Marche sur la pointe des pieds : enfant, adulte

marche sur la pointe de pied bébé enfant idiopathique, infographie

Mon fils marche sur la pointe des pieds, c’est normal ?” Il s’agit d’une question assez fréquemment posée aux kinésithérapeutes.

Les enfants de sexe masculin entre 1 et 3 ans sont les plus concernés par ce type de démarche. Mais parfois, elle peut se perpétuer ou même survenir plus tard dans l’enfance, l’adolescence ou même à l’âge adulte.

Pourquoi mon enfant marche comme ça ? Que faut-il faire si on constate que son enfant marche ainsi ? Que doit-on mettre en place ?

La kinésithérapie est-elle utile ? La démarche revient-elle plus normale avec le temps, sans qu’on ait rien à faire ? Et chez l’adolescent ou le jeune adulte ?

Je réponds à ces questions, sur la base de :

  • mon expérience de kinésithérapeute ;
  • mes recherches et lectures des études médicales parues dans la littérature internationale sur le sujet.

Dernière mise à jour : octobre 2023
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À quel âge la marche sur pointe de pied est la plus fréquente ?

Les âges où les parents s’inquiètent le plus

Les requêtes effectuées sur internautes montrent que les parents constatent et s’inquiètent le plus entre les 1 an et 3 ans de l’enfant.

Voici toutes les requêtes effectuées plusieurs dizaines de fois par mois sur Google qui mentionnent un âge associé à la marche sur pointe de pieds.

Elles montrent que les parents recherche des informations surtout lorsque leur enfant est en bas âge :

  • “mon bébé de 22 mois marche sur la pointe des pieds” ;
  • “mon fils de 3 ans marche sur la pointe des pieds” ;
  • “bébé 18 mois marche sur la pointe des pieds” ;
  • “bébé 15 mois marche sur la pointe des pieds” ;
  • “mon fils de 2 ans marche sur la pointe des pieds”.

Même si cela est moins fréquent, certains adolescents et adultes peuvent aussi marcher sur la pointe des pieds, comme l’illustrent d’autres requêtes des internautes :

  • “mon fils de 8 ans marche sur la pointe des pieds” ;
  • “marche sur la pointe des pieds 10 ans” ;
  • “adolescent marche sur la pointe des pieds”
  • “marche pointe des pieds adulte” ;

Vous remarquerez au passage que les personnes mentionnent uniquement leur fils : la marche sur la pointe des pieds survient en effet essentiellement chez les personnes de sexe masculin.

requête mon fils marche sur la pointe des pieds sur google
Vous n’êtes pas seul à chercher des infos sur la marche sur la pointe de pied de votre enfant… 100 à 1000 recherches par mois, rien que sur Google

Vous remarquerez également autre chose : bien que vous ne connaissez peut-être personne autour de vous dans la même situation, de nombreux bébés, enfants, adolescents et adultes marchent sur la pointe de pied.

Plusieurs centaines de personnes tapent ces expressions dans un moteur de recherche chaque mois.

Cela doit déjà vous rassurer : votre enfant est loin d’être le seul dans cette situation. Qu’il est 1 an, 2 ans, 3 ans ou qu’il soit adolescent ou même adulte.

Les âges où l’on constate le plus ce schéma de marche

Une étude suédoise (Engström 2012) a étudié plus de 1400 enfants de 5 ans et demi sélectionnés au hasard. Parmi-eux :

  • 2 % marchaient encore sur la pointe des pieds à 5 ans et demi ;
  • 3 % avaient marché par le passé de le faire mais avaient cessé.

Cela signifie que dans chaque école maternelle d’environ 150 enfants, on devrait y trouver 5 à 8 enfants marchant encore sur la pointe de pied.

L’équipe de recherche suédoise a ré-étudié les mêmes enfants lorsqu’ils étaient âgés de 8 ans puis 10 ans (Engström 2018). Là encore, de manière spontanée, le schéma de marche sur la pointe des pieds avait disparu :

  • chez 1/4 des enfants à 8 ans ;
  • chez 79 % des enfants à 10 ans.

