Vous avez une périostite tibiale ? Vous cherchez des informations les plus précises possibles sur l’évolution des douleurs, et combien de temps on est géné quand on a ça ?
Kiné (et ancienne hepathlonienne… j’ai bien connu les périostites tibiales !), je m’appuie sur mon expérience et mes recherches approfondies dans les études médicales publiées un peu partout dans le monde pour vous donner des réponses.
Encore des questions, des remarques ? Rendez-vous en commentaire !
♻️ Dernière mise à jour : septembre 2023.
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Sommaire
Qu’est-ce que c’est précisément une périostite tibiale ?
Quand on a une périostite tibiale, on a une douleur le long du bord interne du tibia, généralement juste au-dessus de la cheville ou à mi-chemin entre le genou et la cheville.

Quelles sont les causes fréquentes de périostite tibiale ?
Elle survient généralement chez les personnes qui pratiquent des activités physiques à fort impact, comme la course à pied ou le saut : coureurs à pied de longue distance, militaires, danseurs et danseuses classiques, etc.. Parfois simplement chez des personnes qui marchent ou restent beaucoup debout au travail.
Cela arrive souvent quand vous augmentez rapidement l’intensité, la fréquence ou de la durée de l’activité physique que vous pratiquez. Probablement surtout si c’est sur des surfaces dures, ou pieds nu d’un coup (ou avec un chaussage relativement “dur” par rapport àce que vous avez l’habitude d’avoir).
Lorsqu’on exerce des contraintes sur un os (par exemple en faisant du sport, de la musculation, ou simplement en marchant) cela le renforce. Mais si on exerce d’un coup trop de contrainte par rapport à ses habitudes, cela peut au contraire l’abimer un peu et déclencher une inflammation, pour réparer les tissus abimés par cet excès de contraintes.
Pourquoi on appelle ça périostite tibiale ?
Car à cet endroit du corps, vous avez du périoste : c’est une membrane assez fine qui recouvre le tibia. Et elle peut s’inflammer et être douloureuse.
On appelle donc ça périost-ite, le suffixe ite voulant dire “inflammation”.
Est-ce que c’est fréquent ?
Même si on en a parfois jamais entendu parlé avant que ça nous arrive, c’est très fréquent : 1 personne sur 5 qui pratique la course à pied en aura au moins une au cours de sa vie.
Vous pouvez avoir des périostites aux 2 tibias en même temps (jambe droite et gauche) ou à un seul.
Comment être sûr que c’est bien ça ?
Voici les différents signes évocateurs d’une périostite tibiale :
- Douleur surtout à l’exercice le long des deux tiers du bas du bord médial (=intérieur) du tibia. Elle est aussi réveillée quand on appuie sur cet endroit, et elle est présente sur plus de 5cm de long.
- Douleur qui s’atténue avec le repos relatif
- Absence de crampe, de douleur brûlante dans le compartiment postérieur et/ou d’engourdissement/de picotement dans le pied
- Éventuellement un gonflement et une rougeur (érythème), mais peu importants
- Pas de perte du pouls quand on le prend au niveau du pied / de la cheville
Ces signes permettent de faire ce qu’on appelle un “diagnostic différentiel” : éliminer d’autres problèmes qui nécessiteraient un autre type de prise en charge.
Il n’y a pas besoin de faire de radio, d’IRM, de scintigraphie ou de scanner pour diagnostiquer une périostite : cela se fait simplement en vous posant des questions et en vous examinant.
Quand on fait un examen complémentaire type radio, c’est seulement si les symptômes font penser à autre chose comme une fracture de fatigue du tibia, qui survient cependant beaucoup plus rarement.
Source : McClure 2023 ; Deshmukh 2022

Pourquoi s’intéresser à la durée de guérison d’une périostite au tibia ?
Même si c’est quelque chose de bénin, qui n’est pas le signe d’un problème grave, les périostites tibiales peuvent être très contraignantes. Vous pouvez vraiment avoir du mal à continuer à faire du sport (ou travailler), vous devez parfois vous arrêter en pleine séance, attendre plusieurs choses, et reprendre… dans la douleur.
