Tendinite de l’épaule : temps de guérison

tendinite épaule temps de guérison

Combien de temps dure une tendinite d’épaule ? Ou peut-être plus intéressant, combien de temps va encore durer votre tendinite d’épaule ?

Tous les mois, des milliers de personnes posent ce type de questions à leur moteur de recherche favori. Pour répondre à cette question, j’ai croisé trois sources d’information :

  • mon expérience clinique de kinésithérapeute ;
  • mon expérience d’être humain ayant déjà dû gérer et gérant actuellement mes propres douleurs d’épaule ;
  • la littérature scientifique internationale la plus récente.

Sans vous faire plus attendre, je vous livre dès à présent la réponse estimée en condensé :

  • pour une tendinite de survenue récente, comptez 45 jours à 3 mois, surtout si vous avez – de 55 ans ;
  • pour une tendinite déjà là depuis + de 3 mois, devoir compter sur au moins 6 mois de plus est courant, surtout si vous avez plus de 55 ans.

Et voilà !

Cela dit, si vous souhaitez aller un peu plus loin et mieux comprendre d’où viennent ces informations, je vous invite chaleureusement à lire la suite 🙂

♻️ Dernière mise à jour : septembre 2023.
👩‍⚖️ Déclaration de liens d’intérêts financiers : aucun en lien direct avec le sujet. Ma déclaration de liens d’intérêt complète est en mentions légales.

Qu’est-ce qu’une tendinite de l’épaule ?

Tendinite, tendinose, tendinopathie de l’épaule : petit point de vocabulaire

Dans le milieu médical et scientifique, on pourra utiliser les mots :

  • tendinite : quand on suppose un problème de tendon de nature inflammatoire ;
  • tendinose : dans le cas contraire (on suppose un problème de tendon autre qu’inflammatoire) ;
  • tendinopathies : pour regrouper tous les types de problèmes de tendon, y compris les tendinites et les tendinoses.

Attention : le mot important ici est le mot « suppose ». Comme expliqué un peu plus bas, personne à ce jour ne sait vraiment ce qui se passe dans une épaule douloureuse standard.

Voilà pourquoi, en forçant le trait, on pourrait dire qu’affirmer :

  • « vous avez une tendinite à l’épaule » revient à dire :
  • « vous avez une douleur à l’épaule difficile à comprendre. » (!)

Par souci de simplicité et parce que le mot « tendinite » est très utilisé, j’ai fait le choix dans cet article de garder l’expression « tendinite de l’épaule ». Même si, comme nous allons le voir, certains spécialistes des douleurs d’épaule ne voient pas ça d’un très bon œil !

À retenir : on parle de tendinite de l’épaule quand on pense qu’une douleur d’épaule est causée par l’état inflammatoire d’un tendon de l’épaule. Problème : c’est loin d’être sûr que ce soit le cas ! Et cela, même si une IRM ou une échographie en donne l’impression.

L’IRM et l’échographie : pas clair que ce soit utile

Il n’est pas clair que l’IRM ou l’échographie est un réel intérêt pour savoir ce qui se passe dans une épaule douloureuse. Choquant n’est-ce pas ?

En effet, en général, la plupart des personnes raisonnent de la manière suivante :

  1. si j’ai mal à l’épaule, c’est qu’il y a quelque chose à l’intérieur qui fait mal ;
  2. si on arrive à voir ce que c’est, ça pourra aider à guider le choix du traitement ;
  3. avec une IRM ou une échographie, on va pouvoir voir ce qui se passe ;
  4. il me faut une IRM ou une échographie.

Maintenant, quel serait votre raisonnement si vous appreniez ceci :

Bon nombre de personnes qui n’ont pas de douleurs à l’épaule ont des anomalies anatomiques visibles avec une IRM ou une échographie (comme un tendon d’aspect inflammatoire, par exemple).