Ces enfants peuvent marcher ainsi 100 % du temps, ou moins.

Une étude néerlandaise trouve même que 12 % des enfants et jeunes adultes sont porteurs de ce trouble.

Elle porte sur seulement 362 personnes (Engelbert 2011). Je pense que le chiffre de l’étude suédoise est plus proche de la réalité. Cette étude montre cependant que c’est un trouble qui existe aussi chez l’adolescent et le jeune adulte.

Les enfants de moins de 5 ans sont les plus concernés par la marche sur la pointe de pieds sans pathologie associée. Cela concerne environ 5 % des enfants.

Pourquoi mon enfant marche sur la pointe des pieds ?

La marche sur la pointe des pieds n’est pas le schéma de marche le plus fréquent. Aussi, il est normal de se demander pourquoi notre enfant marche comme ça.

Si votre enfant :

  • n’a pas de problème de développement moteur ou cognitif ;
  • est suivi régulièrement par un médecin ou pédiatre ;

Alors, il est probable qu’il n’y ait pas de cause connue à cette façon de marcher. On parle de cause idiopathique.

Beaucoup plus rarement, cela est en lien avec une pathologie, qu’on a déjà dû diagnostiquer chez lui.

Nous allons voir un peu plus en détail ces 2 cas.

Cause idiopathique (= pas de cause connue)

On observe fréquemment des enfants marcher sur la pointe des pieds, sans qu’on ait pu établir de cause précise.

Cela peut être frustrant de ne pas savoir “pourquoi”. Vous trouverez d’ailleurs toujours des professionnels ou des parents qui proposeront des hypothèses explicatives telles que :

  • c’est un jeu, il veut faire plus grand ;
  • c’est parce qu’il a mal appris a marché. Par exemple, il a utilisé un trotteur ;
  • c’est une prédisposition génétique ;
  • c’est à cause d’une augmentation de la proportion de fibres musculaires de type I ;
  • c’est dû à une raideur congénitale de cheville ;
  • c’est parce qu’on n’a pas respecté ses schémas de développement psycho-moteur. Par exemple, on l’a assis alors qu’il ne savait pas encore s’asseoir seul.
marche sur la pointe de pied idiopathique
Une personne dont la marche sur la pointe d pied est idiopathique.

Certaines hypothèses explicatives du phénomène de la marche sur la pointe des pieds semblent plus vraies que fausses. Néanmoins, aucune ne fait consensus dans la littérature médicale internationale.

C’est ce que conclut par exemple une étude suédoise qui a suivit plus de 1000 enfants de 5 ans, dont certains marchaient sur la pointe des pieds, sans avoir de pathologie particulière (Engström 2012).

Il n’a pas de cause de la marche sur la pointe de pieds chez l’enfant qui fait consensus.

En lien avec une pathologie

Beaucoup plus rarement, il y a une cause à la marche sur la pointe de pied. Mais c’est alors loin d’être le seul symptôme.

Voici les principales pathologies où l’on observe une marche sur la pointe de pieds plus fréquente que dans la population générale :

  • neurologique : paralysie cérébrale (=infirmité motrice cérébrale), lésion de la moelle épinière, dystonie musculaire, etc. ;
  • musculo-squelettique : contracture congénitale du tendon d’Achille, déformations du pied, différence de longue des jambes (dans ce cas, un seul côté est concerné), etc. ;
  • troubles du développement : trouble du spectre autistique, trouble de l’apprentissage, etc..
marche pointe pieds dystrophie musculaire
Chez un enfant atteint de dystrophie musculaire. L’examen visuel ne permet pas du tout de déterminer la cause de cette démarche. Image: Khadilkar SV, Chaudhari CR, Dastur RS, Gaitonde PS, Yadav JG. Limb-girdle muscular dystrophy in the Agarwals: Utility of founder mutations in CAPN3 gene. Ann Indian Acad Neurol. 2016 Jan-Mar;19(1):108-11. ID: PMC4782525.

