Mémoire en kinésithérapie : quoi, comment ?

mémoire kinésithérapie erreurs fréquentes des étudiants

Lorsque j’étais en école de kinésithérapie, une des choses que j’ai trouvé la plus difficile était celle ci : trouver une idée de sujet de mémoire. Et la mener à bien !

Pourtant, j’ai adoré cet exercice.

Et mon mémoire m’a permis de faire de belles rencontres, et m’a ouvert des opportunités. Encore aujourd’hui, 10 ans après, je récolte des fruits de ce travail.

Une des difficultés que je rencontrais est qu’il y avait peu de documentation sur comment procéder efficacement.

Ou même sur les attentes des enseignant(e)s pour valider le mémoire en vue du diplôme d’État en France.

J’ai encadré depuis plusieurs mémoires de fin d’étude en kiné ces dernières années, notamment de l’IFMK de Grenoble. J’ai aussi été jury lors de plusieurs soutenances.

Et je vois que les difficultés rencontrées sont souvent les mêmes !

Voilà pourquoi je rédige cet article qui, je l’espère, devrait répondre à vos principales interrogations sur le sujet.

Encore des questions ? Vous pouvez les laisser en commentaire, j’y répondrai avec plaisir.

Dans tous les cas, je vous souhaite une belle réussite pour votre mémoire, et d’y trouver du plaisir 🙂 !

♻️ Dernière mise à jour : septembre 2023
Liens d’intérêt financiers : aucun avec le sujet de cet article.
Rédigé par Nelly Darbois, kiné et rédactrice scientifique

Comment trouver une idée de mémoire en kinésithérapie en 2022 ?

C’est clairement l’étape qui je crois est vécue comme la plus difficile et déstabilisante. Et celle en tout cas pour laquelle je suis la plus sollicitée pour aider.

La crainte souvent verbalisée est la suivante : j’ai peur de prendre un sujet sur lequel il n’y a rien à dire, où qui ne va pas me plaire / me lasser, alors que j’en ai pour des mois voire des années à plancher dessus.

Je vais vous donner un petit processus qui je l’espère vous aidera dans cette étape.

  1. Soyez clair sur les attentes de votre école concernant le type de mémoire : étude de cas ou mémoire de recherche ? (On y reviendra plus loin.) Si vous avez le choix, choisissez le type de mémoire avant d’aller chercher un sujet : étude de cas ou mémoire de recherche ? Et si mémoire de recherche, quelle méthodologie allez-vous privilégier a priori parmi celles-ci :
    • questionnaire auprès de kinés, patients ou étudiants kinés ;
    • revue de littérature ;
    • protocole expérimental (évaluer la fiabilité/validité d’un outil, ou tester l’efficacité d’une prise en charge).
  2. Listez tous les secteurs de la kiné qui vous plaisent, de manière plus ou moins précise : kiné pédiatrique, kiné du sport, la rupture du LCA, la prise en charge des SEP, la mucoviscidose, l’EBP…
  3. Essayez de trouver pour chacun une “question de recherche” : une question que vous vous posez, à laquelle vous n’avez pas forcément une réponse précise, et à laquelle il est possible de répondre en mettant en place la méthode que vous avez choisit avant (revue de littérature, protocole ou questionnaire). Quelques exemples (surtout pour des revues, car c’est selon moi ce qu’il y a de mieux à faire en tant qu’étudiant kiné ; j’en reparle plus loin).
    • rupture du LCA/revue : quelle prise en charge privilégier pour un LCA non opéré ?
    • SEP/revue : que disent les recommandations des différents pays sur la prise en charge kiné/médicale de la SEP ?
    • mucoviscidose/questionnaire : est-ce que les connaissances des patient(e)s et des familles sur les choses qu’ils peuvent mettre en place au quotidien en termes d’hygiène de vie et d’autorééducation sont conformes à ce qu’il est recommandé ?
  4. À ce stade, vous pouvez solliciter l’avis d’un enseignant ou d’un kiné qui s’intéresse au même sujet que vous : le sujet est-il suffisamment précis ? Est-il possible de le mettre en place en tant qu’étudiant kiné ?

