
Dès leur plus jeune âge (quelques mois ou années tout au plus), on réalise des attelles (également appelées orthèses pied-cheville) aux enfants porteurs de paralysie cérébrale. La plus fréquente est l’attelle de cheville (que les kinés peuvent prescrire, en version de série).
Cette attelle a-t-elle un intérêt ? Des études de faible qualité montrent que :
- elle améliore des paramètres de la marche lorsqu’elle est portée pendant la marche (équilibre, vitesse de marche, schéma de marche, longueur du pas), par rapport au même enfant marchant pied nus, ainsi que l’amplitude de la cheville durant la marche (8° de plus que les enfants pieds nus ou en chaussures) ;
- elle ne semble pas améliorer d’autres paramètres (distance de marche, spasticité, etc.).
(Aboutorabi 2017 ; Betancourt 2019)
Elle serait donc utile uniquement aux enfants en âge de marcher, et à mettre seulement lorsqu’ils marchent.
Pourtant, en France, les parents ont souvent pour consigne de faire porter à leurs enfants ces attelles toute la nuit. Cette recommandation est une sorte de principe de précaution : on pense qu’en laissant le pied durant la nuit dans une attelle, la cheville s’enraidira moins. Sur le plan théorique, cela tient la route. Mais il n’y a pas d’étude qui nous dit que ces enfants 1) s’enraidissent vraiment moins ; 2) marchent mieux ou sont plus heureux.
Il y a encore moins d’étude pour les autres types d’attelles. Par exemple, les études menées sur l’intérêt d’une attelle pour le poignet ou le coude ne montrent pas d’amélioration de la spasticité, ou de la fonction, ou de diminution de la douleur.
(Lannin 2007)
Sur la base de ces données, et de mon expérience avec les enfants et familles, voici comment je vois les choses :
- le but de toute prescription d’appareillage devrait être d’améliorer à très court terme (dès le premier port de l’enfant) le confort de l’enfant. Par exemple, de lui permettre de mieux marcher, d’être mieux positionné pour des activités, d’avoir accès à une autre position en sécurité, de mieux se déplacer). Tout appareillage qui ne permettrait pas de remplir cet objectif devrait être écarté sans scrupule ;
- les attelles pied cheville devraient être portées la nuit uniquement si l’enfant n’y montre aucune opposition, et si cela ne rajoute pas une contrainte à la famille ;
- les familles ne devraient pas être “culpabilisées” de ne pas faire porter l’appareillage à leurs enfants, ni sur-sollicitées pour réaliser sans cesse des appareillages, étant donné les données cliniques disponibles, et les contraintes que cela leur amène.
Les moulages en série
Voilà en quoi consiste les moulages en série :
- On réalise un moulage (en plâtre ou fibre de verre) sur-mesure sur l’enfant qui va étirer un peu un muscle et augmenter l’amplitude d’une articulation. On le fait surtout pour l’articulation de la cheville et/ou du genou
- On le fait porter à l’enfant plusieurs semaines
- On crée un nouveau plâtre qui étire un peu plus l’enfant que le premier
- On recommence autant de fois que nécessaire
Ces moulages permettent :
- d’améliorer quelques temps la mobilité de la cheville et diminuer l’hypertonie des membres inférieurs. L’amélioration est un peu plus importante s’ils sont associés à des injections de toxine botulique de type A ;
- comme pour les étirements, il n’y a pas de preuve d’amélioration d’autres paramètres (qualité de vie, périmètre ou schéma de marche, etc.).
Ces résultats doivent cependant être mis en balance avec des recherches récentes. Ces recherches ont montré que les petites améliorations de l’amplitude de la cheville obtenues grâce aux injections de toxine botulique de type A dans le gastrocnémien (sans utiliser de moulages) étaient compensées par les effets potentiellement nocifs de la détérioration de la mobilité du genou. Les enfants avec diplégie spastique marchaient alors plus accroupis.
(Milne 2020)
Quel traitement en cas de paralysie cerébrale spastique ?