Ces pathologies sont rares. Il est vraiment plus probable que la cause de cette démarche chez vous-même ou votre enfant ne soit pas associée à un de ces problèmes. Néanmoins, voyons maintenant comment savoir s’il ne s’agit pas d’un problème plus grave.

📚 Voir aussi mes articles : traitement de la spasticité dans la paralysie cérébrale / paralysie cérébrale chez l’adulte.

marcher sur la pointe des pieds photo

Comment être sûr qu’il ne s’agisse pas d’un problème plus grave ?

La meilleure chose que vous avez à faire est que vous en parliez avec le médecin qui suit votre enfant depuis sa naissance (ou depuis le plus longtemps). Qu’il soit généraliste ou pédiatre, peu importe.

Vous pouvez également solliciter l’avis de votre kiné si vous en avez un.

Ces professionnels sont formés pour différencier une marche sur la pointe des pieds idiopathique d’une marche due à une autre pathologie.

Ils vous poseront des questions, examineront votre enfant, et devraient normalement vous rassurer.

Les questions à se poser pour le diagnostic différentiel de marche sur la pointe de pied idiopathique
Les questions qui permettent aux pros de santé de différencier une marche idiopathique d’une marche liée à une pathologieSource : Morozova 2017

Certaines personnes ont peur que leur médecin ou kiné soit passé à côté de quelque chose. Elles peuvent alors solliciter d’autres avis, notamment de personnes plus “spécialisées”.

C’est une attitude que je comprends totalement, mais que je n’encourage pas. Pas en tout cas au-delà du deuxième avis. Pourquoi ?

Parce que cela augmente le risque statistique que le professionnel s’inquiète et souhaite à tout prix vous faire faire des examens (potentiellement sources d’angoisse), voire vous incite à mettre en place des traitements potentiellement invasif (comme les injections de botox).

Des rendez-vous “obligatoires” existent aussi avec votre médecin (notamment aux alentours des 9 mois et 18 mois de l’enfant) pour permettre de déceller des pathologies de ce type.

Consultez les pros de santé qui connaissent le mieux vote enfant pour avoir leur avis. Exposez leur vos craintes. Ne multipliez pas les avis.

Que faire si un bébé/enfant marche sur la pointe des pieds ?

Comme vous l’avez constaté, la marche sur la point de pied est quelque chose de relativement fréquent.

Votre enfant a probablement vu plusieurs fois différents médecins, qui n’ont pas détecté de maladie particulière, notamment neurologique. Il se développe sans doute normalement sur le plan moteur et cognitif.

Dans ce cas là, la principale chose que vous avez à faire et d’essayer de vous rassurer : la marche sur la pointe des pieds n’est pas quelque chose de grave.

Elle s’estompe au fil des mois et années chez l’enfant, en général au plus tard lors des premières années d’école :

  • elle disparaît spontanément chez 59 % des enfants avant 5 ans et demi ;
  • et chez 79 % des enfants avant 10 ans. (Freiman 2022)

Elle n’a pas de conséquence grave connue à l’âge adulte (Freiman 2022).

Voyons cela plus précisément.

Les traitements contre la marche sur la pointe de pied

Si votre enfant a moins de 6 ans, et que vous avez déjà discuté de ce problème avec un professionnel de santé, il n’est sûrement pas nécessaire de mettre en place un traitement particulier.

Il est fort probable que sa démarche évolue vers la normalité sans rien faire de particulier.

Le mieux que vous aillez à faire est donc de le laisser vivre sa vie d’enfant. Et particulièrement courir, sauter, faire des parcours… Tout ce qui l’incitera à bouger.

Certains traitements sont tout de même proposés lorsque ce schéma de marche dure plusieurs années.

Et que les parents et l’enfant sont demandeurs d’essayer des choses pour modifier la démarche, parce que cette marche est contraignante pour l’enfant (physiquement ou socialement).