Si ceci est vrai, alors cela signifie que l’IRM ou l’échographie ne sont pas fiables pour déterminer la source de votre douleur. Pour être 100 % fiable pour cet objectif, une technique d’imagerie devrait par exemple :

  • montrer un tendon d’aspect inflammatoire quand les gens ont mal ;
  • ne jamais montrer un tendon inflammatoire quand les gens n’ont pas mal.

Or, dans certaines études on a pu retrouver des anomalies anatomiques chez presque 100 % des personnes n’ayant aucune douleur d’épaule. Et parmi elles, près de 4 sur 10 présentaient des tendons d’aspect inflammatoire (Girish, 2011 ; Lewis, 2016).

tendinite épaule temps de guérison échographie
Échographie d’une épaule : pas vraiment fiable pour identifier la source de la douleur pour une tendinite. Source image : Seo 2015

Quand certains voudraient interdire l’expression « tendinite de l’épaule » !

Dans le milieu médical et scientifique, on classe les tendinites d’épaule avec d’autres problèmes dans un gros paquet plus général : les douleurs d’épaules en lien avec la coiffe des rotateurs. (La coiffe des rotateurs est un ensemble de muscles profonds de l’épaule.) Dans ce paquet, on a :

  • les tendinites ou tendinoses de la coiffe des rotateurs (nos fameuses tendinites de l’épaule) ;
  • les syndromes du conflit sous-acromial ;
  • les douleurs qu’on suspecte être en lien avec une rupture partielle ou totale de la coiffe des rotateurs.

Pour chaque sous-groupe, y compris les tendinites, on n’est vraiment pas sûr de ce qui cause la douleur à l’intérieur. Pour chacun de ces sous-groupes, on a des suppositions, mais en aucun cas des certitudes.

Voici pourquoi les chercheurs regroupent et étudient pour l’instant tout ensemble, comme s’il s’agissait d’un même problème. C’est aussi la raison pour laquelle ces chercheurs encouragent les professionnels de santé à éviter de parler de « tendinite » avec un patient (Lewis, 2022).

Face à une personne souffrant de douleur d’épaule, les spécialistes de la question recommandent de parler uniquement de… Douleurs d’épaule (en lien avec la coiffe des rotateurs). Ceci étant dit, je continue néanmoins à utiliser le mot « tendinite » dans la suite de cet article :

  • par souci de simplicité ;
  • parce que le mot « tendinite » est d’usage très courant ;
  • et parce que j’insiste lourdement sur sa fonction purement hypothétique.

Vous pouvez toutefois sans problème lui substituer l’expression « douleur d’épaule mal comprise ».

À retenir : les spécialistes mondiaux des douleurs d’épaule pensent qu’il faut éviter de dire à quelqu’un qui a mal à l’épaule qu’il a une tendinite de l’épaule. La raison ? On n’est même pas sûr que ça existe vraiment !

Que sait-on vraiment sur les tendinites d’épaules ?

En 2023, les spécialistes cherchent encore… Autrement dit, on n’est pas bien sûr de savoir ce qu’est une tendinite de l’épaule aujourd’hui (Lo, 2022 ; Lo, 2023).

En principe, on sait qu’une tendinite, c’est une inflammation d’un tendon (ou plus précisément, d’une partie d’un tendon). Mais en pratique, on ne sait pas :

  • si parmi les personnes qui ont des douleurs d’épaule, toutes ont des problèmes de tendons inflammatoires ;
  • si parmi les personnes qui ont des douleurs d’épaule ET un problème de tendon inflammatoire :
    • si c’est vraiment parce que ce tendon est inflammatoire que ça fait mal ;
    • en admettant le point précédent, si c’est vraiment l’unique raison pour laquelle ça fait mal, ou bien alors s’il y a d’autres explications.

Pour ces raisons, affirmer « c’est une tendinite » face à une douleur d’épaule est très spéculatif en l’état de nos connaissances.