Si vous n’avez vraiment aucune idée, je vous déconseille de passer un temps infini à trouver THE idée. Contentez-vous de prendre un sujet proposé par votre école, ou celle d’un kiné que vous avez rencontré un stage.

Certain(e)s étudiant(e)s tentent aussi de trouver une idée de sujet en consultant d’anciens mémoires. Pourquoi pas.

Vous trouverez plus loin dans cet article différents moyens de trouver des mémoires d’étudiant(e)s kiné. Je pense que cela est surtout utile pour l’étape d’après où vous devez précisé la méthode et le plan de votre mémoire.

Pour les études de cas, il me semble que c’est plus facile de trouver un sujet. Je n’ai en tout cas jamais été démarchée par un étudiant qui cherchait des idées pour une étude de cas.

J’en ai eu quelques fois en stage, mais l’idée était très vite trouvée 🙂.

Pour vous aider un peu plus, voici mon dernier échanger avec un étudiant kiné :

Je suis étudiant en 3ème année de kiné à ***, et je commence à réfléchir à mon sujet de mémoire.

(…) J’aimerai m’orienter vers un sujet en pédiatrie.

Potentiels sujets de mon mémoire :

J’étais parti sur les bienfaits de mettre le nouveau-né en décubitus ventral.

  • L’intérêt des différentes positions du nouveau-né pour leur développement
  • L’éducation parentale aux différentes positions du bébé. (par exemple suite à un questionnaire sur leurs idées reçues).
  • L’importance du décubitus ventral chez un nouveau né de 0/6 mois pour éviter un retard de développement moteur
  • Les positions à adopter pour diminuer les risques de plagiocéphalie.

J’aimerai beaucoup avoir un avis de votre part concernant mes différentes idées de sujets notamment des conseils ou astuces me permettant d’avancer dans l’élaboration de mon mémoire.

Un étudiant qui cherche un sujet

Et voici ma réponse :

Au-delà du choix du sujet, as-tu déjà en tête la méthodologie que tu veux employer ? Perso, je ne recommande pas les questionnaires : très dur de trouver des gens pour y répondre, les résultats ne sont jamais exploitables dans le cadre d’un mémoire.

Je recommande plutôt aux étudiant(e)s de faire des scoping review (tu peux regarder sur internet ce que c’est si tu ne connais pas).
À mon avis cependant, tu ne trouveras pas bcp d’études sur ce sujet (à part sur la prévention de la mort subite). Mais tu peux justement mettre peut-être ça en évidence dans ton travail : le décalage entre ce que disent bcp d’acteurs du secteur sur l’intérêt du procibutus VS l’absence de preuve (en tout cas empirique).

Avoir en tête la méthodologie que tu vas employer est je pense la prochaine étape pour t’aider à affiner ton sujet et surtout ta question de recherche : la question à laquelle tu vas répondre grâce à la méthode que tu vas mettre en place.

Ma réponse

Pour trouver un sujet, réfléchissez avant tout à la méthode que vous voulez employer (étude de cas, questionnaire, revue de littérature, essai expérimental). Listez des thématiques qui vous intéressent et trouvez une question (et une seule) à laquelle vous aimeriez répondre.

Quels sont les sujets de mémoire les plus fréquents ?

C’est une question qu’on me pose de temps en temps. J’imagine que cela peut aider certains à trouver des idées.

Ou au contraire, à vouloir s’écarter de ces sujets. Pas facile d’y répondre de manière précise, car il n’existe aucune base de donnée recensant de manière exhaustive tous les mémoires.