Voici la liste de ces traitements suggérés dans les publications académiques :

  • appareillage/orthèse du membre inférieur, articulée ou non, sur-mesure ou non ;
  • port de plusieurs plâtres successifs ;
  • injections de toxine botulique suivie d’un plâtre ;
  • exercices ;
  • chaussage adapté.

Un exemples d’attelle non articulée, non sur-mesure :

Orthèse de cheville
Plusieurs tailles
⭐⭐⭐⭐ 10 avis
29
  • attelle de cheville en série pour la marche sur la pointe de pieds

La principale synthèse d’étude sur le sujet conclue ainsi :

Le degré de certitude des preuves d’une étude, qui comparait la réalisation de plâtre en série chez les enfants, à la réalisation de ces mêmes plâtres associés à des injections de toxine botulique, chez les enfants, était trop faible pour que des conclusions puissent être tirées.

Trois autres études ont rapporté des résultats relatifs aux injections de toxine botulique, aux chaussures, aux exercices et à différents types d’orthèses, mais les données étaient trop limitées pour évaluer leurs effets.

Cochrane 2019

Dit autrement : les études cliniques ne permettent pas de dire qu’un traitement est plus efficace qu’un autre. Ou même, que l’évolution naturelle (= ne rien faire de particulier).

Plâtres en série pour la marche sur la pointe de pieds
Plâtres réalisés pour un enfant de 5 ans marchant depuis plusieurs années sur la pointe de peids

Dans ce cas, il faut alors selon moi se tourner vers les traitements qui remportent le plus notre adhésion, en fonction des critères qui nous sont propres :

  • la pénibilité ;
  • le coût financier ;
  • les effets secondaires ;
  • l’accessibilité.

Une publication plus ancienne intitulée Idiopathic Toe Walking: To Treat or not to Treat, that is the Question (La marche idiopathique sur la pointe des pieds: Traiter ou ne pas traiter, telle est la question) faisait d’ailleurs le constat que le monde académique :

  • soit affirmait qu’aucun traitement n’était nécessaire, ou alors vraiment très rarement ;
  • soit considérait qu’il fallait commencer par informer les parents sur l’intérêt d’étirer les muscles du mollets et faire des flexions dorsales de cheville. Puis en cas de non résolution, enchaîner sur le port de plâtres successif en flexion de cheville. Et finir par la chirurgie en dernier recours.

Sur la base de leur expérience clinique ou d’une synthèse de la littérature académique, les auteurs concluaient ainsi :

  1. Nous pensons que la marche sur les orteils idiopathique doit être considérée comme une déformation esthétique et traitée uniquement si la démarche dérange la famille.
  2. Un traitement non chirurgical peut être utilisé dans les familles réfractaires à la chirurgie, même si son efficacité est incertaine.
  3. Le traitement chirurgical est un choix raisonnable pour les familles qui souhaitent une résolution rapide de la marche sur les orteils.

Élément à prendre en considération tout de même : l’auteur principal était chirurgien. Ce qui peut le conduire à surestimer l’intérêt de la chirurgie (tout comme moi celui de la kiné).

Une étude plus récente (Williams 2020) recense une liste de traitements plus importante, dont l’efficacité n’est cependant pas évaluée suffisamment scrupuleusement :

Traitement contre la marche sur la pointe de pied
Liste des traitements suggérés

On peut citer par exemple : les stratégies de contrôle moteur, le biofeedback, les rappels verbaux, port de semelles, etc.

Ne pas mettre en place de traitement est une attitude raisonnable. Si la gêne est trop importante, il est possible de tester différentes choses, sans que l’on sache si l’une est vraiment plus efficace qu’une autre ou que l’évolution naturelle.

Psychomotricité, kinésithérapie : utile ?

Les kinésithérapeutes font partie des professionnels de santé qui connaissent bien ce problème. Ils proposent certains des traitements suggérés dans la littérature contre la marche sur la pointe des pieds : étirements, exercices, feedbacks, etc.