Quand je présente ces données à d’autres personnes, leur réaction est souvent la suivante : “Bon ok, mais alors, si on suit ce que disent les études, on ne fait plus rien en rééducation contre la spasticité !“. Voilà pourquoi je ne suis pas d’accord avec cette interprétation.
- Ne rien faire en rééducation contre la spasticité ne serait pas mal en soi. Si on se rend compte qu’aucune méthode utilisée en kinésithérapie est efficace contre la spasticité, alors il vaudrait mieux dans l’intérêt de tout le monde ne plus pratiquer ces techniques. Les kinés devraient alors se focaliser sur d’autres problématiques que rencontrent les enfants porteurs de paralysie cérébrale spastique.
- Cet article ne dit pas que les étirements ou l’appareillage sont toujours inutiles. Il dit simplement qu’ils n’ont pas forcément l’effet qu’on attend d’eux, et qu’ils ont aussi des inconvénients (source d’inconfort ou de douleur, perte de temps, etc.). Il faut évaluer au cas par cas les bénéfices que pourraient en tirer l’enfant et ses proches, et ne pas se sentir coupable de ne pas utiliser autant les appareillages ou pratiquer les étirements comme certains professionnel-les de santé le recommandent.
- Les connaissances actuelles générales sur la prise en charge de la paralysie cérébrale laissent penser qu’il vaut mieux (Novak 2017) :
- Encourager les changements de position, et les positions qui favorisent la mobilité active et volontaire de l’enfant, les interactions avec son entourage et divers jeux et objets, ou simplement son confort.
- Proposer des activité physiques adaptées et ludiques. Dans ce cas, l’appareillage sert simplement à permettre l’activité plutôt qu’à installer l’enfant dans une bonne posture où ses muscles sont étirées. Ce qui compte, c’est que l’enfant bouge avant tout.
Pour des traitements plus spécifiques de la spasticité, il faut donc plutôt se tourner vers des médicaments ou la chirurgie. Ce qu’illustre la figure ci-dessous, tirée d’une très bonne synthèse de la littérature publiée dans une revue scientifique internationale (Novak 2013) :
👉 Les 3 traitements dont l’efficacité est le plus prouvée contre la spasticité sont :
- les injections de toxine botulique ;
- le diazepam (médicament) ;
- l’opération par Rhizotomie dorsale sélective (SDR).
Les traitements probablement efficaces, mais dont il n’y a à ce jour pas assez de preuves sont :
- la tizanidine (médicament) ;
- le bacoflène oral (médicament) ;
- la dantroline (médicament) ;
- la thérapie ITB (injections).
Les moulages sont eux classés dans les traitements probablement inefficaces.
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📕 Sources scientifiques 📕
J’ai effectué ces requêtes dans Pubmed : “cerebral palsy” [ti] and spasticity [ti] ; “cerebral palsy” [ti] and stretching [ti] ; “cerebral palsy” [tiab] and spasticity [tiab] and (physiotherapy [tiab] or “physical therapy” [tiab] or “occupational therapy” [tiab] or rehabilitation [tiab] or orthoses [tiab] or splinting [tiab] or casting [tiab] or orthopedic[tiab]).
J’ai appliqué un filtre pour sélectionner seulement les revues systématiques, les méta-analyses et les revues plus générales, dans le but d’avoir un aperçu synthétique de la littérature académique. Il y a alors 54 résultats pour la première requête, 121 pour la seconde et 3 pour la troisième.
La lecture des titres puis des résumés m’a permis de sélectionner les articles les plus pertinents, listés ci-dessous, permettant de répondre aux questions suivantes. Si les publications ne répondaient pas assez aux questions, j’ai également cherché d’autres publications via Google Scholar.
- Quelle est l’évolution naturelle de la spasticité chez des bébés, enfants et adolescents atteints de paralysie cérébrale ?