Vous vous demandez donc très probablement pour combien de temps encore vous allez avoir ces douleurs. Et s’il y a quelque chose à faire pour accélerer leur disparition…
Des questions que se posent la plupart des coureurs (et autres sportifs) un jour ou l’autre ! D’où cet article.
Commment savoir combien de temps dure une périostite tibiale ?
Voici 3 façons de connaître le temps de guérison de la périostite tibiale :
- demander aux gens qu’on connaît autour de soi au bout de combien de temps la douleur est partie et quand iles ont pu reprendre toutes leurs activités, y compris le sport. Comme c’est une pathologie assez fréquente (1 personne sur 5 qui pratique la course à pied en aura une au cours de sa vie), on a des chances de connaître une ou plusieurs personnes qui a déjà eu ça ;
- demander à des professionnel(le)s de santé (kinés, médecins) leur avis sur la durée d’évolution. Comme ils et elles voient beaucoup de gens qui ont des problèmes de santé, il est possible qu’ils aient une idée plus précise, car ils ont accès à un échantillon plus large ;
- regarder les statistiques sur les durées d’évolution dans les études qui suivent pendant longtemps des personnes qui ont eu une périostite au tibia.
Personnellement, je préfère m’appuyer sur cette troisième option. Je trouve que c’est la plus fiable :
- c’est celle qui permet d’accéder au plus grand nombre de personnes ;
- c’est celle qui est la plus méthodique dans sa manière de récolter des informations et d’essayer d’être la plus fiable possible.
C’est pour cela que dans la suite de l’article, je m’appuierai sur ces données provenant des études cliniques, en plus de ma propre expérience professionnelle 🙂.
Quelle est la durée d’une périostite tibiale ?
Je vais donc autant que possible m’appuyer sur les études qui suivent l’évolution de personnes à qui on a diagnostiqué une périostite tibiale.
En sachant qu’il y a peu de données disponibles : probablement parce que les périostites sont relativement bénines et que de nombreuses personnes ne consultent pas pour ça, ou parce que les douleurs et la gêne ont cessé avant qu’on ait le temps de les inclure dans un essai clinique !
Combien de temps dure en moyenne une périostite tibiale ?
Une équipe de recherche néerlandaise (Moen 2012) a justement essayé de voir :
- comment évolue la périostite tibiale au fil des semaines ;
- quels sont les facteurs qui vont que ça va plus ou moins vite vers le mieux.
Déjà, elle s’est basée uniquement chez des hommes (35) qui avaient des douleurs depuis déjà plus de 2 semaines.
Bonne nouvelle au passage : certaines personnes n’ont plus aucune gène après seulement moins de 2 semaines d’arrêt strict, à condition de reprendre très progressivement la charge d’entraînement (ou l’activité sollicitante).
Comment évoluent ces personnes qui ont des périostites depuis 2 semaines ou plus ?
Le temps de guérison moyen de la périostite tibiale est de 58 jours. Et la majorité des gens de cet échantillon récupèrent totalement en 31 jours (1 mois) à 85 jours (2 mois et demi).
Parmis tous les facteurs étudiés pour voir s’ils étaient des indicateurs de guérison plus longue, un seul ressort vraiment : l’IMC, l’indice de masse corporelle (le rapport entre votre taille et votre poids). Un IMC plus élevé (bien que dans les normes) indiquait une probabilité plus importante que cela dure plus longtemps.
Mon expérience :
J’ai vraiment vu tous les cas de figure avec les périostites tibiales. Plutôt dans ma vie de sportive (athlétisme, running) que de kiné, car peu de personnes consultent un(e) kiné pour des périostites (et encore mois une kiné à domicile!!). Le tableau type :
- des douleurs de temps en temps selon les activités physiques, sans que cela nécessite de diminuer vraiment l’activité qui les déclenche ;
- puis petit à petit la douleur arrive plus vite ou dure plus longtemps ;
- cela conduit à devoir diminuer l’activité et la ré-introduire progressivement au bout de 10 jours pour les plus pressés, 2/3 semaines pour les autres ;
- on tâtonne ensuite à trouver le bon dosage ;
- parfois, on reste gêné plusieurs mois, mais sans vraiment stopper nette son activité ;
- on essaie parfois pas mal de choses en chemin,parfois on a l’impression que ça a eu un effet, et parfois pas.