La kinésithérapie est remboursée en France si vous avez une ordonnance d’un médecin.

Les kinés font donc parti des professionnels que vous pouvez consulter si vous souhaitez vraiment essayer de faire quelque chose contre ce schéma de marche inhabituel.

Les psychomotricien(ne)s s’intéressent également à cette pathologie. Cependant, leur prise en charge est rarement remboursée.

Marcher sur la pointe de pied adulte : quelle signification ?

Sachez déjà que la marche sur la pointe des pieds d’un adulte ou d’un ado est loin d’être une chose isolée. Regardez la fréquence à laquelle les gens cherchent des informations à ce sujet, rien que sur Google :

marche sur la pointe des pieds adulte
100 à 1000 recherches par mois sur Google rien que pour cette requête “marche sur la pointe des pieds adulte”

Il est tentant de mettre un sens à cela. Et d’expliquer ce phénomène par des raisons biomécaniques voire même psychologiques ou liées à la personnalité. Cependant, aucune hypothèse explicative à ce jour ne fait consensus.

Les causes de la marche sur la pointe des pieds sont les même chez l’adulte que chez l’enfant : souvent idiopathique (= sans cause connue), très rarement liées à des pathologies.

Que faire sur l’adulte ou l’adolescent qui marche sur la pointe des pieds ?

Comme il y a moins d’adultes et d’ados qui marchent sur la pointe des pieds que d’enfants, il y a bien moins d’études publiées sur le sujet.

La première chose à faire est de se demander depuis quand ce trouble dure :

  • quelques jours ou semaines ? Dans ce cas, on peut attendre pour voir si les choses rentrent dans l’ordre toutes seules ;
  • quelques mois, quelques années ? Si la gêne physique ou sociale est trop importante, on peut consulter en vue de trouver des solutions pour agir dessus. Vous pouvez consulter un médecin en première intention. Les kinés peuvent être consultés pour cette pathologie, mais l’accès direct à la kinésithérapie n’est pas possible si vous souhaitez être remboursé. Il vous faut d’abord une ordonnance pour des séances de kiné.

Il n’existe pas de traitement spécifique chez l’adulte. Les traitements décrits chez l’enfant peuvent être testés chez l’adulte : étirements, exercices, port d’orthèses, etc.

Les traitements de la marche sur la pointe de pieds chez l’adulte sont les mêmes que chez l’enfant.

2 cas cliniques tirés de mon expérience

En tant que kiné à domicile, je suis parfois sollicitée par des familles qui rencontrent ce problème. Voici 2 histoires de personnes que j’ai prise en charge, assez représentatives des situations des personnes que j’ai rencontré pour ce problème.

Enfant de 2 ans

J est une fille de 2 ans. Sa maman est inquiète par sa démarche : elle marche sur la pointe de pied, les genoux rentrés vers l’intérieur.

Elle a marché vers 10 mois. Elle n’a aucune pathologie associée et se développe bien sur tous les plans. Elle marchait sur la pointe des pieds environ 80 % du temps. Elle n’avait aucune raideur de cheville au repos ou à la mobilisation.

Sa maman me demande si c’est normal, si ça peut passer tout seul, et ce qu’elle doit faire pour que ça passe.

Je là rassure sur l’évolution naturelle de ce trouble : dans l’immense majorité des cas, la marche au fil des mois devient normale, sans qu’on fasse rien de particulier.

Je lui explique que le mieux à faire est de laisser J jouer, courir, sauter, comme tous les enfants de son âge, sans essayer particulièrement de corriger sa démarche. Je lui dis qu’on pourra refaire le point dans un an.

1 an après, J a encore une démarche un peu plus atypique que la majorité des enfants de son âge, mais c’est beaucoup moins visible. 2 ans après, J marche encore un peu les genoux vers l’intérieur, mais plus du tout sur la pointe de pied.