Par ailleurs, on n’est pas sûr qu’une douleur d’épaule à ces débuts s’explique de la même façon qu’une douleur d’épaule présente depuis plusieurs mois. On a toutefois quelques idées, que je vous présente dans les deux parties suivantes.

Les tendinites d’épaules d’apparition récente

La littérature scientifique est claire sur le sujet : presque toutes les informations dont nous disposons à ce jour concernent les tendinites d’épaule chroniques. C’est-à-dire celles qui sont présentes depuis déjà un moment.

Voilà pourquoi si vous avez une douleur d’épaule :

  • toute fraîche ;
  • qui ne vient pas d’une situation spécifique comme :
    • une fracture ;
    • une lésion cartilagineuse (fissure du labrum)
    • une lésion neurologique ;
    • une lésion ligamentaire faisant suite par exemple à une luxation de l’épaule ;
    • une affection rhumatismale connue ;
    • une chirurgie récente ;
    • une capsulite rétractile ;
  • et s’il est possible d’identifier que vous avez récemment sursollicité votre épaule,

alors nous ne disposons pas d’informations scientifiques directes pour expliquer ce qui peut créer la douleur.

On peut toutefois faire deux suppositions raisonnables :

  1. de par la manière dont vous avez utilisé votre épaule, vous avez sans doute abîmé ou perturbé quelque chose. « Abîmé » ou « perturbé » devant être compris dans un sens vague, sans précision sur le quoi et le comment (ce pourrait ne pas être un problème de tendon).
  2. Comme vous avez abîmé ou perturbé quelque chose, il va falloir un certain temps pour :
  • que ce qui a été abîmé cicatrise ;
  • ou que ce qui a été perturbé rentre dans l’ordre.

Bien que ces suppositions soient assez floues, elles peuvent suffire à comprendre qu’à un moment donné, il va falloir du repos (relatif) ! J’y reviens plus tard dans cet article.

Les tendinites d’épaule présentes depuis plusieurs mois

Nos connaissances scientifiques les plus récentes pointent vers l’explication suivante : les tendinites d’épaule présentent depuis plus de 3 mois seraient le fruit d’un état inflammatoire multilocalisé persistant.

Des indicateurs biologiques de cet état inflammatoire ont été retrouvés :

  • dans certains tendons de l’épaule (il y a donc bien en quelque sorte « tendinite », mais pas uniquement !) ;
  • dans la bourse séreuse sous-acromiale (un élément anatomique constitutif de l’épaule) ;
  • dans l’articulation gléno-humérale (la principale articulation de l’épaule) ;
  • dans le sang (ou plus précisément, dans le sérum, une partie du sang).
tendinite épaule temps de guérison radio
Image radio d’une épaule droite vue de face. L’articulation gléno-humérale se fait entre la boule à gauche (la tête de l’humérus) et l’omoplate à droite (on a l’impression d’une bouche de poisson tentant de manger la boule). Source image : Helleroff CC – By SA

Il convient toutefois d’insister sur le fait qu’à ce jour :

  • cette explication nécessite d’être encore largement étudiée scientifiquement pour lui faire vraiment confiance ;
  • nous n’avons pas vraiment d’idée de comment cet état inflammatoire se mettrait en place, ni de pourquoi il persisterait.

Sources : Lo, 2022 ; Lo, 2023

Quel est le temps de guérison d’une tendinite de l’épaule ?

Je commence par une réponse générale pour tous les types de tendinite d’épaule. Je m’attarde ensuite sur les tendinites de survenue récente.

Réponse générale

À noter que seul le second point s’appuie directement sur la littérature scientifique. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il existe des études spécifiques ayant tâché d’évaluer le temps de guérison des tendinites de plus de 3 mois Ce n’est pas le cas des tendinites de survenue plus récente.

Certains d’entre vous se demanderont alors peut-être : comment peut-on affirmer qu’une tendinite de survenue récente va durer entre 45 jours et 3 mois en l’absence d’études spécifiques sur la question ? Un autre questionnement possible, parfaitement légitime, est : pourquoi ce seuil de 55 ans ?