Un moyen cependant d’avoir des pistes de réponse est de regarder quels sont les mots clés tapés dans Google les plus associés à “mémoire kiné”, sur des pathologies ou des secteurs de la kiné. Les voici :

  • mémoire kiné hémiplégie ;
  • mémoire kiné entorse de cheville ;
  • mémoire kiné scoliose ;
  • sujet mémoire kiné pédiatrique ;
  • sujet mémoire kiné sport ;
  • sujet de mémoire kinésithérapie en traumatologie ;
  • sujet de mémoire kinésithérapie en neurologie.
idée de mémoire kiné, de sujet
Un aperçu de ces requêtes provenant sans doute d’étudiants kiné !

Voilà donc quelques pistes supplémentaires de thématiques de mémoire.

Le fait qu’ils soient potentiellement souvent prisés des étudiant(e)s n’est selon moi cependant pas un argument pour les prioriser par rapport à d’autres !

Mémoire de recherche VS mémoire cas clinique : quelle différence ?

Voici le type de mémoire qu’il est possible de réaliser depuis l’arrêté national de 2015 et la formalisation de l’UE 28 dédiée au mémoire :

détail de l'ue 28 dédié au mémoire en kinésithérapie
Le type de mémoire attendu selon l’arrêté du DE de kiné fixé au niveau national depuis 2015

Tout est dans les “…” à la fin 😁 !

En gros, vous êtes très libre sur la méthode que vous allez employer. Certains IFMK interdisent les études de cas/cas clinique, et souhaitent que les étudiant(e)s réalisent un mémoire de recherche.

À Grenoble par exemple, c’est le cas depuis plus de 10 ans. Mais certaines écoles autorisent les études de cas.

De ce que j’en perçois, les études de cas sont vraiment plus simples à mettre en place. Il est exigé moins de rigueur sur le travail de fond, et il est plus facile de trouver un sujet.

Si votre école autorise les études de cas, et que vous n’êtes pas du tout attiré par un mémoire de recherche (qui nécessitera sans doute plus de temps), il semble donc raisonnable de s’orienter vers ce type de mémoire.

Si vous êtes obligés de faire un mémoire de recherche, il y a des bons côtés : vous allez sans doute apprendre plus de nouvelles compétences, notamment en recherche bibliographique, en lecture d’articles scientifiques.

Et peut-être que cela vous plaira beaucoup, et que vous utiliserez ces nouvelles compétences très souvent dans votre vie professionnelle future 🙂.

La plus grosse différence entre ces 2 types de mémoire ? Avec l’étude de cas, vous choisissez un patient vu en stage. Vous cherchez des infos dans la littérature académique sur sa pathologie, la rééducation. Vous présentez comment vous l’avez/l’auriez pris en charge, et les résultats au bout d’un temps X de suivi. Puis vous discuter des points de réussite, d’amélioration.

Vous voyez avec ce descriptif du mémoire “étude de cas” qu’on est très lien des mémoires de recherche (utilisation d’un questionnaire, d’un protocole expérimental ou d’une revue méthodique et “exhaustive” de la littérature).

Quel est le plan type d’un mémoire de kiné ?

Votre école vous aura probablement fourni un plan type de mémoire. C’est à celui-là qu’il faut, je pense, se référer avant tout, puisque vous allez en partie être évalués par des gens de votre école.

Néanmoins, certaines choses sont fixées au niveau national, dans l’arrêté de 2015 relative au diplôme d’état de kiné.

Et plus précisément dans l’annexe IV contenant les fiches UE :

mémoire kiné ue 28
La présentation de l’UE 28 dédiée au mémoire, dans le document national

Voici ce que dit ce document en termes de forme :

  • 50 à 70 pages sont attendues (dans la réalité, j’ai déjà vu des mémoires récents beaucoup plus courts (une vingtaine de pages) et d’autres beaucoup plus longs (plus de 150 pages)) ;
  • mémoire structuré sur le format IMRAD (dont résumé français – anglais, mots clés, …).

Et c’est tout.

Voyons maintenant ce qu’est ce fameux format IMRAD (toutes les références en fin d’article).