Adolescent de 15 ans

Je suis contactée par la maman de A. A est un adolescent de 15 ans. Il marche sur la pointe de pieds depuis 1 an et demi, sans élément déclencheur explicatif particulier. Il n’a aucune pathologie associée.

Quelque soit son chaussage, environ 90 % du temps. Il a arrêté de faire du sport à cause de ça et est gêné socialement au lycée par cette démarche particulière. Il sort de moins en moins. Sa famille est très inquiète.

Il fait 2 séances de kiné par semaine (mobilisation, étirement) et des exercices, également en autonomie, depuis 1 an. Sans amélioration notable. Des semelles réalisées par un podologue ont aussi été essayées, sans résultat.

Au repos, le pied est en équin (pointe de pied vers l’avant). L’équin est partiellement réductible. Il n’y a pas de douleur.

Après un temps important de bilan, je présente à A et sa maman la possibilité de recourir à un appareillage, permettant de limiter l’équin du pied potentiellement aussi la nuit.

Je leur indique les coordonnées de plusieurs orthoprothésistes du secteur proposant des appareillages pour les membres inférieurs.

Je n’ai pas eu de retour par la suite.

Vous arrivez à la fin de cet article. J’espère avoir répondu à vos principales interrogations ! Si vous avez des questions, des remarques, vous pouvez les laisser en commentaire.

Je vous répondrai au plus tôt 🙂.

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  1. Prise en charge de la plagiocéphalie et brachycéphalie
  2. Paralysie cérébrale chez l’enfant
  3. Les différentes techniques de lavage de nez du bébé et de l’enfant

📚 Références scientifiques

Pour rédiger cet article, j’ai recherché toutes les études internationales portant sur le diagnostic, les causes et les traitements de la marche sur pointe de pieds. Pour cela, j’ai identifié toutes les études comprenant “toe-walking” dans leur titre, recensées dans la base de donnée de la Medline, la plus grosse base de données d’études médicales.

En août 2022, 162 études sont recensées. J’ai sélectionné ensuite les plus pertinentes pour répondre aux questions que se posent le plus :

  • les personnes dont l’enfant marche sur la pointe des pieds ;
  • les adolescent-es et adultes qui marchent eux-même sur la pointe de pied.

Fréquence

Pähr Engström, Kristina Tedroff; The Prevalence and Course of Idiopathic Toe-Walking in 5-Year-Old Children. Pediatrics August 2012; 130 (2): 279–284. 10.1542/peds.2012-022

Engström P, Tedroff K. Idiopathic Toe-Walking: Prevalence and Natural History from Birth to Ten Years of Age. J Bone Joint Surg Am. 2018 Apr 18;100(8):640-647. doi: 10.2106/JBJS.17.00851. PMID: 29664850.

Engelbert R, Gorter JW, Uiterwaal C, van de Putte E, Helders P. Idiopathic toe-walking in children, adolescents and young adults: a matter of local or generalised stiffness? BMC Musculoskelet Disord. 2011 Mar 21;12:61. doi: 10.1186/1471-2474-12-61. PMID: 21418634; PMCID: PMC3070692.

Prise en charge

Berger N, Bauer M, Hapfelmeier A, Salzmann M, Prodinger PM. Orthotic treatment of idiopathic toe walking with a lower leg orthosis with circular subtalar blocking. BMC Musculoskelet Disord. 2021;22(1):520. Published 2021 Jun 7. doi:10.1186/s12891-021-04327-0

Caserta AJ, Pacey V, Fahey M, Gray K, Engelbert RH, Williams CM. Interventions for idiopathic toe walking. Cochrane Database Syst Rev. 2019 Oct 6;10(10):CD012363. doi: 10.1002/14651858.CD012363.pub2. Epub ahead of print. PMID: 31587271; PMCID: PMC6778693.

Z. Péjin, S. Pannier, C. Glorion. La marche sur la pointe des pieds, volume 1639, Issue 9, 09/2010. Pages 1259-1387.

Dietz F, Khunsree S. Idiopathic toe walking: to treat or not to treat, that is the question. Iowa Orthop J. 2012;32:184-8. PMID: 23576939; PMCID: PMC3565400.

Morozova OM, Chang TF, Brown ME. Toe Walking: When Do We Need to Worry? Curr Probl Pediatr Adolesc Health Care. 2017 Jul;47(7):156-160. doi: 10.1016/j.cppeds.2017.06.004. Epub 2017 Jul 15. PMID: 28716514.

Pomarino D, Ramírez Llamas J, Martin S, Pomarino A. Literature Review of Idiopathic Toe Walking: Etiology, Prevalence, Classification, and Treatment. Foot Ankle Spec. 2017 Aug;10(4):337-342. doi: 10.1177/1938640016687370. Epub 2017 Jan 16. PMID: 28092971.

Bartoletta J, Tsao E, Bouchard M. A Retrospective Analysis of Nonoperative Treatment Techniques for Idiopathic Toe Walking in Children: Outcomes and Predictors of Success. PM R. 2020 Nov 17. doi: 10.1002/pmrj.12520. Epub ahead of print. PMID: 33201564.

Williams C, Robson K, Pacey V, Gray K. American and Australian family experiences while receiving a diagnosis or having treatment for idiopathic toe walking: a qualitative study. BMJ Open. 2020 Sep 2;10(9):e035965. doi: 10.1136/bmjopen-2019-035965. PMID: 32878753; PMCID:

Williams CM, Gray K, Davies N, Barkocy M, Fahey M, Simmonds J, Accardo P, Eastwood D, Pacey V. Exploring health professionals’ understanding of evidence-based treatment for idiopathic toe walking. Child Care Health Dev. 2020 May;46(3):310-319. doi: 10.1111/cch.12745. Epub 2020 Jan 30. PMID: 31957909.

Pelykh O, Klein AM, Feist-Pagenstert I, Schlick C, Ilmberger J. Treatment outcome of visual feedback training in an adult patient with habitual toe walking. Eur J Phys Rehabil Med. 2014 Oct 9. Epub ahead of print. PMID: 25296742.

Diagnostic différentiel

Schlough K, Andre K, Owen M, Adelstein L, Hartford MC, Javier B, Kern R. Differentiating Between Idiopathic Toe Walking and Cerebral Palsy: A Systematic Review. Pediatr Phys Ther. 2020 Jan;32(1):2-10. doi: 10.1097/PEP.0000000000000659. PMID: 31842091.PMC7470490.

Cet article existe aussi en anglais : Why does my child walk on tiptoes? How to correct toe walking in adults?

photo de nelly darbois, kinésithérapeute et rédactrice scientifique sur la santé et communication

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2 commentaires sur « Marche sur la pointe des pieds : enfant, adulte »

  1. Bonjour, nous venons de découvrir que notre fils a les tendons d’achille trop court. Il a 10 ans. Pour le moment il a des séances de kiné. Les deux chirurgiens orthopédiques que nous avons consulté nous proposent tous deux, si la kiné ne fonctionne pas (c’est pas flagrant pour le moment), une opération pour allonger son tendon. Nous hésitons car nous ne sommes pas fan des opérations (et cela va prendre presque une année entre opération et rééducation). Sauriez-vous quels sont les risques s’il ne fait pas opération, est-ce ce que cela peut avoir des conséquences “graves” ? Merci

    1. Bonjour,
      J’aimerais pouvoir vous répondre, mais les enjeux sont potentiellements trop importants pour que je puisse le faire sur la base de ces seules quelques lignes. Vous avez pris l’avis de 2 chirurgien(ne)s différents, c’est une bonne chose. Il faut je pense que vous fassiez le point en fonction des bilans et avis sur les bénéfices et les risques de chaque option avec les 3 professionnels qui connaissent tout le dossier de votre fils (kiné, 2 chirs).
      Bien cordialement,

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