Je réponds à ces deux questions dans les deux sous-parties suivantes.

Comment estimer la durée d’une tendinite d’épaule récente ?

À ce jour, personne ne sait vraiment ce que peut bien être une tendinite d’épaule qui vient juste d’apparaître. Personne ne sait vraiment pourquoi ça fait mal. Appeler ça une « tendinite » est d’ailleurs abusif, puisque qu’il n’est absolument pas certain qu’il y ait un problème de tendon.

Comment, dans ces circonstances, peut-on bien avoir une idée du temps que cette soi-disant tendinite va durer ? Voyons d’abord la théorie, puis la pratique.

En théorie

Idéalement, pour connaître le temps de guérison d’une tendinite d’épaule récente, il s’agirait de suivre un groupe de personnes :

  • souffrant d’une douleur d’épaule récente survenue dans un contexte où cette épaule a été utilisée de manière intensive ;
  • pour lesquelles on aura préalablement écarté une cause spécifique connue et nécessitant potentiellement une prise en charge adaptée (pour ce faire, le recours à un professionnel bien formé est fortement conseillé).

On suivra alors ce groupe de personnes jusqu’à ce que la douleur disparaisse, et on calculera le délai moyen de disparition. Problème : à ma connaissance, ce type d’étude n’existe pas pour ce type de douleur. Comment en faire alors en pratique pour se donner une idée ?

En pratique

À mon avis, il est possible de faire une estimation raisonnable du temps de guérison d’une tendinite d’épaule de survenue récente. Cette estimation s’appuie sur le raisonnement suivant :

  1. bien qu’on ne sache pas exactement pourquoi ça fait mal, on peut supposer que quelque chose a été abîmé ou perturbé. Il y a eu une sorte de lésion, de perturbation, peu importe sa nature. L’épaule a été trop sollicitée.
  2. Dans le cas d’une bonne lésion ligamentaire, on peut avoir à compter jusqu’entre 45 jours et 3 mois de cicatrisation (hors rupture complète qui peut nécessiter une chirurgie). Ainsi, on peut supposer au pire qu’une douleur associée à ce genre de lésion peut durer jusqu’à bien 3 mois.
  3. Donc au pire des cas :
  • si on imagine que votre douleur d’épaule soit liée à une lésion similaire à une bonne lésion ligamentaire,
  • on obtient une durée de guérison de 45 jours à 3 mois.

Bien sûr, ce raisonnement s’appuie sur un paquet de suppositions et d’incertitudes qu’il convient d’expliciter :

  • absolument rien ne dit qu’une douleur d’épaule de survenue récente vienne d’une lésion ligamentaire ;
  • les connaissances qu’on a sur les délais de cicatrisation des ligaments concernent les ligaments de la cheville (Hubbard-Turner, 2008). Il n’est pas sûr qu’il en soit de même pour l’épaule.
  • Il est incertain, quand un ligament est abîmé, que la douleur soit tout le temps liée à l’état de cicatrisation du ligament concerné. Il se pourrait que la douleur cède ou persiste à un moment, indépendamment de cet état de cicatrisation.

En tout cas, en pratique, compter sur 45 jours à 3 mois donne un ordre d’idées raisonnable en l’absence d’études sur le sujet. À partir de là, ne reste plus qu’à vous souhaiter que ce soit moins !

Pourquoi avoir moins de 55 ans favoriserait une guérison plus rapide ?

Il existe des preuves qu’avoir plus de 55 ans (en moyenne) augmenterait le risque qu’une tendinite de l’épaule devienne chronique (Struyf, 2016). Autrement dit, avoir moins de 55 ans favoriserait une guérison plus rapide.