Pour le corps du document, vous avez :

  • l’introduction : elle présente la question de recherche et la justifie par rapportaux travaux antérieurs. Elle est parfois appelée “cadre théorique” dans les mémoires ;
  • la partie méthode/matériel : elle décrit la façon dont les données ont été recueillies, les procédures utilisées pour les traiter. Données = réponses à un questionnaire, résultats à des tests de patients, articles trouvés dans la littérature ;
  • les résultats : ce que ça donne quand vous appliquez votre méthodologie ;
  • la discussion : met les résultats en perspective en répondant à la question formulée dans l’introduction.

Il est aussi souvent précisé qu’il faut aussi inclure dans la plupart des articles scientifiques s’appuyant sur le plan IMRAD :

  • le titre, les auteurs : pour les mémoires, l’école vous fournit une page de garde type que vous devez respecter, avec notamment le logo de l’école/de l’université dont vous dépendez ;
  • un résumé en anglais : et également en français pour les mémoires. Il doit suivre le plan général du mémoire (intro, méthode, discussion, conclusion), il est de 250 mots maximum en général ;
  • des mots clés : généralement 5, en anglais et français ;
  • une conclusion, après la discussion (certains mémoires en font, d’autres non) ;
  • la bibliographie, les références : là encore, votre école vous imposera sans doute un format spécifique pour la présentation des références. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez par exemple utiliser la norme de Vancouver. Des logiciels et applis tels que Zotero (gratuit), qu’on peut synchroniser avec OpenOffice ou Microsoft Word, peuvent vous aider à présenter de manière plus claire et rapide ces références. Moyennant tout de même un petit temps de prise en main 🤯 ;
  • des annexes : il y en a dans quasiment tous les mémoires. C’est là par exemple où vous allez mettre votre questionnaire tel que présenté aux personnes, les fiches de consentement, les outils méthodos sur lesquels vous vous êtes appuyés, etc.

Le document national ne dit pas qu’un autre type de plan peut être suivit. Pourtant, j’ai souvent vu d’autres plans suivis, notamment pour les étudiant(e)s réalisant des études de cas.

Voici la forme que j’ai le plus vu pour les mémoires “cas clinique”/étude de cas : introduction, bilan kiné initial, prise en charge, bilan final, discussion, conclusion.

En général, le “nous” est utilisé.

Votre mémoire comprendra un résumé en français et en anglais, des mots clés, une introduction/conclusion/bibliographie, et une partie méthode/résultats/discussion (ou bilan avant/prise en charge/ bilan après pour un cas clinique). Le tout en normalement 50 à 70 pages. Des annexes peuvent être ajoutées.

Comment trouver des exemples de mémoire en kinésithérapie en PDF ?

Vous avez au moins 4 options très faciles à mettre en place pour trouver des exemples de mémoire :

  1. consultez ceux des promotions précédentes dans votre école. Des copies papiers sont souvent conservées. Ou vous aurez accès aux documents numériques, demandez au secrétariat ou à un enseignant. C’est indispensable je trouve d’avoir quelques exemples de son école, car les attentes ne sont pas les mêmes selon les IFMK ;
  2. tapez “mémoire kiné .pdf” dans Google. Vous trouverez des dizaines et des dizaines de mémoires en accès libre. Si vous cherchez sur un sujet spécifique, rajouter quelques mots clés comme “mémoire kiné hémiplégie .pdf” ; “mémoire kiné plagiocéphalie .pdf”, “mémoire kiné étude de cas .pdf” ;
  3. allez dans la base documentaire dédiée à la masso-kinésithérapie francophone, Kinédoc (lien en fin d’article). Taper des mots clés tels que mémoire + votre thématique. De nombreux mémoires d’étudiants y sont indexés ;
  4. utilisez le moteur de recherche de Dumas, le dépôt universitaire de mémoires après soutenance (lien en fin d’article). Utilisez la même stratégie de recherche que précédemment, avec des mots clés tels que “mémoire ifmk”. Vous y trouverez généralement des mémoires de recherche, biens aboutis, car ce sont ceux de personnes qui ont pris le temps de le rendre publique sur cette base où il fait rentrer un certain nombre d’infos.

j’ai récupérer un mémoire de cette année avec un plan et méthode similaire à ce que je dois faire. ça m’a pas mal éclairé.

témoignage d’une étudiante qui était en train d’affiner sa question de recherche et sa méthodologie

Quelles sont les 5 erreurs les plus fréquentes dans un mémoire kiné ?

