Peut on marcher avec une fracture du col du fémur ? Vous vous posez très probablement cette question si vous venez d’avoir le fémur cassé (ou si l’un(e) de vos patient(e)s ou de vos proches est dans cette situation). Ou peut-être vous que vous êtes “simplement” tombé, que vous allez mal à la hanche, mais que vous pouvez quand même marcher. Et vous vous demandez justement si le fait de pouvoir marcher est un signe que le fémur n’est pas cassé…
Je vais répondre à toutes ces questions que vous vous posez. Je suis kiné, et je prends en charge presque tous les jours depuis 10 ans des personnes pour leur rééducation après une fracture du col du fémur !
Pour répondre à ces questions, je m’appuierai donc :
- sur mon expérience de kiné ;
- sur mes recherches et lectures approfondies dans la littérature médicale internationale (toutes les références en fin d’article).
Après avoir lu cet article, vous avez encore des questions ? Un retour d’expérience ? Vous pourrez les laisser en commentaire 🙂.
♻️ Dernière mise à jour : mai 2023.
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Sommaire
- Petit rappel sur les fractures du col du fémur
- Qu’est-ce qu’on entend par “marcher” après une fracture du col du fémur ?
- Les différents types de marche autorisés ou non après une fracture du col du fémur
- Comment savoir si on peut marcher ou non, et comment ?
- À partir de quand est-on sûr de pouvoir reprendre la marche comme avant ?
- Peut-on avoir une fracture du col du fémur et arriver quand même à marcher ?
Petit rappel sur les fractures du col du fémur
La fracture du fémur survient le plus fréquemment à la suite d’une chute de sa hauteur, surtout chez les personnes âgées. Chez les plus jeunes, elle survient souvent lors d’un accident de la voie publique ou en pratiquant un sport.
Le fémur peut se casser à plusieurs endroits. Mais le plus souvent, il se casse au niveau de son col, en haut, au niveau de la hanche.
C’est pour cela qu’on parle de fracture du col du fémur.

Le diagnostic est réalisé à l’aide du radiographie, après qu’un médecin vous ait examiné. La radio est ensuite souvent montrée à une(e) chirurgien(ne) orthopédique. Ce professionnel donnera son avis sur la prise en charge la plus adaptée en fonction :
- de la localisation précise de la fracture ;
- de l’état de santé de la personne, de son âge, de ses antécédents ;
- de ses habitudes.
Cela pourra être :
- le plus souvent, une opération chirurgicale, avec la pose d’un clou gamma, d’une prothèse totale ou intermédiaire de hanche ou un autre type de fixation (souvent des vis) ;
- un retour à domicile le jour même avec un rendez-vous de contrôle pour une consultation et une radio 6 semaines plus tard. Et éventuellement une ordonnance pour des séances de kinésithérapie ;
- une hospitalisation de quelques jours dans un service d’orthopédie et traumatologie ;
- un séjour en soin de suite et de réadaptation (centre de rééducation).

Normalement, à ce stade, les professionnels de santé qui vous ont pris en charge vous ont expliqué si vous avez le droit de marcher et comment... C’est ce qu’on va voir maintenant 🙂.
Qu’est-ce qu’on entend par “marcher” après une fracture du col du fémur ?
Mettons-nous tout de suite d’accord sur une chose : “marcher” veut dire se déplacer sur une ou plusieurs de ses jambes, qu’on utilise ou non une aide technique. On peut marcher même :
- sur un seul pied ;
- en boitant ;
- avec une attelle ;
- en appuyant sur un déambulateur ou des cannes béquilles ;
- entre des barres parallèles dans une salle de kinésithérapie.
Bref : il y a plein de façons différentes de marcher !
Après une fracture du col du fémur, dans l’immense majorité des cas (plus de 99 % selon mon expérience) les personnes pourront marcher le jour même ou les jours qui suivent. Simplement, leur façon de marcher sera différente selon les consignes qu’elles auront reçu !
Les différents types de marche autorisés ou non après une fracture du col du fémur
Dans les jours qui suivent une fracture du col du fémur, vous allez pouvoir marcher. Mais pas tout de suite comme avant : sans canne, sans boiterie. Vous allez devoir adapter votre façon de marcher, pour :
- éviter les douleurs ;
- compenser la perte de force musculaire liée à la fracture ou à l’opération ;
- dans certains cas, faciliter la consolidation osseuse.