Ceci est à mon avis plausible dans la mesure où :

  • toutes les données scientifiques disponibles à ce jour sur les tendinites de l’épaule concernent des personnes qui ont globalement plus de 40 ans. Une raison possible à cette situation est que les personnes qui ont moins de 40 ans :
    • soit sont beaucoup moins à risque de développer une tendinite de l’épaule ;
    • soit guérissent beaucoup plus vite, ce qui diminue leur risque de se trouver un jour sujet d’une étude scientifique sur les tendinites !
    • Les deux points précédents combinés.
  • De manière générale, en vieillissant, le corps a malheureusement de plus en plus de mal à réparer tout type de dommage.

Quelles causes possibles pour une tendinite de l’épaule qui dure ?

La dernière synthèse de la littérature scientifique à ce sujet suggère :

  • que les tendinites d’épaules persistantes depuis plus de 3 mois pourrait être causées par un état inflammatoire multilocalisé ;
  • que des indicateurs biologiques de cet état inflammatoire ont été détectés :
    • dans certains tendons de l’épaule ;
    • dans la bourse séreuse sous-acromiale (un élément anatomique de l’épaule) ;
    • dans l’articulation gléno-humérale (l’articulation entre l’omoplate et l’humérus) ;
    • dans le sérum du sang.
Une vue schématique de certains éléments anatomiques de l’épaule (noms des pièces anatomiques en anglais). On peut y voir 3 des 4 localisations d’un possible état inflammatoire : tendon supraépineux (tendon of supraspinatus muscle) ; bourse synoviale sous-acromiale (subacromial bursa) ; intérieur de l’articulation gléno-humérale (glenoid cavity).
Source image : OpenStax College CC – By SA

Cependant, il faut noter que cette explication requiert d’être encore étudiée plus à fond pour en être vraiment sûr. À noter aussi que nous ne savons pas vraiment à ce jour comment cet état inflammatoire s’installerait, ni pourquoi il subsisterait dans le temps.

Sources : Lo, 2022 ; Lo, 2023

Comment réduire le temps de guérison d’une tendinite de l’épaule ?

Est-ce vraiment une bonne idée de vouloir guérir vite ?

Pour les tendinites d’épaule récentes, vouloir guérir vite n’est pas forcément une bonne idée. En effet, sur le court terme, la douleur a une authentique fonction d’alarme : elle est là pour vous signaler qu’il faut songer à calmer le jeu.

Notre corps ne peut pas encaisser toutes les contraintes physiques possibles et imaginables. Si certains sont plus solides que d’autres, nous avons tous nos propres limites. Votre tendinite d’épaule vous indique que vous en avez trop fait par rapport à ce que votre anatomie est capable de supporter.

La solution dans ces circonstances : laisser à votre épaule le temps de se reposer (relativement bien sûr, j’y reviens un peu plus bas). Dans le pire des cas, il faudra compter entre 45 jours et 3 mois pour que les choses reviennent dans l’ordre.

Remarque : j’ai toutefois bien conscience que selon les activités professionnelles des uns et des autres, se reposer n’est malheureusement pas toujours possible…

Quand bien vivre et maîtriser sa douleur devient l’enjeu principal

Pour les tendinites d’épaule de plus de 3 mois, il est fréquent de devoir compter sur au moins 6 mois de plus pour voir des améliorations. Et j’ai bien écrit « au moins » 6 mois de plus, car :

  • ça peut malheureusement être bien plus long ;
  • pour beaucoup, « améliorations » n’est pas forcément synonyme de « guérison ».

Dans ces conditions, de fait, les gens apprennent à vivre avec et à maîtriser leur douleur. Tout l’enjeu à partir de là est de savoir :

  • s’il est possible de faire ça plus ou moins bien (à mon avis, cela paraît raisonnable de le penser) ;
  • quelles sont les bonnes pratiques en la matière.

Garder une épaule aussi active que possible : la clé dans tous les cas

La littérature scientifique la plus récente est claire : il n’existe aucune méthode miracle pour guérir les tendinites d’épaule. « Guérir » doit être compris ici au sens de supprimer définitivement. De telle sorte à ce qu’on puisse revenir à n’importe quelle activité physiquement exigeante.