Soyez déjà rassuré par une chose : il est extrêmement rare de rater son DE à cause de son mémoire. Je n’ai aucun exemple de personne à qui c’est arrivé.

Les erreurs que vous commettrez n’auront donc probablement pas du tout comme conséquence de vous primer du diplôme de kiné. Mais plutôt de vous faire perdre du temps ou de l’énergie, de vous rajouter inutilement des prises de tête ou de la charge mentale.

Ou encore de vous faire produire un travail de très faible qualité, sans autre conséquence. Et ce n’est pas dramatique.

Voici les 5 erreurs que j’ai le plus constaté chez les étudiant(e)s kiné que j’ai aidé ou suivi de loin dans leur mémoire de recherche.

  1. Passer trop de temps à trouver LE sujet. On peut clairement y passer un temps infini, papillonner sans fin !
  2. Trouver un sujet mais pas définir clairement une question de recherche. Vous devez vraiment faire l’effort de formuler une question (une seule plutôt) à laquelle vous allez répondre. Pas une thématique. Un exemple : une thématique ? La prise en charge du VPPB en libéral. Question de recherche : quelle est la prise en charge du VPPB la plus efficace, qu’il est possible de mettre en place en tant que kiné libéral ?
  3. Être trop ambitieux dans votre méthodologie de recherche. J’ai lu de très beaux protocoles théoriques, par exemple pour tester l’efficacité d’une prise en charge kiné, contrôlée, de l’entorse de cheville chez les footballeurs. Mais les protocoles sont clairement impossibles à mettre en place avec les moyens et le temps d’un étudiant ! Ça se finit en général sur un simple protocole formalisé (mais pas mis en pratique) ou une micro-étude sur 6 patient(e)s, avec des résultats parfois… inventés. Et c’est souvent frustrant pour les étudiant(e)s, et “reproché” à la soutenance.
  4. Sous-estimer le temps de rédaction. Ça sera peut-être la première fois de votre vie que vous devrez écrire un si gros document. Essayez de rédiger en mode propre dès que possible, pas une fois que vous avez tout bouclé en brouillon.
  5. Trop attendre des enseignants / tuteurs / maîtres de mémoire. En général, ils supervisent des dizaines de mémoires en même temps. Il ne faut pas attendre qu’ils soient pro-actifs pour vous. Posez leur des questions les plus précises possibles, c’est le meilleur moyen je pense d’obtenir de l’aide de leur part.

Ne passez pas trop de temps au choix du sujet ! Une fois que vous en avez un, que vous avez une question de recherche, validée par quelqu’un qui vous encadre… foncez !

Quels sont les meilleurs mémoires kiné ?

Lorsqu’on se demande quels sont les meilleurs mémoires kinés (notamment pour s’en inspirer), il faut déjà bien s’entendre sur les critères qui nous permettent de définir un bon mémoire !

J’en vois plusieurs possibles :

  • l’étudiant n’a pas trop été éprouvé moralement par la réalisation de son mémoire, voir y a pris beaucoup de plaisir ;
  • le mémoire a reçu la meilleure note de l’école ;
  • le mémoire a reçu un prix, par exemple de l’Ordre des kinés ;
  • un publication académique est née du mémoire ;
  • le mémoire a permis à l’étudiant d’entrer dans un Master sélectif, ou de lancer un programme de recherche qui l’intéresse.

Il faut donc vous demander quels sont les critères les plus importants pour vous. Et allez chercher des exemples de mémoire qui remplissent ces critères.