Voici les 3 grands types de marche adoptés. Du plus fréquent ou moins fréquent. Nous verrons dans la partie d’après comment savoir si dans votre cas il faut plutôt “marcher” de telle ou telle façon.
- Vous marchez en posant vos 2 pieds par terre. Vous utilisez des cannes béquilles ou un déambulateur pour soulager un peu l’appui du côté fracturé. Vous appuyez cependant dessus, autant que vous voulez. Ce qui vous limite, c’est simplement votre éventuelle douleur. Au fil des jours, vous appuyez de moins en moins sur les béquilles ou le déambulateur. Jusqu’à ne plus les utiliser, progressivement. Généralement, au bout de 4 à 10 semaines. On parle d'”appui complet“, car vous appuyez autant que vous voulez sur la jambe fracturée.
- Vous marchez en posant vos 2 pieds par terre. Vous utilisez des cannes béquilles ou un déambulateur pour soulager beaucoup l’appui du côté fracturé. En fait, vous appuyez beaucoup sur les cannes ou le déambulateur. Vous posez à peine le pied par terre, et vous ne mettez pas tout le poids du corps dessus. C’est ce qu’on appelle un appui partiel, ou un appui contact. Généralement, c’est un(e) kiné qui va vous expliquer comment marcher de cette façon. Au bout de quelques minutes ou quelques jours, cela deviendra intuitif pour vous. En général, vous devrez marcher comme ça jusqu’à la radio de contrôle, 6 semaines après la fracture.
- Vous marchez sans poser du tout le pied fracturé par terre. Avec ou sans attelle. Vous pouvez tout de même marcher à cloche-pied avec des béquilles ou un déambulateur (ou cadre de marche), si vous êtes à l’aise. Vous marcherez ainsi, “sans appui”, jusqu’à la radio de contrôle, le plus souvent.
Qu’est-ce qui va faire que vous allez avoir le droit de marcher plutôt en appui contact ou en appui complet, ou sans appui ? C’est la stabilité de votre fracture (et pas la consolidation : personne ne consolide en quelques jours).
💡 Vous pouvez utiliser une balance pour voir si vous appuyez beaucoup ou non sur la jambe fracturée. Mettez le pied opéré sur une balance, l’autre pied sur une surface plane à la même hauteur que la balance (prenez de vieux livres ou des planches en bois solide pour être à la même hauteur). Si on vous autorise seulement l’appui contact, il faut en théorie mettre moins de 5-10 % de votre poids de corps. Disons, 10-20 kg maximum.

Voyons justement comment savoir si dans votre cas vous avez le droit à l’appui complet, contact/partiel ou si vous êtes “sans appui”.
Comment savoir si on peut marcher ou non, et comment ?
Les professionnels de santé que vous avez vus ne vous ont rien dit de particulier par rapport à la marche ? Ils ne vous ont à aucun moment “interdit” de poser le pied par terre, ou dit qu’il fallait “quasiment pas appuyer par terre” ?
Dans ce cas, la probabilité est extrêmement forte que vous avez le droit de marcher en appui complet : vous appuyez autant que vous voulez, seule la douleur vous limite. Pas besoin d’aller chercher “la petite bête plus loin”. Si vous avez un doute, vous pouvez éventuellement :
- regarder le compte-rendu opératoire (si vous avez été opéré) et tous les papiers que vous avez eu suite à votre prise en charge : compte-rendu de passage aux urgences ou d’hospitalisation, ordonnance pour les kinés/infirmier, courrier au médecin traitant, compte-rendu de radio. S’il n’y a rien marqué dessus par rapport à la marche, ou s’il y a écrit “appui total autorisé”, c’est que c’est bon, vous pouvez marcher “librement”. Seule la douleur doit vous guider ;
- téléphonez à votre médecin traitant ou au secrétariat du médecin qui vous a diagnostiqué la fracture pour demander des précision à ce sujet.
Vos professionnels vous ont au contraire “mis en garde” concernant la marche ? Ils vous ont parlé d’appui partiel, d’appui contact, ou de marche sans appui ? Respectez dans ce cas leurs consignes. Si cela vous semble trop difficile ou inadapté, discutez-en avec les kinés ou médecins qui vous suivent pour envisager des alternatives.