Toutefois, cette même littérature suggère aussi que garder une épaule aussi active que possible est la meilleure façon :

  • de limiter le risque qu’une tendinite d’épaule récente devienne chronique ;
  • de contrôler au mieux la douleur et ses conséquences dans le cas des tendinites d’épaules de plus de 3 mois (Franco, 2019).

À ce stade, le lecteur attentif aura peut-être noté ici une contradiction avec la première sous-section de cette partie. Pour les tendinites récentes, comment garder une épaule aussi active que possible quand en même temps la douleur indique qu’il faut se reposer ?

C’est effectivement un challenge. C’est typiquement le genre de challenge que peut vous aider à relever un professionnel bien formé. Et c’est aussi le challenge qui pourrait faire l’objet d’un article à part entière ! 🙂

Réviser ses exigences d’activités : une solution indirecte au problème

Imaginez. Vous pratiquez le lancer du javelot depuis plusieurs années. Un jour, vous déclenchez une douleur à l’épaule suite à un entraînement. Cette douleur reste pendant quelques jours, vous gênant même pour dormir.

Quelques semaines plus tard, vous ne ressentez plus aucune douleur. Vous avez repris le cours normal de votre vie, à l’exception de la pratique du javelot. Vous avez remplacé ce temps d’activité par du badminton, qui ne vous occasionne pour l’instant pas de douleur.

Peut-on dire que vous êtes guéri ?

En un sens, oui, vous n’avez plus mal pour aucune de vos activités de la vie courante. Dans un autre, il se pourrait que la douleur soit toujours là si vous repreniez le javelot. Peut-être même avez-vous déjà réessayé mais sans succès ? En ce cas, on pourrait tout aussi bien dire que vous n’êtes pas guéri.

Que nous apprend cette petite expérience de pensée ?

Elle nous apprend que se considérer guéri ou non de certaines douleurs dépend directement des exigences que l’on a vis-à-vis de son corps :

  • vous aspirez à lui faire faire des choses difficiles : vous prenez le risque d’avoir mal partout, tout le temps ;
  • vous acceptez d’adapter vos activités en fonction de votre âge, de votre consitution, de vos forces et de vos faiblesses : tout va beaucoup mieux !

Vous avez mal à l’épaule uniquement quand vous lancer un javelot ? Au bout de deux heures de pratique de l’accordéon ? Quand vous souhaitez nager 400m crawl en moins de 6 minutes ?

Et si vous troquiez le javelot contre le badminton ? Et si vous vous contentiez de jouer de l’accordéon pendant seulement 1h30 ? Et si vous acceptiez de nager votre 400m un peu moins rapidement ?

Oui, je sais que les choses ne sont pas toujours aussi simples. Mais parfois, elles le sont ! En tout cas, décider si remplacer ou modifier une activité est simple ou non est l’affaire de chacun.

En résumé :

  • Vouloir réduire le temps de guérison d’une tendinite d’épaule récente n’est pas forcément une bonne idée. Sur le court terme, la douleur incite au repos nécessaire à la guérison naturelle. (Quand le repos est possible bien sûr. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas.)
  • Pour les tendinites de + de 3 mois, l’enjeu est bien plus de vivre avec et de maîtriser sa douleur que d’espérer trouver une solution miracle.
  • Dans les deux cas de figure, la recherche scientifique indique qu’on met toutes les chances de son côté en gardant une épaule aussi active que possible. (Et en restant globalement aussi actif que possible en général !)
  • En un sens, il est possible de réduire drastiquement la durée d’une tendinite d’épaule en révisant ses exigences d’activités.

Que dit vraiment la science sur la durée des tendinites d’épaule ?

La science ne dit rien directement pour l’écrasante majorité des cas de tendinite d’épaule ! Comment est-ce possible ?