Par exemple, pour le meilleur mémoire de l’école, demandez tout simplement au responsable des mémoires de votre école, ou à n’importe quel enseignant.

L’Ordre communique sur les prix qu’il remet aux meilleurs mémoires, dans le cadre de son action “Science et kinésithérapie”.

Avec un bémol cependant : beaucoup d’étudiant(e)s ne sont pas au courant de ce prix et l’Ordre n’évalue bien sûr pas TOUS les mémoires !

Un exemple de mémoire qui a fait l’objet d’une publication ? Celui de Lio/Lucas Ravault qui a publié avec Nicolas Pinsault et moi-même, qui l’encadrions, une scoping review dans une revue indexée dans la Medline (références en fin d’article).

Son mémoire portait sur l’intérêt de la rééducation intensive chez les enfants porteurs de paralysie cérébrale. Il a pu également continuer sur un Master et une thèse dans le même domaine. Énorme travail de Lio 👏 !

À quoi ça sert de faire son mémoire de kiné ?

Je sais que lorsqu’on pose cette question en IFMK, certains pensent de manière automatique “à rien” 😁. Mon but avec cet article n’est absolument pas de vous convaincre qu’il y a un intérêt vital à faire un mémoire !

Je souhaite simplement vous délivrer quelques astuces pour faciliter cette étape incontournable pour accéder au DE.

Voici néanmoins l’intérêt que j’ai trouvé il me semble pendant mes études :

  • avoir une bonne excuse pour éviter d’avoir à apprendre par cœur des cours (clairement, je crois que c’était ma principale motivation !) ;
  • découvrir la kiné autrement que par des profs et des stages ;
  • pouvoir plancher à fond sur le sujet de son choix.

Et l’intérêt que j’y vois après 10 ans d’exercice et l’encadrement de plusieurs mémoires :

Comment trouver des sources fiables d’information pour son mémoire ?

Normalement, vous aurez des cours pour vous aider dans cela. C’est d’ailleurs une des choses que j’ai préféré lors de mes études de kiné : apprendre à chercher des informations les plus fiables possibles.

Et c’est aussi une des choses que j’utilise le plus dans ma vie pro comme perso.

Par exemple, pour choisir ou non de me vacciner contre la grippe ; pour informer mes patients sur la durée d’évolution habituelle de leur problème ; pour voir s’il faut vraiment que je donne tel ou tel traitement prescrit par mon médecin pour une petite maladie chez mes enfants.

Personnellement, j’utilise 95 % du temps Pubmed/la Medline pour mes recherches documentaires.

Car elle est bien ergonomique, et recensé le plus grand nombre d’études médicales (après Google Scholar). Et j’utilise donc Google Scholar le reste du temps.

Pour accéder gratuitement aux articles, Sci-hub le plus souvent ; vous trouverez en fin d’articles, dans les sources, un guide que j’ai réalisé avec les différentes possibilités pour récupérer gratuitement des publis.

Et pour comprendre quelque chose à ce que vous lisez (la plupart des articles pertinents que vous trouverez seront en anglais) : des copié-collés dans DeepL. Traducteur en ligne, gratuit, que je trouve beaucoup plus performant que Google translate.

J’ai rédigé il y a quelques années un petit guide pour aider les kinés et étudiant(e)s kiné à procéder méthodiquement pour chercher et trouver de bonnes publis.

Qui peut superviser les mémoires en kinésithérapie ?

Normalement, vous allez avoir un “tuteur” ou “maître de mémoire”, un(e) enseignant(e) de votre école. C’est lui qui supervisera votre travail et pourra (normalement !) répondre à vos questions.

Certain(e)s étudiant(e)s sollicitent aussi l’aide de kinés ou chercheurs extérieurs à l’école, en plus.

On parle de “maître de mémoire externe” ou “tuteur externe”. Ce n’est pas une obligation réglementaire, le descriptif de l’UE 28 ne dit rien par rapport à ça.