Combien de temps maximum dure une périostite tibiale ?
Après diminution ou arrêt des activités déclenchant ou aggarant les douleurs au tibia, on constate que les gens récupèrent totalement au bout d’environ 2 mois chez ceux et celles chez qui la douleur dure depuis au moins 2 semaines.
Mais comme souvent en médecine, il y a des gens aux 2 extrèmes. Et certaines personnes peuvent trainer leur périostite longtemps, sans que cela indique un problème grave sous-jacent.
Combien de temps maximum ? Certaines personnes peuvent avoir mal pendant des années, mais la douleur est souvent fluctuante : elle diminue ou disparaît, puis revient. Sans forcément de lien direct avec la quantité d’entrainement, ce qui peut être frustrant.
Dans une étude britannique suivant des personnes avec des périostites récalcitrantes (Padhiar 2021), la plupart des gens suivis avaient 1 an après le suivi encore des douleurs. Mais elles avaient tout de même repris les activités sportives, et certaines au niveau d’avant l’apparition des premières symptomes.
Peut-on accélérer le temps de guérison d’une périostite tibiale ?
Se demander comment accélérer le temps de guérison d’une périostite tibiale revient à se demander s’il y a des traitements efficaces, autres que le repos / la diminution de la charge d’entrainement.
Vous n’êtes bien sûr pas seul(e) à vous poser cette question, et des dizaines d’études (en général de pas très bonne qualité) ont été faites pour tenter de répondre à cette question.
Voici cependant ce que disent les auteurs d’une publication académique au sujet du traitement recommandé d’une périostite tibiale :
La prise en charge d’une périostite tibiale est conservatrice et se concentre principalement sur le repos et la modification de l’activité avec moins d’exercices répétitifs et de mise en charge. Il n’existe pas de recommandations spécifiques sur la durée du repos nécessaire à la résolution des symptômes, et cette durée est probablement variable selon les individus.
McClure 2023
Et encore :
la prise en charge est éducative et se focalise sur un régime d’exercices gradués, ainsi que sur la prévention du surentraînement.
McClure 2023
Et les auteurs de 2 autres synthèses :
Bien que de nombreuses modalités thérapeutiques physiques, y compris la mobilisation des tissus mous assistée par des instruments, la libération des fascias, la thérapie par ultrasons et la stimulation électrique puissent être utilisées pendant la période aiguë (une périostite tibiale), il n’existe aucune preuve de leur efficacité.
Deshmukh 2022
Aucune des études n’est suffisamment exempte de biais méthodologiques pour recommander l’un ou l’autre des traitements étudiés.
Comme la périostite tibiale est très probablement une lésion de surcharge osseuse, les programmes de réadaptation semblent être les plus appropriés. On peut envisager plusieurs jours sans mise en charge, puis une mise en charge progressive jusqu’à l’obtention d’une fonction complète.
Winters 2013
Bien sûr vous trouverez toujours des médecins ou kinés qui vous proposeront différents traitements “à essayer”, histoire de faire quelque chose “de plus” que la simple remise en charge progressive :
- vous écraser le périoste avec le dos d’une petite cuillière ;
- des étirements des muscles des jambes ;
- une prescription pour des semelles ;
- des recommandations de chaussage ;
- des ondes de choc ou des ultrasons ;
- des massages (notamment avec des glaçons) ou des techniques de thérapie manuelle ;
- la prise d’anti-inflammatoire (par voie orale, ou en application sur la peau) ou d’acétaminophène ;
- le port de bas de contention ;
- du renforcement musculaire ;
- le port d’orthèse ;
- le dryneedling, le k-taping, l’acupuncture ;
- la cryothérapie.