C’est possible pour deux raisons :

  1. 50 à 80 % des gens ne consultent pas pour ce type de problème, et ne sont donc pas étudiés. En effet, toutes les études scientifiques portent sur les gens qui ont consulté un professionnel de santé pour leur tendinite (Zohreh, 2023).
  2. Toutes les études portent essentiellement sur des personnes :
  • qui ont plus de 40 ans ;
  • qui ont des douleurs depuis plus de 3 mois.

On a donc aucune information directe sur les moins de 40 ans et les tendinites d’apparition récente.

Ceci étant dit, puisse ces éléments vous aider à mieux jauger de la confiance à accorder aux informations contenues dans cet article.

tendinite épaule temps de guérison

Si vous avez des questions, des remarques des expériences à partager, n’hésitez pas, rendez-vous dans les commentaires ! 🙂

📬

Cet article vous a plu ? Vous pouvez vous abonner pour être informé des nouveaux articles :

Ces articles pourraient également vous intéresser :

📚 SOURCES

Lewis J, McCreesh K, Roy JS, Ginn K. Rotator Cuff Tendinopathy: Navigating the Diagnosis-Management Conundrum. J Orthop Sports Phys Ther. 2015 Nov;45(11):923-37. doi: 10.2519/jospt.2015.5941. Epub 2015 Sep 21. PMID: 26390274.

Lewis J. Rotator cuff related shoulder pain: Assessment, management and uncertainties. Man Ther. 2016 Jun;23:57-68. doi: 10.1016/j.math.2016.03.009. Epub 2016 Mar 26. PMID: 27083390

Lo, C. N., van Griensven, H., & Lewis, J. (2022). Rotator Cuff Related Shoulder Pain: An Update of Potential Pathoaetiological Factors. New Zealand Journal of Physiotherapy, 50(2). DOI: 10.15619/NZJP/50.2.05

Lo CN, Leung BPL, Sanders G, Li MWM, Ngai SPC. The major pain source of rotator cuff-related shoulder pain: A narrative review on current evidence. Musculoskeletal Care. 2023 Jun;21(2):285-293. doi: 10.1002/msc.1719. Epub 2022 Nov 30. PMID: 37316968.

Girish G, Lobo LG, Jacobson JA, Morag Y, Miller B, Jamadar DA. Ultrasound of the shoulder: asymptomatic findings in men. AJR Am J Roentgenol. 2011 Oct;197(4):W713-9. doi: 10.2214/AJR.11.6971. PMID: 21940544.

Zohreh Jafarian Tangrood, Angela Spontelli Gisselman, Gisela Sole & Daniel Cury Ribeiro (2023) Clinical course of pain and function in subacromial shoulder pain: a systematic review with meta-analysis, Physical Therapy Reviews, DOI: 10.1080/10833196.2023.2192620

Hubbard-Turner, Tricia & Hicks-Little, Charlie. (2008). Ankle Ligament Healing After an Acute Ankle Sprain: An Evidence-Based Approach. Journal of athletic training. 43. 523-9. doi: 10.4085/1062-6050-43.5.523.

Struyf F, Geraets J, Noten S, Meeus M, Nijs J. A Multivariable Prediction Model for the Chronification of Non-traumatic Shoulder Pain: A Systematic Review. Pain Physician. 2016 Feb;19(2):1-10. PMID: 26815244.

Franco ESB, Puga MEDS, Imoto AM, Almeida J, Mata VD, Peccin S. What do Cochrane Systematic Reviews say about conservative and surgical therapeutic interventions for treating rotator cuff disease? Synthesis of evidence. Sao Paulo Med J. 2019 Nov-Dec;137(6):543-549. doi: 10.1590/1516-3180.2019.0275160919. PMID: 32159641; PMCID: PMC9754280.

van der Heijden GJ. Shoulder disorders: a state-of-the-art review. Baillieres Best Pract Res Clin Rheumatol. 1999 Jun;13(2):287-309. doi: 10.1053/berh.1999.0021. PMID: 10952865.