Si vous n’avez pas le droit d’appuyer beaucoup (voire pas du tout) sur la jambe opéré, cela sera marqué quelque part dans vos courriers de sortie. Quelque chose comme “marche interdite” (même si vous pouvez marcher “à cloche-pied”), “appui contact” ou “sans appui”.
À partir de quand est-on sûr de pouvoir reprendre la marche comme avant ?
Quelque soit le type de fracture et de prise en charge dont vous avez bénéficié, vous allez avoir une radio de contrôle à distance de la fracture. Le but de cette radio est de voir si la consolidation osseuse est en bonne voie. S’il y a eu une opération, elle permet aussi de vérifier que le matériel chirurgical n’a pas bougé.
Cette radio est souvent réalisée 1 mois et demi après la fracture. Des fois, 2 mois, voire 3 mois après.
En général, les résultats de cette radio sont bons : vous commencez à bien consolider. Dans ce cas, vous allez pouvoir :
- lâcher progressivement les cannes béquilles (ou le déambulateur) si vous les avez encore ;
- commencer progressivement à appuyer un peu plus au fil des jours ou des semaines, si vous étiez en appui contact ou en appui partiel.
Dans ce dernier cas, lors du rendez-vous de contrôle, le chirurgien va indiquer sur une ordonnance destinée au kinés comment devrait se passer la reprise d’appui progressive. Il va indiquer quelque chose comme :
- remise en charge progressive, +10 kg par semaine, ou + 10% du poids de corps par semaine ;
- remise en charge progressive en fonction de la douleur ;
- appui complet autorisé.
Votre kiné sera là pour vous aider à interpréter ces informations si ce n’est pas assez clair pour vous.
Au fil des semaines et des mois, vous allez ré-arriver à marcher normalement, sans boiter, sans aide technique !
Peut-on avoir une fracture du col du fémur et arriver quand même à marcher ?
Autre situation dans laquelle vous êtes peut-être : vous êtes tombé, vous avez très mal à la hanche. Mais vous arrivez quand même à marcher. Vous n’avez pas consulté pour passer une radio. Ou vous avez consulté, mais on ne vous a pas fait de radio, ou on vous en a fait une, mais vous avez peur qu’on soit passé à côté de quelque chose.
Et vous vous demandez : est-ce que, si je marche, ça veut forcément dire que je n’ai rien de cassé ? Clairement, non, ce n’est pas suffisant. J’ai plusieurs exemples de personnes qui ont réussi à marcher après s’être fracturé le fémur (souvent seulement pour appeler les secours).
La marche à suivre ?
Si vous avez déjà consulté un professionnel de santé, celui-ci a éliminé l’hypothèse d’une fracture. Vous devriez arriver progressivement à remarcher plus normalement. Attendez encore quelques jours, et reconsultez si vraiment il n’y a aucune amélioration.
Si vous n’avez pas consulté de professionnel de santé suite à votre chute ou accident, que les douleurs vous gênent pour marcher : mieux vaut sans doute prendre un avis médical pour être rassuré.
***
J’espère avoir répondu à la plupart de vos interrogations sur la marche après une fracture du col du fémur, opérée ou non ! Vous pouvez laisser vos questions restantes en commentaire si nécessaire, j’y répondrai ! Je vous souhaitez une bonne continuation 🙂.
Si vous ressentez le besoin d’en savoir plus sur la période de récupération après une fracture du col du fémur, j’ai conçu ce guide au format ebook :
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📚 SOURCES
Handoll HHG, Sherrington C, Mak JCS. Interventions for improving mobility after hip fracture surgery in adults. Cochrane Database of Systematic Reviews 2011, Issue 3. Art. No.: CD001704. DOI: 10.1002/14651858.CD001704.pub4.
Dyer SM, Crotty M, Fairhall N, et al. A critical review of the long-term disability outcomes following hip fracture. BMC Geriatr. 2016;16(1):158. Published 2016 Sep 2. doi:10.1186/s12877-016-0332-0
Verone et Maggi. Epidemiology and social costs of hip fracture. Injury. 2018 Volume 49, Issue 8, Pages 1458–1460

Rédigé par Nelly Darbois
J’aime écrire des articles qui répondent à vos questions. En me basant sur mon expérience de kiné & rédactrice scientifique, et sur des recherches approfondies dans la littérature scientifique internationale.
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