Pour info, voici les sujets d’étudiant(e)s kiné dont j’ai encadré le mémoire :

  • Revue systématique et méta-analyse sur l’effet de la thérapie miroir en cas de syndrome douloureux régional complexe
  • La thérapie miroir et sa pratique par les kinésithérapeutes en France (questionnaire)
  • Revue systématique sur l’effet de la rééducation intensive dans la paralysie cérébrale
  • Revue systématique sur l’efficacité du dry needling
  • Les échelles d’évaluation de la peur de la chute : revue systématique
  • Les outils d’évaluation de la sensibilité tactile épicritique
  • Validité et efficacité propre de la méthode CGE : Concept Global de l’Épaule©
  • Méthode d’analyse critique pour des sites web proposant des produits de santé
  • Controverses sur l’efficacité du kinesio-tape : analyse d’études choisies de manière aléatoire.

Où relayer son questionnaire pour obtenir plus de réponses ?

Comme vous l’avez sans doute lu plus haut, je ne suis pas fan de la méthodologie par questionnaire pour les mémoires de fin d’étude de kiné.

Principalement parce que le temps, l’énergie et les ressources dont vous disposez ne sont pas suffisantes pour faire quelque chose de qualité.

Et il est dur de trouver des gens pour répondre aux questionnaires, sans moyen. Surtout si les questionnaires ciblent les kinés.

Quelques conseils tout de même si vous ne pouvez plus revenir en arrière est que vous devez trouver des répondant(e)s.

Déjà, soignez le fond et la forme de votre questionnaire.

  1. Tentez de questionner plutôt les patient(e)s que les kinés. S’il ne s’agit pas d’une pathologie plus rare (voir si ça s’adresse au grand public en général), vous aurez un échantillon plus large de personnes pour répondre.
  2. Faites un questionnaire court (5 minutes pour répondre max).
  3. Soignez les formulations : pas de double négation (❌ “dans la prise en charge du LCA, vous ne pouvez pas ne pas interdire la reprise du sport avant 9 mois” Vrai ou faux ? ✅ “dans la prise en charge du LCA, vous interdisez la reprise du sport avant 9 mois“), phrases courtes, etc.
  4. Dans la petite intro, mettez en avant les bénéfices que peuvent tirer les gens qui remplissent le questionnaire (faire avancer la recherche, être tenu au courant, participer à la réalisation d’une infographie pour sensibiliser, etc.). Soyez succinct, positif, dynamique.

Ensuite, voici les les différents endroits pour relayer le lien vers votre questionnaire en ligne :

  • par mail à tous vos contacts, en leur demandant de partager ;
  • sur votre profil dans les réseaux sociaux que vous utilisez ;
  • en laissant des commentaires sur les posts de vos “cibles” sur les réseaux sociaux (vidéos Youtube comprises) ;
  • sur les groupes Facebook en lien avec votre sujet (groupes généralistes kiné, groupes de patient, groupes de parent, etc.) ;
  • à des associations de patient(e)s ou de kiné, en leur demandant gentiment s’ils veulent bien diffuser ;
  • via le CNOMK. Le CNOMK propose de diffuser votre questionnaire sur son site. Je ne sais cependant pas si ces questionnaires sont très visibles ;
  • je reçois aussi souvent des SMS ou mails d’étudiants me demandant de remplir leur questionnaire. Pour être tout à fait honnête, je donne rarement suite, car je reçois trop de sollicitations à cet effet pour des questionnaires qui finalement ne débouchent sur rien qu’un mémoire le plus souvent jamais rendu publique, et dont les résultats ne sont pas exploitables. Ceci dit, d’autres collègues ne partagent peut-être pas le même avis. Vous pouvez donc essayer ce moyen là, via les kinés qui disposent d’un site internet (il y en a de plus en plus).

Soignez la forme et la durée de remplissage de votre questionnaire. Utilisez les réseaux sociaux, les groupes facebook, le site du CNOMK, les associations pour le relayer.