Powell JK, Lewis JS. Rotator Cuff-Related Shoulder Pain: Is It Time to Reframe the Advice, “You Need to Strengthen Your Shoulder”? J Orthop Sports Phys Ther. 2021 Apr;51(4):156-158. doi: 10.2519/jospt.2021.10199. PMID: 33789431.

Siivola, Sari M. MD, MSc*; Levoska, Sinikka MD, PhD†; Latvala, Kirsi MD‡; Hoskio, Erika MD§; Vanharanta, Heikki MD, PhD∥; Keinänen-Kiukaanniemi, Sirkka MD, PhD*. Predictive Factors for Neck and Shoulder Pain: A Longitudinal Study in Young Adults. Spine 29(15):p 1662-1669, August 1, 2004. | DOI: 10.1097/01.BRS.0000133644.29390.43

Almalki MA, Alzahrani MT, Aljulaihim AA, Aseeri AM, Alshehri MA, Abuhaimed MK, Masuadi E. Prevalence of shoulder pain and disability in young Saudi bodybuilders, Riyadh, Saudi Arabia. Saudi J Sports Med 2022;22:38-43

Rees JD, Stride M, Scott A. Tendons–time to revisit inflammation. Br J Sports Med. 2014 Nov;48(21):1553-7. doi: 10.1136/bjsports-2012-091957. Epub 2013 Mar 9. PMID: 23476034; PMCID: PMC4215290.

Djade CD, Porgo TV, Zomahoun HTV, Perrault-Sullivan G, Dionne CE. Incidence of shoulder pain in 40 years old and over and associated factors: A systematic review. Eur J Pain. 2020 Jan;24(1):39-50. doi: 10.1002/ejp.1482. Epub 2019 Oct 13. PMID: 31514243.

Lucas J, van Doorn P, Hegedus E, Lewis J, van der Windt D. A systematic review of the global prevalence and incidence of shoulder pain. BMC Musculoskelet Disord. 2022 Dec 8;23(1):1073. doi: 10.1186/s12891-022-05973-8. PMID: 36476476; PMCID: PMC9730650.

Véronique Lowry, François Desmeules, Diana Zidarov et al. “Please listen to me, I want to know what is wrong with my shoulder”: A qualitative study exploring patients’ expectations and experiences with primary care management., 28 March 2023, PREPRINT (Version 1) available at Research Square [https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-2635957/v1]

Oscar Dorrestijn and others, Patients with shoulder complaints in general practice: consumption of medical care, Rheumatology, Volume 50, Issue 2, February 2011, Pages 389–395, https://doi.org/10.1093/rheumatology/keq333

Masters S, O’Doherty L, Mitchell GK, Yelland M. Acute shoulder pain in primary care – an observational study. Aust Fam Physician. 2007 Jun;36(6):473-6. PMID: 17565409.

Thomopoulos S, Parks WC, Rifkin DB, Derwin KA. Mechanisms of tendon injury and repair. J Orthop Res. 2015 Jun;33(6):832-9. doi: 10.1002/jor.22806. Epub 2015 Mar 2. PMID: 25641114; PMCID: PMC4418182.


Photo d'Albin Guillaud, kinésithérapeute

Rédigé par Albin Guillaud

Kiné et docteur en santé publique, j’ai à cœur de répondre au mieux possible à vos questions. Pour cela, je plonge volontiers au plus profond des abysses de la littérature scientifique internationale.

Entre deux immersions, j’aime arpenter les belles montagnes savoisiennes qui m’hébergent ! 🌞❄️

Tous mes articles

Publié par Albin Guillaud

Kiné et docteur en santé publique, j’ai à cœur de mettre mes compétences et mon expertise au service du plus grand nombre. Problème : j’avais un peu la flemme ; heureusement que Nelly a été là pour y remédier 🙂 La gestion de la douleur, qu’elle soit passagère ou durable, constitue une de mes thématiques de prédilection.

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :