Que vous soyez kiné, futur(e) kiné ou patient(e), cet article vous est destiné si vous vous interrogez sur les différentes spécialités en kinésithérapie.
C’est quoi un(e) kiné spécialisé ? Quelle formation ? Quelles conséquences sur la façon de pratiquer ? Comment les trouver, et quelles sont les spécialités les plus fréquentes et demandées ?
Bonne lecture !
♻️ Dernière mise à jour : 18 février 2025.
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Rédigé par Nelly Darbois, kiné et rédatrice scientifique
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Sommaire
Rappel : tous les kinés ont le même socle commun en formation initiale
En France (comme dans tous les pays en Europe), la formation de kiné est toujours généraliste. Tous les kinés obtenant leur diplôme d’État ont exactement la même formation, sans option ou spécialités.
Certain(e)s suivent en parallèle des Master en plus leur conférant dès la fin des études une spécialisation. Mais ils auront également la même formation généraliste grâce à leur diplôme d’État.
Les écoles de kiné (IFMK, Institut de formation en masso-kinésithérapie) ne proposent pas de spécialisations, même une fois le diplôme en poche. Elles dispensent seulement la formation de base, généraliste.
Pour se spécialiser, des kinés se tournent donc ensuite vers des diplômes universités, des masters, des formatons continues ou d’autres types d’école. J’y reviendrai 🙂.
📝 À retenir : même si vous aspirez à pratiquer uniquement une spécialité en kiné (ex : kiné du sport), vous devrez suivre le cursus général en école de kinésithérapie pour avoir votre Diplôme d’État de kiné.
Les spécialités en kiné officielles en France selon le CNOMK
En France, le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK) est chargé par l’État d’encadrer la profession.
C’est lui qui détermine les spécialités officielles des kinés : un(e) kiné n’a pas le droit en théorie de se dire spécialisé dans quelque chose qui n’est pas listé par l’Ordre.
🚨 En pratique, les choses se passent souvent différemment. Vous trouverez de nombreux et nombreuses kinés qui indiquent sur leur plaque de cabinet ou leur carte de visite des spécialités « non officielles ».
La liste de ces spécialités définies par l’Ordre est volontairement non limitée : en gros, tout est possible tant que ça rentre dans le champ des compétences des kinés et que ça ne fait pas partie des spécialités « interdites » d’êtres listées.
Voici les spécialités suggérées par l’Ordre (l’Ordre appelle ça spécificités de structure et d’exercice) :
- balnéothérapie,
- isocinétisme,
- fauteuil rotatoire,
- cryothérapie,
- ondes de choc radiales,
- pressothérapie,
- rééducation respiratoire,
- rééducation des troubles trophiques, vasculaires et lymphatiques,
- rééducation périnéo-sphinctérienne ou périnéologie.
🚨 Les seules spécialités dont n’ont pas le droit de se revendiquer les kinés :
- des noms de créateurs de méthode. Par exemple, fasciathérapie méthode Danis Bois, méthode McKenzie, concept Maitland ;
- des marques commerciales. Par exemple, LPG Endermologie Cellu M6, etc.
📝 À retenir : en tant que kiné on peut se dire spécialisé en ce qu’on veut tant que ça rentre dans notre champ de compétence et qu’on ne cite pas de marque ou de nom de fondateur ou fondatrice de méthode.
Source : site du Cnomk

Les spécialités les plus sollicitées par les patient(e)s
Grâce à quelques outils que j’utilise au quotidien, il est possible de savoir quelles sont les spécialités en kiné les plus recherchées par les internautes (dans Google).
Il n’est pas possible de savoir cependant si ces spécialités sont cherchées par des kinés ou des patient(e)s.
Comme il y a beaucoup plus de patient(e)s que de kiné en France, il est raisonnable de penser qu’une partie significative des ces termes sont cherchés aussi par des patient(e)s.