Bar-On L, Molenaers G, Aertbeliën E, Van Campenhout A, Feys H, Nuttin B, Desloovere K. Spasticity and its contribution to hypertonia in cerebral palsy. Biomed Res Int. 2015;2015:317047. doi: 10.1155/2015/317047. Epub 2015 Jan 11. PMID: 25649546; PMCID: PMC4306250.
Lindén O, Hägglund G, Rodby-Bousquet E, Wagner P. The development of spasticity with age in 4,162 children with cerebral palsy: a register-based prospective cohort study. Acta Orthop. 2019;90(3):286-291. doi:10.1080/17453674.2019.1590769
Flamand VH, Massé-Alarie H, Schneider C. Psychometric evidence of spasticity measurement tools in cerebral palsy children and adolescents: a systematic review. J Rehabil Med. 2013 Jan;45(1):14-23. doi: 10.2340/16501977-1082. PMID: 23689503.
- Quels traitements utilisés par les kinésithérapeutes sont efficaces pour traiter la spasticité chez l’enfant et l’adolescent atteint de paralysie cérébrale ?
Richards CL, Malouin F. Cerebral palsy: definition, assessment and rehabilitation. Handb Clin Neurol. 2013;111:183-95. doi: 10.1016/B978-0-444-52891-9.00018-X. PMID: 23622163.
Franki I, Bar-On L, Molenaers G, Van Campenhout A, Craenen K, Desloovere K, Feys H, Pauwels P, De Cat J, Ortibus E. Tone Reduction and Physical Therapy: Strengthening Partners in Treatment of Children with Spastic Cerebral Palsy. Neuropediatrics. 2020 Apr;51(2):89-104. doi: 10.1055/s-0039-3400987. Epub 2019 Nov 27. PMID: 31777043.
Fonseca PR Jr, Calhes Franco de Moura R, Galli M, Santos Oliveira C. Effect of physiotherapeutic intervention on the gait after the application of botulinum toxin in children with cerebral palsy: systematic review. Eur J Phys Rehabil Med. 2018 Oct;54(5):757-765. doi: 10.23736/S1973-9087.17.04940-1. Epub 2017 Nov 29. PMID: 29185676.
- Les orthèses et appareillages sont-ils efficaces contre la spasticité chez l’enfant et l’adolescent atteint de paralysie cérébrale ?
Milne N, Miao M, Beattie E. The effects of serial casting on lower limb function for children with Cerebral Palsy: a systematic review with meta-analysis. BMC Pediatr. 2020 Jul 2;20(1):324. doi: 10.1186/s12887-020-02122-9. PMID: 32615954; PMCID: PMC7330971.
Aboutorabi A, Arazpour M, Ahmadi Bani M, Saeedi H, Head JS. Efficacy of ankle foot orthoses types on walking in children with cerebral palsy: A systematic review. Ann Phys Rehabil Med. 2017 Nov;60(6):393-402. doi: 10.1016/j.rehab.2017.05.004. Epub 2017 Jul 13. PMID: 28713039.
Betancourt JP, Eleeh P, Stark S, Jain NB. Impact of Ankle-Foot Orthosis on Gait Efficiency in Ambulatory Children With Cerebral Palsy: A Systematic Review and Meta-analysis. Am J Phys Med Rehabil. 2019 Sep;98(9):759-770. doi: 10.1097/PHM.0000000000001185. PMID: 30920399.
Lannin NA, Novak I, Cusick A. A systematic review of upper extremity casting for children and adults with central nervous system motor disorders. Clin Rehabil. 2007 Nov;21(11):963-76. doi: 10.1177/0269215507079141. PMID: 17984149.
- Les étirements sont-ils vraiment efficaces pour traiter la spasticité chez l’enfant et l’adolescent atteint de paralysie cérébrale ?
Kalkman BM, Bar-On L, O’Brien TD, Maganaris CN. Stretching Interventions in Children With Cerebral Palsy: Why Are They Ineffective in Improving Muscle Function and How Can We Better Their Outcome? Front Physiol. 2020 Feb 21;11:131. doi: 10.3389/fphys.2020.00131. PMID: 32153428; PMCID: PMC7047287.