Et la liste est loin d’être finie, et vous trouverez toujours probablement quelque chose que vous n’avez pas encore essayé.
Aucune de ces thérapies n’a fait l’objet d’une évaluation rigoureuse qui permettrait d’étayer son efficacité significative par rapport à ne rien faire de plus, ou en remplacement du repos. Certaines sont plus cohérentes que d’autres biomécaniquement.
Personnellement, pour moi-même comme pour les patient(e)s qui sollicitent mon avis sur les traitement à tester, je privilégie toujours une prise en charge avec le :
- maximum d’efficacité (théorique / empirique)
- minimum d’effets secondaires
- minimum de coût (en temps, en énergie, en argent)
- minimum de dépendance d’une tierce personne ou d’un matériel
Or, pour les périostites tibiales, on trouve beaucoup d’exemples dans la littérature comme dans la pratique des pros de santé de personnes qui ont récupérer sans traitement autre que la diminution et l’adaptation de la charge d’entrainement. Chose que vous pouvez mettre en place seul(e) ou sous supervision d’un(e) kiné ou autre professionnel.
Je privilégie donc ce type de prise en charge, sans traitement additionnel.
Si vous voulez vraiment faire quelque chose en plus, vous pouvez piocher dans la liste ci-dessu en fonction de ce qui vous semble le moins contraignant pour vous, et qui remporte le plus votre adhésion. Mais il n’est pas certain que cela accélère votre temps de guérison, ni que cela vous permette de moins diminuer votre charge d’entrainement ou d’activité !
***
Si vous ressentez le besoin d’en savoir plus sur la période de récupération après une périostite, j’ai conçu ce guide au format ebook :

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📚 SOURCES
McClure CJ, Oh R. Medial Tibial Stress Syndrome. [Updated 2023 Feb 12]. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2023 Jan-. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK538479/
Deshmukh NS, Phansopkar P. Medial Tibial Stress Syndrome: A Review Article. Cureus. 2022 Jul 7;14(7):e26641. doi: 10.7759/cureus.26641. PMID: 35949792; PMCID: PMC9356648.
Winters M, Eskes M, Weir A, Moen MH, Backx FJ, Bakker EW. Treatment of medial tibial stress syndrome: a systematic review. Sports Med. 2013 Dec;43(12):1315-33. doi: 10.1007/s40279-013-0087-0. PMID: 23979968.
Winters M, Eskes M, Weir A, Moen MH, Backx FJ, Bakker EW. Treatment of medial tibial stress syndrome: a systematic review. Sports Med. 2013 Dec;43(12):1315-33. doi: 10.1007/s40279-013-0087-0. PMID: 23979968.
Moen MH, Bongers T, Bakker EW, Zimmermann WO, Weir A, Tol JL, Backx FJ. Risk factors and prognostic indicators for medial tibial stress syndrome. Scand J Med Sci Sports. 2012 Feb;22(1):34-9. doi: 10.1111/j.1600-0838.2010.01144.x. Epub 2010 Jun 18. PMID: 20561280.
Padhiar N, Curtin M, Aweid O, Aweid B, Morrissey D, Chan O, Malliaras P, Crisp T. The effectiveness of PROLOTHERAPY for recalcitrant Medial TIBIAL Stress Syndrome: a prospective consecutive CASE series. J Foot Ankle Res. 2021 Apr 16;14(1):32. doi: 10.1186/s13047-021-00453-z. PMID: 33863355; PMCID: PMC8052809.
Images : Franklyn M, Oakes B. Aetiology and mechanisms of injury in medial tibial stress syndrome: Current and future developments. World J Orthop. 2015 Sep 18;6(8):577-89. doi: 10.5312/wjo.v6.i8.577. PMID: 26396934; PMCID: PMC4573502.

Rédigé par Nelly Darbois
J’aime écrire des articles qui répondent à vos questions. En me basant sur mon expérience de kiné & rédactrice scientifique, et sur des recherches approfondies dans la littérature scientifique internationale.
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