Les voici ! Vous verrez que ça mélange souvent la spécialité liée au modalités d’exercice VS les pathologies plus vues :
- kiné vestibulaire : kiné intervenant pour les vertiges paroxystiques positionnels bénins et d’autres problèmes vestibulaires ;
- kiné à domicile : kiné qui se déplace chez vous ;
- kiné respiratoire : pour les bronchiolites des bébés, la BPCO et d’autres maladies pulmonaires ;
- kiné pédiatrique : rééducation des bébés, enfants et adolescent(e)s ;
- kiné du sport : suivi des sportifs et sportives amateur ou professionnel en cabinet ou en club ;
- kiné urologique : rééducation des problèmes d’incontenience urinaire ou fécale. On parle aussi de rééducation périnéale, urodynamique ou sphinctérienne, pelvi-périnéologie ;
- kiné maxillo facial : problèmes touchant le visage, la déglutition.
- kiné neurologique ;
- kiné drainage lymphatique, kiné pour massage (et plus généralement tout ce qui touche au bien-être).
🚨 Bien que certains kinés se spécialisent dans ces branches et ne font plus que ça, beaucoup de kinés généralistes les pratiquent aussi ! Notamment les kinés de proximité, ce qui était mon cas.
D’autres spécialisations en kinésithérapie
J’ai listé les spécialisations les plus « mainstream ». Mais le champ des possibles est vaste, alors voici une liste d’autres spécialisations pour lesquelles je connais au moins un(e) kiné qui dédie plus de 50 % de son temps pro à cette spécialisation :
- kiné préventeur / préventrice : intervient en entreprise ou dans des institutions pour la prévention des troubles musculo-squelletique ou d’autres problématiques de santé comme l’activité physique. J’en parle plus longuement dans mon e-learning Vendre ses services de kiné aux entreprises ;
- kiné expert-judiciaire : Thierry Delapierre est l’un deux et avait relu l’article que j’ai consacré à ce sujet :
- kiné des musicien(ne)s : Xavier Mallamaci, qui a déjà écrit un article par ici ;
- rééducation de la main ;
- kiné gériatrique (personnes âgées, gérontologie) ;
- kiné en réanimation ;
- kiné en sénologie (cancer du sein) ;
- rééducation des grands brulés (brûlologie) ;
- kiné esthétique / bien-être, souvent en hors nomenclature / hors convention ;
- kinés ergonomes : amélioration des environnements de travail ou de vie pour les rendre plus confortables et performants pour les usagers ;
- kinés spécialisés dans l’épaule, la hanche, le genou, ou une autre articulation.
Je m’arrête là pour les spécialisations en kiné ; il en existe bien sûr une liste quasi infinie, l’idée étant de lister ici celles qui constituent une partie importante de l’activité de certain(e)s kinés.
Je n’ai pas cité l’ostéopathie, Mézières, Pilates, McKenzie, Sulligan, Maitland, Busquet, CGE, qui sont plus pour moi des techniques / approches différentes que des spécialisations.
Si vous-même vous êtes kiné et consacrez plus de 50 % de votre temps pro à une spécialité non citée ici, n’hésitez pas à témoigner en commentaire tout en bas de l’article, je mettrai à jour l’article en conséquence 🙂 !
Les avantages et les inconvénients à se spécialiser en kiné
Cela fait 12 ans que je suis kiné et j’ai toujours préféré avoir une pratique généraliste. Je liste ici les avantages et inconvénients que je vois à la spécialisation au niveau individuel (pour les kinés) : c’est un sujet dont on discute souvent entre kinés !
Du point de vue de la santé publique, il y a les partisans de la spécialisation, convaincus que cela fairait monter le niveau de la profession et donc la qualité des soins dispensés, par une meilleur allocation des ressources.
Et des partisans de la non spécialisation, craignant la moindre flexibilité professionnelle et la négligence d’une prise en charge globale.
Je vous ai mis quelques ressources académiques à ce sujet (on en parlait déjà dans les années 1980) en fin d’article si vous souhaitez creuser.
Il s’agit de choix politiques, c’est pour cela que je me focalise sur les avantages et inconvénients que je perçois au niveau individuel, pour chaque kiné.
✅ Avantages de la spécialisation en kiné
Stimulation intellectuelle, améliorer son raisonnement clinique (Yardley 2008)
Approfondir un sujet est souvent source de grande satisfaction intellectuelle.
Répondre à une demande des patient(e)s (Yardley 2008).