Katalinic OM, Harvey LA, Herbert RD. Effectiveness of stretch for the treatment and prevention of contractures in people with neurological conditions: a systematic review. Phys Ther. 2011 Jan;91(1):11-24. doi: 10.2522/ptj.20100265. Epub 2010 Dec 2. PMID: 21127166.
Wiart L, Darrah J, Kembhavi G. Stretching with children with cerebral palsy: what do we know and where are we going? Pediatr Phys Ther. 2008 Summer;20(2):173-8. doi: 10.1097/PEP.0b013e3181728a8c. PMID: 18480717.
Rapp, M., et al. Predictors of parent-reported quality of life of adolescents with cerebral
palsy: A longitudinal study. Research in Developmental Disabilities (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.ridd.2016.12.005
Colver A, Rapp M, Eisemann N, Ehlinger V, Thyen U, Dickinson HO, Parkes J, Parkinson K, Nystrand M, Fauconnier J, Marcelli M, Michelsen SI, Arnaud C. Self-reported quality of life of adolescents with cerebral palsy: a cross-sectional and longitudinal analysis. Lancet. 2015 Feb 21;385(9969):705-16.
- Quelle rééducation idéale pour l’enfant porteur de paralysie cérébrale?
Novak I, McIntyre S, Morgan C, Campbell L, Dark L, Morton N, Stumbles E, Wilson SA, Goldsmith S. A systematic review of interventions for children with cerebral palsy: state of the evidence. Dev Med Child Neurol. 2013 Oct;55(10):885-910. doi: 10.1111/dmcn.12246. Epub 2013 Aug 21. PMID: 23962350.
Images : Wright E, DiBello SA. Principles of Ankle-Foot Orthosis Prescription in Ambulatory Bilateral Cerebral Palsy. Phys Med Rehabil Clin N Am. 2020 Feb;31(1):69-89

Rédigé par Nelly Darbois
J’aime écrire des articles qui répondent à vos questions. En me basant sur mon expérience de kiné & rédactrice scientifique, et sur des recherches approfondies dans la littérature scientifique internationale.
J’habite en Savoie 🌞❄️, où j’ai crée ce site dorénavant visité par plus de 8 000 personnes chaque jour.
Merci pour ces renseignements mais de grâce cessez l’écriture inclusive ! Arrêtons ce massacre de notre langue et pensons à l’égalité homme-femme de manière intelligente !
Bonjour,
Pratiquer l’écriture inclusive n’empêche pas de penser à l’égalité des genres d’autres façons.
Je comprends tout à fait que certaines personnes (qui seront dans doute de plus en plus minoritaires au fil des décennies) ont un attachement esthétique fort à la langue française. Pour ma part, je suis partisane d’une réforme radicale de son orthographe et de sa grammaire, au-delà de sa simple démasculinisation. Et je saurais défendre cette position pour des raisons autres qu’esthétiques.
Si d’autres personnes souhaitent avoir plus d’informations factuelles et désactivées sur « l’écriture inclusive », cet article que j’ai écrit il y a quelques années explique en partie pourquoi je fais le choix de démasculiniser souvent mes textes : https://cortecs.org/politique-societe/un-ministre-peut-il-tomber-enceinte-de-masculiniser-la-langue-francaise-entrevue-avec-pascal-gygax/
Bien à vous,
Bonsoir,
Merci pour cet article !
J’ai personnellement bénéficié d’une SDR il y a 3 ans (à 24 ans), avec des résultats très encourageants. Bien que ça reste encore peu connu en France, ça se développe de plus en plus, principalement pour les enfants mais aussi depuis peu pour les jeunes adultes. Si ça vous intéresse de faire une vidéo ou un article spécifiquement sur ce sujet, je serais très heureux de vous faire part de mon expérience.
Avec grand plaisir, je me le note comme contenu potentiel à produire, je vous contacterai à l’occasion de sa rédaction 🙂