Mon retour d’expérience sur mon mémoire de kiné

Je voulais initialement faire un mémoire sur la prévention primaire en kiné. Après avoir erré quelques semaines à essayer de préciser plus ce sujet, j’ai découvert la zététique (= étude rationnelle des phénomènes considérés comme paranormaux, des thérapies alternatives, etc.).

Et j’ai voulu utiliser les outils de la zététique pour mon mémoire. J’ai donc décidé de me cibler sur une pratique dont j’entendais beaucoup parlé, pratiquée par des kinés, la fasciathérapie.

Je trouvais qu’il y avait un gros décalage entre ce que les kinés qui la pratiquaient en disaient, et ce qu’on pouvait raisonnablement attendre de l’efficacité d’une thérapie manuelle, telle qu’elle soit.

À l’école de kiné de Grenoble, nous devions réaliser des mémoires de recherche, et non des cas cliniques.

J’ai sollicité l’encadrement de Richard Monvoisin, qui est devenu depuis un ami, et surtout une source intarissable de découvertes intellectuelles stimulantes.

J’étais aussi encadrée par une prof de l’école, désignée automatiquement, qui est très peu intervenue.

J’ai passé énormément de temps à me documenter sur de nombreuses choses pour mon mémoire.

J’ai lu des centaines de livres et publications académiques. On a tenté avec Richard et des fasciathérapeutes de monter un protocole expérimental, sans succès.

J’en parle plus longuement ici (ainsi que dans ce podcast), où vous pourrez également retrouver mon mémoire. Mon mémoire a consisté finalement en une “simple” synthèse documentaire.

Bien évidemment qu’avec plus de 10 ans d’expérience, je ne referai plus les choses de la même façon !

Le Conseil de l’Ordre des kinés s’était appuyé sur mon mémoire pour rédiger leur premier avis déontologique sur les pratiques “sans fondement” exercé par les kinés. Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, mais on sortirait du cadre de cet article 🙂.

J’avais également été menacée d’un procès pour diffamation, mais les choses ne sont pas allées plus loin.

Ce mémoire m’a permis d’acquérir des compétences que j’utilise tous les jours dans mon métier de kiné et rédactrice scientifique : recherche et synthèse documentaire, rédaction, réalisation d’infographies.

Il m’a également ouvert les portes d’un financement pour réaliser une thèse (auquel je n’ai pas donné suite).

***

Voilà pour tous les conseils généraux que je souhaitais vous délivrer. Belle aventure de mémoire à vous ! Je peux répondre à vos questions en commentaire : les réponses profiteront ainsi à tout le monde.

Sujets qui reviennent toujours dans les discussions entre kinés, j’ai crée ces ebooks et guides :

ebooks et e-learning pour les kinésithérapeutes

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📚 SOURCES

Arrêté du 2 septembre 2015 relatif au diplôme d’Etat de masseur-kinésithérapeute. Et ses (nombreuses) annexes. Le détail de l’UE 28 dédiée au mémoire est ici (merci la FNEK !).

Bruno Oberle, « Types de chaînes de référence dans les articles de recherche de format IMRAD »Discours [En ligne], 25 | 2019, mis en ligne le 30 décembre 2019, consulté le 22 novembre 2022.

P.K. Ramachandran Nair, Vimala D. Nair. Scientific Writing and Communication in Agriculture and Natural Resources. 2014

Kinédoc. Base documentaire de travaux francophones en kiné, incluant des mémoires

DUMAS. Dépôt universitaire de mémoires après soutenance.

CNOMK. Prix de l’Ordre : sciences et kinésithérapie.

Publication tirée d’un mémoire d’étudiant kiné : Ravault L, Darbois N, Pinsault N. Methodological Considerations to Investigate Dosage Parameters of Intensive Upper Limb Rehabilitation in Children with Unilateral Spastic Cerebral Palsy: A Scoping Review of RCTs. Dev Neurorehabil. 2020 Jul;23(5):309-320. doi: 10.1080/17518423.2019.1687599. Epub 2019 Nov 11. PMID: 31710245.

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