Les requêtes tapées dans Google l’illustre : les patient(e)s sont demandeurs et demandeuses de kinés qui ont l’habitude de voir leur pathologie, qui voient le plus possible cette pathologie.
Variété dans sa façon de pratiquer.
Au bout de quelques années comme kiné classique, on peut avoir l’impression d’avoir fait « le tour du métier ». Se spécialiser peut apporter un peu de variété bienvenue dans sa façon de pratiquer.
Personnellement j’ai ressenti cela mais j’ai choisi la diversification de mes activités plutôt que la spécialisation, en créant mon site web de kiné (sur lequel vous êtes !) et en devant rédactrice web et scientifique santé.
❌ Inconvénients de la spécialisation en kiné
Très peu valorisable financièrement.
Les kinés spécialisés ne sont pas forcément mieux payés (ni en salariat ni en libéral), alors que leurs formations ont pu parfois leur coûter de l’argent (coût de la formation + coût d’opportunité à ne pas travailler pendant la formation).
Difficulté à se spécialiser dans certains territoires.
Certaines pathologies comme celles relevant du maxillo-facial sont peu fréquentes. Si vous êtes kiné dans un endroit isolé avec peu d’habitant(e)s (ex : mon village familial au pied des monts d’Ardèche 🌄) vous aurez du mal à avoir un volume suffisant d’activité pour cette spécialité.
Quelle formation suivre pour se spécialiser ?
Même si vous faites kiné pour être « seulement » kiné du sport, vous devez obtenir votre diplôme d’état de kiné ou une équivalence pour exercer en France.
C’est seulement une fois le DE en poche que vous pourrez suivre des formations pour vous spécialiser. Il en existe énormément, voici un tableau qui récapitule les différentes options pour les kinés salariés comme libéraux :
| Type de formation | Durée |
|---|---|
| Diplômes universitaires (DU) et inter-universitaires (DIU) | 1 ou 2 ans à temps partiel, souvent en parallèle d’un boulot à temps plein |
| Master professionnel ou de recherche | Généralement 1 an, parfois cumulable en plus d’une d’activité libérale ou salariée |
| Thèse de doctorat, post-doc | 3 ans puis 2/3 ans |
| Formation continue DPC | 1 ou 2 jours, parfois quelques heures. Voir mon article qui recense les formations DPC en ligne pour les kinés |
| Formation continue FIF-PL | 1 ou 2 jours, parfois quelques heures. Voir mon article qui recense les formations FIF-PL en ligne pour les kinés |
| Formation CPF pour les kinés | De quelques heures à quelques mois |
| Formations « indépendantes » sous financement personnel ou autres modes de financement (CFP, Pôle-emploi, etc.) | Quelques mois à plusieurs années |
🚨 Le fait de suivre une ou plusieurs de ces formations ne permettra pas « directement » d’obtenir une patientèle plus spécialisée, ou de trouver un poste de kiné spécialisé.
Ce sera à vous ensuite d’être pro-actif ou pro-active pour mettre en place des choses (développement de patientèle, recherche d’un emploi) pour arriver à vous démarquer et faire connaître pour cette spécialité.
Différents modes de financement existent pour financer en partie ou totalement ces formations permettant de se spécialiser.
Certain(e)s kinés décident aussi de se former de manière moins académique, en se documentant par eux-même. C’était mon cas !
Les spécialités en kinésithérapie dans le reste du monde
On lit ou entend parfois que les physiothérapeutes (le nom des kinés dans la plupart des pays du monde) anglophones ou d’autres pays sont plus avancés dans la spécialisation. C’est quelque chose que je trouve difficile à objectiver.
À ma connaissance, la profession s’organise partout comme en France : un socle commun en formation initiale généraliste. Et des formations plus « spécialisées » facultatives dans un second temps une fois le diplôme en porche.
L’annuaire de l’Ordre des kinés pour lés kinés avec spécificités d’exercice
En 2025, l’Ordre des kinés a décidé de mettre en place un annuaire permettant d’identifier plus facilement par les patients les kinés spécialisés.
Il faut remplir en ligne un formulaire pour y être enregistré : ici.
Vous pourrez figurer dans cet annuaire pour une spécialité uniquement si :
- vous êtes titulaire d’un diplôme universitaire (DU, DIU, Licence, Master, Doctorat, H.D.R.) en rapport avec l’une des spécificités d’exercice reconnues par le Conseil national de l’ordre ;
- vous avez suivi une formation sur les spécificités en question auprès d’un organisme de formation continue sur 4 années maximum, d’au moins 80 heures.
Mon avis ?
1️⃣ Il est très peu probable que les patients comme les prescripteurs utilisent ce type d’annuaire : ils continueront à identifier leurs kinés par bouche à oreille ou à taper dans Google « kiné pédiatrique ville ».
Surtout que les « spécialités » recherchées par les patients (comme le fait d’utiliser le LPG cellu M6) ne font pas toutes parties des « spécificités » recensées par le CNOMK.
2️⃣ Je trouve très restricitif d’accorder la spécificité uniquement à condition d’avoir obtenu ce type de diplôme ou suivit 80 heures de formation homologuée dans les 4 dernières années.
Par exemple, une kiné qui a travaillé 20 ans dans un CAMSP en salariat et qui se lance en libéral aurait selon moi beaucoup plus de légitimité à se déclarer kiné pédiatrique qu’un diplômé d’un DU en kiné pédiatrique qui n’a aucune expérience avec des enfants.
Cependant, en tant que kiné, cela ne coûte rien de demander à être ajouté à l’annuaire si vous remplissez les critères. Mais il est selon moi inutile de se former « juste » ou principalement pour pouvoir rentrer dans l’annuaire !
***
Voilà pour ce que je voulais vous dire à ce sujet ! Des questions, remarques, infos complémentaires à partager ? Rendez-vous en commentaire !
Ces articles pourraient également vous intéresser :
- Comparatif des différentes formations en ligne pour les kinés
- Créer son site de kiné pour se spécialiser
- Intervenir comme kiné dans la prévention en entreprise
📚 SOURCES
Les spécialités « acceptées » par le Cnomk : ici
Société française de physiothérapie (SFP) : groupes d’intérêt ici
Études sur la spécialisation en kiné / les pratiques avancées (il y a des débats sur cette terminologie)
Budtz CR, Rønn-Smidt H, Thomsen JNL, Hansen RP, Christiansen DH. Primary Care Physical Therapists’ Experiences When Screening for Serious Pathologies Among Their Patients: A Qualitative Study. Phys Ther. 2022 May 5;102(5):pzac026. doi: 10.1093/ptj/pzac026. PMID: 35302642; PMCID: PMC9155951.
Magee DJ. Physiotherapy specialization in Canada: an update. Physiother Can. 1986 Mar-Apr;38(2):102-5. PMID: 10275978.
Tawiah AK, Desmeules F, Finucane L, Lewis J, Wieler M, Stokes E, Woodhouse LJ. Advanced practice in physiotherapy: a global survey. Physiotherapy. 2021 Dec;113:168-176. doi: 10.1016/j.physio.2021.01.001. Epub 2021 Feb 1. PMID: 34794584.
Yardley D, Gordon R, Freeburn R, So C, Beauchamp D, Landry MD, Switzer-McIntyre S, Evans C, Brooks D. Clinical specialists and advanced practitioners in physical therapy: a survey of physical therapists and employers of physical therapists in ontario, Canada. Physiother Can. 2008 Summer;60(3):224-38. doi: 10.3138/physio.60.3.224. Epub 2008 Oct 10. PMID: 20145755; PMCID: PMC2792780.

Rédigé par Nelly Darbois
J’ai exercé la profession de kinésithérapeute. J’ai créé Fonto Media en 2019 alors que j’étais encore kiné. Aujourd’hui, je continue à gérer Fonto Media tout en accompagnant les professionnels sur Wikipédia avec Wikiconsult.



Merci Nelly pour cet article 🙂
Il me semble que la spécialisation se fait aussi pour des raison personnelles au kiné: plus de liberté dans son organisation , la possibilité de facturer des soins hors nomenclature ou des dépassements; Réduire la pénibilité physique, etc
Salut Cécile, merci pour ton retour et ces compléments 🙂